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Viviane Etienne : « je m’habille toujours chic et glamour… mes textes éduquent »

Si la belle admet tenir bon malgré la rudesse de l’adversité, elle n’en oublie pas de teinter d’humour le comportement inconvénient, inadéquat et séditieux de ses détracteurs. Bon an mal an, la jeune patronne d’entreprises d’immobilier et artiste musicienne originaire de son Ndom natal dans la Sanaga-Maritime semble ne pas prêter le flanc, aux supputations les plus acerbes et préfère se concentrer sur ses convictions. Elle nous a ouvert ses portes pour un entretien.

Bonjour Viviane Etienne, il faut dire que vous menez des activités entre négoce et micro, côté gestion ça ne doit sans doute pas être facile…

Bonjour à vous déjà. Je dirais juste que la gestion c’est quelque chose qui s’apprend. Mais c’est également quelque chose que l’on n’a en soi. A la base, la femme est un excellent gestionnaire : elle s’occupe de la famille, donc gère la maison, les enfants et tout… effectivement, je gère 2 sociétés qui font dans l’immobilier, jusqu’ici je n’ai encore eu aucun souci, des Directeurs s’en chargent, tant au niveau du commercial que celui des ressources humaines, j’ai également des Directeurs de terrain. Donc pour vous dire que j’ai du personnel qualifié, j’interviens juste pour contrôler si tout se passe bien, s’il n’ya pas de souci, ou s’il faille anticiper sur tel problème qui pourrait surgir, parce que dans une société on ne se la coule pas toujours douce ; c’est un business, être Directeur de société, ce n’est pas un fonctionnaire, il faut beaucoup travailler pour gagner. Quoi qu’en France on ne gagne pas beaucoup parce que la plupart des charges repartent à l’Etat. S’il fallait aussi parler de ma carrière musicale, je dirais que c’est beaucoup plus ma passion. Vous savez, quand on a une qui vous anime à l’intérieur, vous trouvez toujours du temps à lui consacrer. Alors pour répondre à votre question, je n’ai pas de problème au niveau de la gestion de mon emploi du temps.

Votre clip « A Lom Wem » tourne sur quasiment toutes les chaines de télévision locale, le même titre est écouté à la radio, comment se comporte déjà votre album sur le marché ? Et pourquoi l’avoir intitulé « pour toi » ?

L’album s’appelle « pour toi » tout simplement parce que de toute ma carrière musicale, je m’étais rendue compte que je n’avais pas encore chanté pour le seigneur pourtant c’est lui qui nous donne tout. Cette fois-ci je lui dis merci, donc cet album lui est dédié. C’est vrai que le titre « A Lom Wem » est en promo sur toutes les chaines, que ce soit radio ou télé, mais vous savez au Cameroun ce n’est pas évident, vous vous faites arnaquer par tout le monde. Donc je dirais que c’est la 3e promotion de cette chanson que je redémarre comme ça, ce sont les réalités locales et on essaye de faire avec. Mais moi je dis, vous les journalistes, soyez un peu professionnels. Nous, nous sommes en Europe, nous vous faisons confiance, pourquoi ne voulez-vous pas que l’on travaille avec vous dans les normes ? Donc j’espère que l’album il est bien accueilli. Il a eu un petit souci de promotion ça il faut le dire. Bon, je dirais qu’au niveau des mélomanes la première impression est bonne, mais après, vous savez qu’un album ce n’est que l’impression, il faut véritablement l’asseoir, ce que nous nous attelons à faire.

Justement on se rappelle de vos consécrations de meilleur clip africain et révélation féminine au FESPAM en 2005, comptez-vous faire autant avec cet album-ci, qui commence à faire parler de lui ?

Ce n’est pas moi qui décide, c’est le public qui décide, les hommes de medias, bref tout le monde, sauf moi. Moi je suis « acteur » (rire). Donc c’est à moi de prendre la dernière décision. Je travaille, je me limite à donner le meilleur de moi-même et ce sont les autres qui me jugent.

Nous sommes en plein mois de février, sans doute un peu particulier pour vous, parce qu’il vous rappelle la naissance de votre fille qui aujourd’hui est championne minime de France du basketball, comment va-t-elle Yvonne ?

Ma fille va bien. Et puis je vais vous dire, j’évite de parler de ma vie personnelle dans les medias. Je laisse ma fille continuer le cours normal de sa vie et on verra ce que ça va donner, mais je préserve beaucoup ma famille.

D’aucuns disent de vous que vous aviez très peu d’amis au pays, c’est vrai que ça fait plus de 10 ans que vous résidiez à Montpellier en France, est-ce le temps qui a détérioré vos rapports ?

