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Réné Ayina: « La 14e édition du festibikutsi se tiendra du 12 au 17 Novembre 2012… »

Le festibikutsi fait la fierté du Cameroun tant dans la sous région qu’à l’internationale, il est compté parmi les événements culturels les plus prisés. Nous sommes allés à la rencontre de celui qui a été à l’origine de ce grand projet, MR Réné Ayina (Maestro pour les intimes) qui avant d’être promoteur culturel occupe des postes de responsabilité à la CRTV Radio (FM 94). L’entretien qui va suivre, a été mené dans son bureau, ou il nous a reçus avec beaucoup de complaisance. Quelques interruptions par ci, coups de fil par là, il a fallu s’armer de patience pour le faire ; certes, nous avons devant nous, un homme sérieux, qui sait traiter les invités.

Bonjour Mr Ayina, comment est né le festibikutsi ?

Bonjour. Nous sommes en 1993 et le Bikutsi à travers des artistes comme Opic Zoro et autres lancent le Pédalé qui est une variante de la danse Bikutsi qui a vite pris l’envol. Le Bikutsi en lui-même, avant ces jeunes n’était pas très connu, ils sont donc venus booster cette musique et deux ans  plus tard, je me dis pourquoi ne pas créer un cadre ou les artistes pourront se retrouver avec le public, puisqu’à l’époque, on ne l’écoutait qu’à la radio et dans les cabarets. C’est comme ça que l’idée est venue, on a lancé la 1ere édition du festibikutsi qui a eu un franc succès, c’était du coté de l’ancien palais présidentiel qui est devenu aujourd’hui  le musée national. Cet endroit était pour moi mythique, et puis il pouvait accueillir du monde. C’est comme ça qu’est parti le festibikutsi.

Quel bilan feriez vous des ces différentes éditions ?

Déjà, tellement de choses se sont passées depuis 95. Les artistes ont vieillis pour ceux qui ont commencé à l’époque là, il y en qui ne jouent plus. Nous pensons que nous avons concentré de l’énergie pour promouvoir cet événement. Le bilan que nous pouvons en faire ne peut être que positif. Aujourd’hui le festibikutsi est très couru, même s’il y’a eu des hauts et des bas, nous avons dû arrêter parfois un an ou deux, pour essayer de prendre du recul. En 2006 quand on a relancé, j’ai été obligé de restructurer le festival, pour donner un accent particulier aux artistes locaux. Aujourd’hui les artistes bikutsi savent qu’ils occupent une très bonne place dans l’espace culturel de la sous région et même à l’international, en France, en Suisse, en Italie, aux Etats Unis. Plusieurs artistes ont vu leur carrière décoller à travers ce festival. Même dans l’organisation, je parle de cette dernière édition, 4 jeunes de l’équipe ont été recruté dans les 25.000, lancé par le chef de l’Etat, donc autant de choses qui démontrent ce bilan positif, sans compter que le festival aujourd’hui a gagné beaucoup de crédits au niveau du public d’un, au niveau des artistes de deux, au niveau de certains partenaires, et surtout, ça il faut le souligner, au niveau de l’Etat à travers la Ministre des arts et de la culture qui nous soutien depuis pratiquement 6ans.

Pour cette 13e édition, le choix du parrain a été porté sur Atebass, ex membre des têtes brulées, qui a rappelons le 35ans de carrière…

Vous savez, il faut savoir reconnaitre la valeur des artistes, ce qui n’est toujours pas observé dans notre pays. Fort de ce constat, dans la phase de restructuration sus mentionnée, on a intégré cette politique, qui consiste à rendre hommage à un artiste bikutsi qui a fait parler de lui, encore qu’à l’époque, ce n’était pas facile pour eux, le makossa et d’autres rythmes venus d’ailleurs étaient au top. Donc pour ma part, je pense que ces artistes ont connu des moments difficiles et aujourd’hui, il est question de leurs montrer qu’ils ne l’ont pas fait pour rien. Donc c’est un hommage plutôt mérité et surtout une grande fierté pour nous d’avoir eu Atebass dans ce festival et nous comptons faire mieux.

