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Thierry Ntamack : « il n’y a pas que « les lions indomptables » au Cameroun, il y a aussi des cinéastes, des peintres… »

en 1997, il s’inscrit à l’université de Yaoundé I en art et spectacle, mais se lassera très vite de ses enseignements qu’il trouvait trop théoriques et les enseignants eux-mêmes trop saoulant. S’estimant prêt à dévorer la scène, Thierry Ntamack va monter une troupe de théâtre avec la quelle, il fera le tour du pays, avant de tourner dans quelques séries TV (le « Revenant »…). Il tournera également en tant que comédien dans quelques court-métrages et long-métrages puis s’inscrira par la suite au CFPA (Centre de Formation Professionnel d’Audiovisuel). Il suivra une autre formation, cette fois –ci dans une prestigieuse école de formation d’acteurs à Paris grâce à une bourse et enchainera les stages aux Etats Unis, en Russie et en France. Le jeune camerounais peut alors se lancer véritablement à la réalisation de ses propres films ; le tout premier fût « Psychose » (qui a remporté le grand prix du festival de télévision africaine.) Aujourd’hui, Thierry Ntamack nous revient avec un concept nouveau « cinéma au prix d’une bière ».

C’est quoi ce concept de « cinéma au prix d’une bière » et pourquoi l’avoir pensé ?

L’idée ici est de trouver l’équation entre cinéma et économie, qui fasse en sorte que le pouvoir d’achat du camerounais lui permet de s’offrir un film plus facilement. Mais au lieu de faire des films longs qui vont coûter chers, autant faire des films moyens ou courts qui vont coûter moins chers. Ceci dit, « le cinéma au prix d’une bière » c’est un cinéma de qualité, moins cher et accessible à tous. Et c’est dans ce cadre là qu’on a fait un 1er film qui s’intitule « sur la route d’un ange » qui raconte la magnifique histoire d’un homme qui a  tous ses diplômes mais vit une galère pas possible et va faire la rencontre d’une très belle femme qui va changer le cours de sa vie. Voilà ce que je peux dire du film. Il coûte 1000frs cfa seulement et se retrouve en vente au Hilton, au Mont Febe, dans les IFC Cameroun et dans les supers marchés Dôvv, pour le moment. Pour l’instant nous n’avons pas de sponsor, nous travaillons avec une équipe de jeunes très dynamiques et nous espérons avec la même vivacité tourner très bientôt notre prochain film appelé « Le blanc d’Eyanga ».

Le cinéma camerounais serait un peu à la traine selon certains, du fait qu’il manque de producteurs, de salles, qu’on ne parle pas encore d’une industrie de cinéma camerounais… et j’en passe. Comment faites-vous pour retirer votre épingle du jeu ?

Disons juste que nous sommes ce que le système veut de nous. Je veux dire, nous sommes les produits de ce système. Aujourd’hui, nous particulièrement, n’avons plus la force de compter sur l’Etat, nous n’avons plus la force de compter sur les entreprises. Je vais vous dire ceci, il n’y a pas que « les lions indomptables » au Cameroun, il y a aussi des cinéastes, des peintres, des mannequins… on est dans un pays où il n’y a pas une statue de Jean Miche Kankan…, je pense que cela devrait interroger non seulement les responsables culturels, mais aussi tous ceux qui aiment la culture. Vous allez entendre les gens dire « il n’y a pas de salles de cinéma », mais personne ne se bouge. Nous, mon équipe et moi-même, n’avons pas la prétention de changer les choses, mais nous nous sommes dit, nous avons notre intelligence, notre beauté, notre jeunesse et nous allons donner un peu de tout ça, pour bousculer les choses à notre niveau. On ne veut plus attendre car attendre ça tue l’art et l’aide à clochardiser l’artiste.

Vous n’avez pas besoin d’attendre, ça on le comprend, mais à combien s’élève le budget d’un projet comme le votre ?

C’est dur de donner un chiffre comme ça, surtout que pour un film, tout dépend de l’histoire, puis la communication tout autour, les superbes filles qui s’occupent de la vente… en tout cas pour « sur la route d’un ange », je suis à 26.000 euros de dépenses et je pense pouvoir rentrer dans mes frais et mes dettes et pourquoi ne pas obtenir des bénéfices qui nous permettront de tourner « le blanc d’Eyenga ».

Est-ce à dire que 1000frs vous rentrer dans vos frais ?

Rire. Ça coûte ce que ça coûte, c’est vrai qu’on n’y gagne pas grand-chose… pour un DVD à tout casser, avec la gravure de qualité, les étuis, les revendeurs qui devraient avoir leur pourcentage, finalement nous nous retrouvons avec juste 125f de bénéfices sur chaque DVD.

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