Ce n’est pas le temps ou quelque chose d’autre, je dirais plutôt que c’est un choix de vie. Moi je fonctionne avec des personnes vraies. Si ce n’est pas le cas, pourquoi voulez-vous que je m’encombre des gens qui donnent les maux de tête ou qui me rendent malade ? Non, non, non, j’ai besoin d’une vie saine et simple et c’est ce que je vis, voila. Mieux vaut être seul que mal accompagné, parce que si vous avez des amis qui ne vous apportent rien de positif dans votre vie, pourquoi sont-ils vos amis ? Là est la question. Vous savez, quand vous atteignez un certain stade dans la société, vous ne pouvez plus plaire à tout le monde. Même ceux avec qui vous étiez amis quand vous étiez Monsieur tout le monde, une fois que vous devenez une personnalité dans la société, ce n’est pas sûr qu’ils restent vos amis.

Comment qualifiez-vous votre look, parce qu’à voir votre vestimentaire, certains pourraient le trouver osé, mettant votre sex-appeal en avant ?

Et bien c’est vous qui parlez de sex-appeal, moi je ne vois pas où se trouve le sex-appeal dans mon habillement. Je suis une femme très class, je suis une femme assez glamour, je respecte les autres, c’est-à-dire, dans mon style vestimentaire je ne suis pas nue. Je ne suis pas comme des collègues qui sont obligées de ce vendre…

C’est juste qu’on remarque souvent vos décolletés et certaines tenues de vous qui laissent entrevoir vos hanches…

Non, non, non, je suis désolée. Je mets un bustier, je ne suis pas nue. Personne n’a vu mes mamelons ou le coté droit de ma fesse… je dis, je m’habille toujours chic et glamour. Mes tenues ne sont pas osées, vous voyez peut être le buste, le collier et le dos, mais c’est tout. Quand vous parlez de sex-appeal, qu’est ce qui va vous exciter dans ma tenue ? Non, je ne choque pas.

On va encore parler de votre album, quelle est la thématique qu’il développe et jusqu’où comptez-vous le promouvoir ?

Vous savez, on n’a jamais arrêté de promouvoir un album, donc je suis dans le national comme l’international, c’est le travail que j’ai toujours effectué pour tous mes albums. Pour ce qui est de la thematique, je parle de foi, d’amour, le partage. Parce qu’on ne sait pas partager, on ne sait pas dire merci à Dieu. Dans A Lom Wem, en bref c’est la problématique quotidienne de la vie que j’aborde dans cet album. Quelque part il y’a aussi beaucoup de morale, parce moi je dis nous, on est artistes on est là pour passer le message, on est là pour éduquer une société. Au Cameroun aujourd’hui on s’est rendu compte que les textes de mes collègues ont plus tendance à dégrader la société que de la faire avancer. Malheureusement la musique camerounaise prend des proportions pas très catholiques. On faisait pourtant partie des pays africains qui se démarquaient, côté musical. Mais aujourd’hui le fond, ce n’est pas trop ça, la forme, ce n’est pas trop ça, les textes alors, c’est le bordel. Donc quand on va dire artistes musiciens camerounais comme on se retrouve souvent sur les plateaux à l’international et qu’ils se trouvent entrain de chanter le « cul », excusez-moi je suis un peu crue, mais à un moment donné il faut dire chien-chien, chat-chat…  alors arrêtons un peu, moi quand vous écoutez mes chansons, elles me reflètent.

Viviane Etienne, nous allons un peu parler « Actualité », tout récemment le monde a perdu une icône de la musique Whitney Houston …, quelle réaction cette tragédie vous a-t-elle suscité ?

J’ai éprouvé beaucoup de peine, parce que c’était l’une des meilleures voix, sinon la meilleure voix que le monde ait eu. Mais comme je dis souvent, dans la vie chacun a son destin. Elle s’en est allée, que son âme repose en paix.
Pour vous qui êtes sur la place  parisienne, aujourd’hui on dira que la musique camerounaise a peut être perdu en visibilité, mais que nos artistes sortent toujours des albums, au fond c’est quand même rassurant…
Le tout ce n’est pas de sortir un album, c’est de le promouvoir. Et aujourd’hui, sur 10 albums sortis, 8 sont produits par les artistes eux-mêmes et les artistes n’ont pas les moyens, faut se le dire. Quand vous parlez de visibilité il faut pouvoir promouvoir ces albums dans les chaines internationales. Et en matière de promo des musiques africaines, vous avez trace TV qui est une référence. Alors dites-moi, combien de camerounais passent à Trace ? Mais vous verrez des ivoiriens, des congolais… et nous on dort, parce qu’ils n’ont pas les moyens. Même la somme de mise en ligne, ce n’est pas évident qu’ils l’ont, quand bien même ils l’ont ce n’est pas sûr qu’ils aient le bon réseau. Moi par exemple, combien de fois on m’a trimbalé pour que je passe à Trace TV ? Parce que c’est chacun qui te dit « oui, je peux faire ceci…, je peux faire cela ». Et c’est comme ça que vous leurs donnez de l’argent… pourtant ils ont des entêtes, mais vous savez, comme je dis souvent, être « camerounais » c’est un métier.

D’où vient le problème selon vous ?

