Jieugang Lankeu : Pourquoi j’ai publié deux ouvrages sur la mode africaine...

Jieugang Lankeu a publié deux ouvrages sur la mode aux éditions le MIDI : “FIGURINES EN BAGUETTE FEMME ET HOMME”, un ouvrage de 55 pages et “LE GALBE, FIGURINES HABILLÉES ET DÉFINITIVES”, un ouvrage de 167 pages. Enseignante de mode, elle nous a accordé cette interview depuis le Maryland aux Etats Unis où elle vit et continue une formation de patterns Making.

Bonjour Jieugang Lankeu, merci de répondre aux questions de Culturebene ? pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?

Je suis d’origine Camerounaise et passionnée par l’Art en général et la mode en particulier. Après mon Baccalauréat en science, j’ai fait mes études a l’Institut Supérieur des Beaux Art Cheikh Anta (Yaoundé-Cameroun) ou j’ai enseigné le dessin de mode et l’anatomie pendant 5ans (2012-2017), puis j’ai été Designer des vêtements enfants dans une entreprise célèbre NH-Trade Oridel (Yaoundé-Cameroun) de 2015-2017. Je continue une formation de patterns Making au Maryland Center Fashion design 2019-2020 (Baltimore-Amérique). Puis je me concentre à l’écriture des ouvrages scolaires sur le dessin de mode.

Comment Définissez-vous le dessin de mode

Le dessin de mode se définit comme la belle représentation des personnages habillés à partir des techniques de dessin et des outils graphiques. En effet, le dessin de mode met en relief l’imaginaire vestimentaire du designer ou du potentiel styliste. Vue sur le prisme pédagogique, c’est une étape fondamentale vers l’aboutissement des produits finis (vêtements, accessoires…).

Vous avez publié deux premiers ouvrages de 55 pages “FIGURINES EN BAGUETTE FEMME ET HOMME” et 167 pages “LE GALBE, FIGURINES HABILLÉES ET DÉFINITIVES” aux éditions le MIDI. Qu’est ce qui a motivé la rédaction de ces livres, un secteur peu exploré en Afrique ?

Les deux tomes sont l’émanation des observations faites dans les écoles supérieures de design de mode et les établissements secondaires de l’Industrie d’habillement. Ces études étaient portées sur la méthode et la technique d’approche du dessin mais surtout la qualité du travail rendu. De ce fait, nous avons relevé quelques points majeurs: l’absence de manuel de dessin de mode adapté au contexte local et continental, la technique de dessin de mode calquée sur un modèle occidental mettant en valeur les personnages et le style vestimentaire Européens, l’absence d’engouement au dessin chez les apprenants et par conséquent une limitation ou un blocage des idées créatives, les dessins semblables aux formes du robot dû au caractère mécanique conféré par la règle (outil principal de dessin), la lourdeur et la lenteur de la main au dessin, limitation de temps assez long soit 2h à 3h pour un modèle fini. Fort de ces constats, nous avons mis sur pied deux guides méthodologiques qui écument de fond en comble ces zones d’ombre et redonnent aux apprenants un sentiment de satisfaction inouïe et sans appel.

Quelles sont les particularities de ces ouvrages ?

Le volume 1 qui est l’initiation au dessin de mode. Il est axé sur les personnages constitués essentiellement des lignes. Il permet à l’apprenant de se familiariser au dessin et au squelette de base. Au terme de cet apprentissage, l’étudiant est capable de dessiner en main levée et à partir de son stylo à bille une silhouette en baguette sur toutes ses vues (face, dos, profil et 3/4) et en 2 minutes.

Le volume 2 met l’accent sur le dessin esthétique et professionnel de mode. Il permet à l’apprenant de se familiariser avec le volume ou le galbe, les traits caractéristiques du visage Africain, les couleurs, les coiffures, les vêtements Africain. L’étude de cet ouvrage permet à l’étudiant de dessiner un modèle définitif en 15minutes au lieu de 2h. Il faut ajouter que, cette nouvelle méthode de dessin permet de représenter toutes les silhouettes possible (Africaine, Européenne, asiatique) et sur toutes les dimensions possible allant du plus petit format au plus grand, par exemple format A6, A5, A4, les surfaces de 2 mètres ou plus.

Sur vos deux ouvrages apparait le titre “Le Canon Lankeu” Pouvez-vous définir ce titre ?

Le volume 1 et le volume 2 mettent en lumière des personnages Africain, il était donc de bon ton de donner un nom Africain au Projet. Ainsi, “Le Canon Lankeu” est le nom donné à la formule (9tetes et 9tetes 1/2) du dessin simplifié de mode Africaine.

Quel écho vos ouvrages ont-ils eu auprès des étudiants et des enseignants lors de sortie et après leur sortie ?

Les deux ouvrages ont été favorablement bien accueillis par les étudiants qui, n’ont pas manqué de manifester leur engouement face aux multiples avantages du livre notamment le dessin en main levée, et au stylo à bille en deux minutes des figurines en baguette (volume 1). Cette méthode de dessin est d’ailleurs enseignée à l’Institut Supérieur Cheikh Anta Diop depuis 2013 jusqu’à ce jour et a toujours apporté de très bon résultats largement appréciés par les enseignants.

Pourquoi le choix des personnages Africains ?

En général dans les écoles de mode Africaine, les modèles de représentation sont calqués non seulement sur les formule de dessin Européen, mais aussi sur des silhouettes qui ressemblent aux Européennes. Le rejet “inconscient” de qui on est peut-être aussi perçu par la représentation permanente de l’autre. Ainsi, Pour des raisons d’identités culturelles j’ai pensé proposer une formule de dessin facile qui permet aux étudiants et à aux néophytes de mode et par extension les étudiants de l’art graphique de faire de belles représentations qui reflètent leur apparence et leurs valeurs.

Etes-vous rapprochez des autorités de l’enseignement secondaire et technique du Cameroun pour vos projets ?

Nous avons d’abord fait valider les ouvrages auprès des inspecteurs pédagogiques du centre en Industrie d’habillement. Puis, nous avons également reçu Mr. Bond Biyong, inspecteur de fabrication mécanique, représentant de l’inspecteur coordinateur régional de fabrication industrielle du centre lors de la dédicace des livres à l’Institut Secondaire de Beaux Art Cheikh Anta Diop. En fin nous avons répondu à l’appel d’offre de l’enseignement secondaire et nous restons en attente de leur réponse.

Quels sont les projets actuels de Jieugang Lankeu ?

A court terme, nous communiquons sur cette nouvelle méthode de dessin au travers des conférences dans les instituts de modes et des médias. Par exemple, après Yaoundé, nous sommes présentement en tournée à Douala pour faire connaitre ces ouvrages auprès du grand public de la ville. A long terme nous souhaitons élargir le projet avec de nouveaux volumes et travailler avec les autorités compétentes du Cameroun à fin qu’ils soient officiellement adoptés comme des manuels scolaires au Cameroun.