Vicky Brown : « Je me bats pour les peuples BAKA, toujours marginalisés de nos jours »

Voyant la situation des peuples Baka (peuples minoritaire vivant dans les forêts), il n’a pas eu du mal à se trouver un registre digne des ses idéologies. Ainsi, défense des animaux-protection de l’environnement ou encore préservation de la nature et garantie des droits des peuples vivant en forêts sont désormais son menu. Et quoi d’autre que ses chansons pour véhiculer ses messages ; A cet effet, il vient à peine de mettre sur le marché son 2^ème album du genre, Les peuples de la forêt, le tout 1^er était La voix du peuple en 2006.

Vicky Brown, beaucoup regardent déjà tes clips à la télé mais ont certainement du mal à croire que tu es camerounais vu le registre très particulier de musique pour lequel tu as opté, peux-tu de façon brève te présenter à nos internautes ?

Merci culturebene.com, je n’aurais jamais imaginé qu’un jour vous me feriez le plaisir de m’interviewer…, c’est un honneur que vous me faites-là. Pour ceux qui auraient encore des doutes comme vous l’avez dit tantôt, je suis bel et bien Vicky Brown jeune artiste camerounais originaire du Sud-Ouest et étant un passionné de musique, j’en ai fait ma profession, ce qui fait qu’aujourd’hui je me suis véritablement lancé dans ma carrière.

Puisque tu parles de musique, il faut dire que tu as un style à part, et tes messages portent beaucoup plus sur la protection de l’environnement ainsi que celle des populations pygmées qui selon toi seraient très marginalisées…Pourquoi avoir fait ce choix, toi qui pourtant hier faisais du hiphop ?

C’est vrai, à la base je suis un artiste hiphop, mais je ne pense pas avoir complètement changé de style ni de thème dans mes chansons, parce qu’à ces moments-là je dénonçais les fléaux qui minent notre société ou des sociétés tels que le SIDA, la malnutrition, l’absence des hôpitaux, l’analphabétisation etc. Et toujours à cette époque je portais un concept qui s’appelait African heat (la chaleur africaine), qui défendait des idées propres à l’Afrique comme l’hospitalité ou encore la solidarité ; c’est dans cette mouvance que je fais la rencontre d’un anglais au nom de Chris Kalagan qui est basé à Londres et travaille pour une ONG du nom de Living Hearth Foundation, avec ses compères ils prennent la résolution de me prendre sous leur aile et me disent : « Ecoutes, on va investir sur toi, parce qu’on se rend compte que tu as un potentiel en même temps tu as quelque chose de positif que tu pourrais apporter à beaucoup de gens, en particulier aux africains.» C’est comme ça qu’ils me proposent de m’intéresser à l’environnement tout en me faisant comprendre des choses fondamentales pour l’humanité toute entière mais que beaucoup ignorent autour de nous. Voilà comment s’est fait le choix de mon registre musical. Donc pour vous dire que c’est pour la bonne cause, il est vraiment temps qu’on y prête attention, il n’y a qu’à voir nos saisons qui ne fonctionnent plus normalement, et tout cela est dû au changement climatique. Alors prenons garde.

Parles-nous à présent de ton album ?

Avant d’y arriver, permettez-moi de dire que j’ai sorti pas mal d’album dans ce sens, déjà celui de 2006 La voix du peuple qui était entièrement dédié au peuple BAKA, qui est un peuple aujourd’hui marginalisé ; le gouvernement n’a jusqu’ici pas jugé nécessaire de les intégrer de manière progressive, ils sont restés complètement en arrière dans une société qui aujourd’hui évolue très vite, et c’est pas évident pour eux. Il faudrait donc que leurs préoccupations soient prises en compte, et c’est le combat que je mène aujourd’hui. Et le présent album porte le titre Les peuples de la forêt où je mets l’accent sur leurs droits et leurs devoirs. Parce qu’en 1960, la politique gouvernementale camerounaise était de les faire sortir de la forêt afin qu’ils puissent rejoindre les bantous qui étaient eux, déjà bien installés. Or, vous savez tout comme moi que quand vous installés quelqu’un à côté de l’autre qui lui est là depuis longtemps, ça pose problème car celui qui arrive n’a aucune légitimité du fait qu’il subira toujours son voisin. Alors j’ai pris en moi de sonner l’alarme en attirant l’attention du gouvernement sur le droit foncier, la citoyenneté et ainsi de suite, pour que ces peuples là puissent aussi s’épanouir. Donc ma musique porte sur une éducation plus ou moins morale, car il faudrait aussi que le gouvernement puisse donner des garanties pour ce qui est de la survie des vies dans nos forêts et surtout de leurs richesses.

Et que fais-tu en dehors de ta musique, est-ce là ton seul gagne pain ?

Non, du tout ; il faut dire que je suis animateur d’une boîte ici au pays, qui est La fondation Cœur vivant grâce au soutien de Living hearth Foundation basée à Londres. Je n’oublie pas de citer mon manager Liosliath McChrist et mon directeur artistique Elvis Romaric Alara avec qui je mène à bien mes projets comme ce fut le cas tout récemment en Ouganda où j’ai enregistré avec plusieurs artistes qui prônent le recyclage des déchets plastiques. Ce projet ou album porte le nom Waste to wealth, en français veut dire la transformation des déchets en richesse. Il y a également eu la journée de la femme et de la famille où Roger Milla m’a invité de venir chanter à BAKA, car à l’occasion on célébrait 110 mariages, je suis aussi invité au Nigeria dans les prochains jours pour un grand évènement, sans oublier la prochaine journée internationale des Autochtones où je suis également invité. Vous remarquerez aussi que je tourne beaucoup plus à l’arrière pays, c’est parce que ma force vient de là-bas, contrairement à certains artistes qui puisent essentiellement leur force à Douala et à Yaoundé.