Il n’y a pas de producteurs. Vous savez, c’est le producteur qui fait le travail, je veux dire, qui injecte son argent pour l’enregistrement, la promo, bref, il investi sur le projet. Seulement il faudrait bien qu’il rentre dans ses frais, vous comprenez ? Un autre point important, la présence d’un manager, parce que même si vous vous produisez et que vous n’avez pas de manager digne de ce nom pour vous faire un bon travail comment allez vous faire ? Ecoutez, c’est toute une machine, ce n’est pas si simple. Vous allez sortir un album, il va être joué à Douala et Yaoundé et vous allez vous prendre pour une star et ça s’arrête là ? Ça ne suffit pas. Ça veut dire que vous allez rester star dans votre localité. Alors comment faire pour vous sortir de là, c’est viser l’extérieur et je vous dis à l’extérieur, ce n’est pas évident. On a plein d’artistes sur la place parisienne, ils y vivent, mais ne peuvent pas, n’arrivent pas à promouvoir leurs albums dans les chaines internationales, alors qu’est ce que vous voulez ? C’est une question de moyen, d’organisation aussi.

En dehors de votre travail et de la musique, comment occupez-vous votre temps, lisez-vous beaucoup ?

Oui, beaucoup de littérature, de cinéma, j’adore les grands films et puis on va dire aussi que Viviane Etienne aime bien faire la fête quoi (rire), c’est aussi ça la vie.

C’est vrai qu’à un moment de votre vie, vous connaitrez la retraite, mais serait-ce le cas avec la musique ?

Ecoutez, la musique c’est une histoire d’amour, c’est ma foi, ma passion et la passion on meurt avec. Même à mon dernier souffle, peut être je serai en train de chanter (rire). Et même si je ne chante plus, je pourrai accompagner les jeunes dans leur rêve. Par là je continuerai à entretenir ma passion, parce que vous pouvez vivre une passion sans toute fois en être l’acteur principal.

En parlant d’accompagnement, nous voyons cette génération naissante, qui a un talent certain, est ce que vous pouvez nous donner quelques noms de jeunes qui vous donneraient envie de les produire ?

Beh, pour le moment il n’y a pas de nom. Mais samedi dernier on m’a présenté quelques jeunes filles, que j’ai appelé les Mistinguettes, elles sont encore très jeunes, elles ont 15 ans mais ont des voix magnifiques et il faut qu’on les mette déjà au travail. Vous savez, la chanson c’est quelque chose d’inné d’abord, même si on apprend (parce qu’il va falloir connaitre certaines notions, la vocalise…), mais quand vous en avez dans les tripes, c’est la base. Bon…, je les ai apprécié Samedi, on verra bien, je ne peux encore me prononcer. Parce que ce n’est pas évident de prendre des personnes sous votre aile, c’est une procédure. Surtout qu’ici les gens confondent tout. Quand vous produisez quelqu’un, il cri partout, mon producteur n’a pas fait ci, il n’a pas fait ça… non, non, je ne veux pas m’embourber dans ce genre de tourbillon. Du coup, quand je prends mes décisions, je réfléchi beaucoup.

Nous allons clore cet entretien, s’il y a quelque chose que nous avons omis, c’est le moment pour vous d’en parler…

Vous savez, il y a toujours quelques chose à dire. S’il faille parler musicalement, ce serait un appel que je lance à tous mes frères et sœurs artistes que j’aime bien (parce que moi j’écoute la musique de tout le monde), de faire attention aux textes. On a des enfants à élever, quand on chante le sexe…, le ballon est monté c’est descendu…, vraiment on heurte beaucoup la sensibilité de nos enfants, nous avons une jeunesse qui nous écoute et nous prend pour model, nous avons une société à défendre, donc soyons des exemples. Je souhaiterais aussi que le gouvernement se batte pour la jeunesse car elle est abandonnée à elle-même. Il faudrait des structures pour encadrer les jeunes pour la plupart diplômés, car nous avons des licenciés et des Docteurs au quartier. Le Cameroun aujourd’hui souffre de beaucoup de maux, n’importe qui est journaliste. Le journaliste au Cameroun est devenu une source d’intrigue, si aujourd’hui tu ne lui donnes pas d’argent, il va à la télé ou à la radio et t’insulte. Ce n’est pas ça le métier de journaliste. Le journaliste est là pour informer, vous êtes la 4e puissance, on vous écoute et on croit en ce que vous nous dites. En Europe par exemple, quand on suit à la télé ou à la radio qu’il va faire mauvais temps le lendemain, chacun fait ses emplettes la veille et reste enfermé chez lui, par ce qu’il a cru à l’information du journaliste. Ici, il va s’asseoir à la radio, premièrement il va tenir un langage du quartier, deuxièmement il dira que tel a fait ci, tel a fait ça, l’autre a géré telle fesse… ce n’est pas ça le métier de journaliste. Faites bien votre métier, vous avez du talent, ceux qui ont réussi en Europe vous dépassent en quoi ? Mais aujourd’hui beaucoup ne respectent plus l’éthique du journaliste au Cameroun, voilà où ils ont l’avance sur vous. C’était mon mot de fin, que Dieu vous bénisse.

Viviane Etienne, on va vous dire merci, tout en espérant vous revoir au plus vite…

C’est moi qui vous dis merci culturebene.com, j’aime bien votre site. Continuez comme ça.

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