Portrait : Zab Maboungou

En 1999, elle reçoit un «Grand Hommage» du Ministre de la Culture du Cameroun pour son «talent, sa créativité et tous les efforts déployés pour que rayonne l’art théâtral»

En 2003, AfriCan Conference, lui décerne à Toronto le titre de Pionnière de la danse africaine au Canada. La même année grâce à un important programme de développement de Patrimoine canadien, l’artiste, également chorégraphe et interprète, lance un programme de formation, en danse africaine contemporaine (PEFAPDA).

Née à Paris, d’une mère française et d’un père congolais, Zab Maboungou grandit dans un Congo Brazzaville, dans le Congo post-indépendantiste. Elle s’initie très tôt aux rythmes et danses d’Afrique Centrale. Elle étudiera par la suite les danses, rythmes et musiques du Mali, de la Côte d’Ivoire, de la Sénégambie, de la Guinée, du Nigeria et du Zimbabwe. Elle se joint à diverses formations et ballets traditionnels en Europe et en Amérique (Fua Dia Kongo à San Francisco, Malaki Ma Kongo à New York et Ballet Lokolé à Paris) tout en poursuivant ses recherches auprès de grands maîtres du tambour (Babatunde Olatundgi – Nigeria) et de la danse (Lucky Zebila – Congo).
Durant cette période très active, Zab Maboungou acquiert une connaissance des rythmes qui lui fait prendre conscience de l’extraordinaire potentiel que ceux-ci recèle au plan de la création artistique. Elle n’a pas cessé depuis d’en explorer les multiples dimensions, faisant fi de «l’image stéréotypée du danseur africain souriant et heureux» (Donald Hutera, Dance Magazine, 2000). Ses premières œuvres, des solos (Réverdanse en 1995, Incantation en 1997, Nsamu en 2001) révèlent un art musical pointu -un aspect qui désormais fera sa marque. Les critiques saluent à la fois la puissance et le raffinement du mouvement et des rythmes.

« [Zab Maboungou] discute, commente et réagit, elle cherche, réfléchit, invite le spectateur à une réflexion mise en scène dans le corps» (Aline Apostolska, La Presse, 2003). Sa pratique artistique liée à la théorie et la culture du mouvement qui l’informent, démontre sa compréhension globale de l’art de la danse sur et hors scène. «Zab Maboungou sait habiter un espace scénique, non seulement physiquement, mais aussi mentalement, voir spirituellement» (Lili Marin, Kaos magazine, 2001).

Dans les œuvres chorégraphiques de l’artiste, appelées aussi «poétiques», le texte est rythme et la danse converse et transforme. Le langage du corps émane de trajectoires qui se projettent dans l’espace, se dilatent et se contractent à la fois, tout en résonnant de l’intérieur. Suivront les pièces de groupe tout aussi fascinantes par la maîtrise des structures corporelles et musicales, et qui consacrent cette danse d’auteur (Mozongi, 1997; Lwáza, 2005; Montréal by Night, 2010).

La chorégraphe est aussi écrivaine et conférencière et son livre Heya…Danse! Historique, poétique et didactique de la danse africaine témoigne de sa volonté d’allier l’art au savoir, ce que vient renforcer son travail de professeur de philosophie, pour lequel elle vient d’être honorée en 2007 au collège Montmorency de Laval. Son art tout entier est inséparable de ce qu’elle appelle «notre situation au monde».

Zab Maboungou représente pour cela une autorité dans son domaine. Inséparable de la recherche et des enseignements qui le nourrissent, son art débouche sur ses contributions exceptionnelles tant aux plans physique qu’intellectuel. Son expertise est partout recherchée : dans les universités et les centres de formations en danse, en Afrique, au Canada, aux Etats-Unis, en Europe et en Asie.

Zab Maboungou fut conseillère artistique au MASA (Marché des Arts du Spectacle Africain) de 1995 à 2002, où elle a dirigé les premiers grands séminaires.

Zap Maboungou sera à la 6e édition du festival Abok I Ngoma du 16 au 22 Juillet au Cameroun (Yaoundé, Ebolowa et Akom2)

plus d’infos: http://www.nyata-nyata.org