Puis que nous parlons de mérite, à cette 13e édition, une jeune artiste, Mani Bella qui fait parler d’elle en ce moment s’est vue attribuer le prix de meilleure artiste féminin, une décision qui ne souffre d’aucune contestation, mais ce qui a du mal à passer, c’est le fait qu’il n y ait pas d’artiste bikutsi masculin de l’année, comment l’expliquez vous ?

Le prix du meilleur artiste bikutsi masculin de l’année n’a pas été décerné tout simplement parce que selon le jury, il n ya pas d’artistes qui ait véritablement émergé. Vous venez de citer Mani Bella qui fait un carton avec son album, peut être qu’en plus de son prix de meilleur artiste féminin, elle aurait aussi pu remporter celui d’artiste bikutsi de l’année. Ayant fait l’unanimité du jury. Pour être plus précis, le jury est constitué d’animateurs télé et radio à qui nous soumettons des critères de sélection et par la suite, ils nous envoient, chacun une liste et nous confrontons toutes ces listes. Il faut dire qu’à ce niveau, le quota n’était pas satisfaisant. Ce qu’il faut retenir tout d’abord, c’est que ces prix là, nous les décernons pour encourager les artistes bikutsi, parce qu’à la base, l’événement était beaucoup plus festif. Vous savez, on a beaucoup reproché au bikutsi d’être « porno », nous, à travers ces prix, nous encourageons l’excellence, tout en mettant un point sur l’éthique.

Il y’a eu quelques innovations cette année, un championnat de songho, un atelier pour les jeunes qui ont pu apprendre à jouer aux instruments traditionnels. Selon vous, cela a-t-il favorable au festival ?

C’était une phase d’essai, nous proposons et une fois que le public adhère, nous continuons. Parlant du championnat du Songho, beaucoup ont aimé, donc il fera désormais parti du festival. Nous n’avons plus eu suffisamment de temps pour contacter tous les clubs Songho de Yaoundé, mais je pense que la prochaine édition, on le fera.  D’autres innovations viendront surement d’ici février 2012, parce que le prochain festibikutsi se tiendra du 12 au 17 Novembre 2012. Nous avons arrêté la date et savons exactement ce que nous avons à faire. Mais nous pouvons déjà dire que des formations, il y en aura toujours sur le management artistique, l’initiation aux instruments traditionnels, au journalisme culturel, un domaine presqu’à l’abandon dans nos rédactions.

Nous allons conclure Mr Ayina, peut être une doléance, en tant qu’acteur culturel à soumettre à nos autorités, ou un conseil à l’endroit de vos collègues ?

Déjà, beaucoup d’événements souffrent du manque de suivi, qu’il soit politique, économique même sur le plan de l’administration. Pour un grand festival, à peine on a commis une édition qu’il faut encore réfléchir sur la suivante, ça pose parfois un problème sérieux, parce que sur le plan politique, il y a des lois qui existent sur le mécénat, sur l’entreprenariat, sur le sponsoring, et dont les textes d’applications n’existent pas. Maintenant, qui doit prendre ça en considération, est ce l’état est conscient de ce que cela pose  un problème aux operateurs culturels, aux artistes ? Autant de choses. Il y’a aussi la piraterie et tout le reste. Donc je pense que le mouvement culturel camerounais a besoin d’être boosté. Je remercie encore le gouvernement qui accompagne le festival à travers les cautions que nous reverse la Ministre des arts et de la culture depuis 6 ans. maintenant, sur le plan musical, nous avons des musiciens camerounais éparpillés dans le monde, qui sont les meilleurs dans leur domaine, je parle des guitaristes, chanteurs, saxophonistes… s’il pouvait avoir une sorte de synergie entre eux qui permettrait à ce que l’univers culturel camerounais atteigne les sommets, cela nous ferait le plus grand bien. Nous, le travail que nous faisons au festinikutsi, c’est juste d’attirer le maximum de personnes vers le festival et faire comprendre aux artistes que c’est d’abord un moment de joie, de fête. Quant on parle de Bikutsi, on pense d’abord à la fête. Que l’on soit jeune, adulte, Bamileké, Douala, du nord…, que l’on se retrouve pour danser, passer un agréable moment.

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