L’histoire derrière 5 tubes de Tiken Jah Fakoly

Figure emblématique du reggae africain, Moussa Doumbia, alias Tiken Jah Fakoly est aussi un des porte-parole de la jeune génération de son pays, la Cote d’Ivoire, face aux difficultés politiques. Le prix RFI Découvertes Afrique lui a été décerné en l’an 2000. Dans une interview accordée à Brut en 2022, il a raconté l’histoire derrière 5 de ces tubes.

« Gouvernement 20 ans »

« Gouvernement 20 ans », c’est simplement que, depuis un moment, on a constaté que la démocratie est en péril en Afrique et que les opposants sont emprisonnés, sont pourchassés, etc. Au Congo-Brazzaville, Mokoko s’est présenté aux élections. Après les élections, voilà condamné à 20 ans. Au Congo-Kinshasa, on sait que Vital Kamerhe avait été condamné à 20 ans… Au Bénin, il y a une opposante qui a été condamnée, il y a pas longtemps à 20 ans… En Côte d’Ivoire, il y a des 20 ans. Donc on a l’impression qu’il y a un bâton qui est là pour dire : voilà, si vous faites ça, voilà, on peut vous condamner à 20 ans. Ce n’est pas ce qui est dit, mais bon, c’est un constat. Moi je ne m’oppose pas à une décision de justice, mais je chante et ça, c’est mon rôle entant que reggaeman, donc j’ai décidé de marquer ça dans l’histoire ».

« Le pays va mal »

« Tout le monde sait que la Cote d’Ivoire vient de très loin. Il y a une période où, pendant presque 15 ans, on était toujours en palabre ici. Les hommes politiques étaient dans leurs calculs et donc ça amené les populations à s’attaquer entre elles. »

« Dernier appel »

« Dernier appel » est un appel à la diaspora à revenir en Afrique et un appel aussi aux jeunes Africains à aimer l’Afrique. On l’a sorti en 2013, et je pense que depuis 2013, je ne dis pas que ce n’est pas parce que j’ai appelé les Africains à revenir, mais là j’ai fait une interviez avec une africaine qui est revenue en Afrique. Donc je pense qu’il y a beaucoup d’Africains qui sont revenus avec des projets, qui ont fait des choses. »

« Mangercratie »

En 1997, Tiken Jah Fakoly porte un regard plus lucide sur son pays et choisit de s’engager politiquement. Il dénonce les abus et les faiblesses, s’insurge contre les politiciens et inscrit sa révolte dans ses textes. Avec l’aide financière de quelques amis, il entre en studio et enregistre son premier album engagé « Mangercratie ». Le succès est immédiat en Côte d’Ivoire et dans de nombreux autres pays d’Afrique. Sa notoriété dépasse même les frontières du continent Africain pour s’imposer dans de nombreux pays francophones.

« On était dans la période où on parlait beaucoup de démocratie, et puis on avait constaté qu’à l’époque, à ce moment-là, les dirigeants, au lieu de faire la démocratie, la vraie démocratie, ils faisaient la « Mangercratie ». C’est-à-dire que quand ils arrivaient au pouvoir, ils continuaient à bouffer l’argent du pays. Nous on réclamait la démocratie et on avait constaté qu’au lieu de nous donner la démocratie, ils nous proposaient la Mangercratie, et donc j’avais sorti ce titre-là à l’époque pour dénoncer ça. »

« Ouvrez les frontières »

« Pour moi c’était important de dire à l’occident qu’il fallait qu’ils ouvrent leurs frontières, parce que nos frontières sont ouvertes. Nous nos frontières sont ouvertes. Eux, ils viennent quand ils veulent, faire ce qu’ils veulent, prendre ce qu’ils veulent, rester s’ils veulent. Mais dès que nous on décide d’aller, on nous demande 550 papiers. Mais en même temps, chaque fois que je chante cette chanson, j’aime m’expliquer. J’aime dire aux jeunes que j’ai fait pour dénoncer une injustice, mais je n’ai pas fait cette chanson pour encourager les jeunes à partir, parce que personne ne viendra changer l’Afrique à notre place… »