Difficile de croire que ce jeune homme à la poigne molle, à la voix douce et au regard fuyant puisse se tenir devant un public et le faire mourir de rire. Et pourtant, c’est le cas. Les parents peulhs de Nana Ardo, né en 1985 à Awa, à environ de 60km de Ngaoundéré, lui ont inculqué la réserve comme étant une valeur et un mode de vie. Rester à sa place, ne pas parler pour ne rien dire, ne pas dévoiler ses émotions. Et aujourd’hui encore, « ma mère trouve que faire des grimaces sur scène n’est pas digne », raconte-t-il. Pour se dépouiller de sa timidité, le temps d’un spectacle, Nana Isamaïla, de son vrai nom, a trouvé la solution : le yoga, qu’il pratique avant chaque prestation.
« Le justicier », c’est le titre de son dernier sketch. Il l’a présenté à Yaoundé, le 5 mai à l’espace Othni à Titi Garage, et le 15 mai au Centre culturel Hell à Essos. Le spectacle a été si acclamé que l’Othni a décidé de le reprogrammer au mois de juin. Sa création, Nana Ardo la définit comme un mélange de théâtre, de conte et d’humour. Parce que « c’est le style qui fait l’art », il entend ainsi se démarquer du stand up porté par Valery Ndongo et Major Asse, mais surtout de « l’imitation et de la bouffonnerie » qu’il déplore chez la majorité de ceux qui prétendent faire de l’humour au Cameroun.
Éveilleur de consciences
Nana Ardo trouve son inspiration partout : « Un jour, je suis allé au tribunal pour assister à un procès. Toutes les parties étaient présentes pour le délibéré, mais le procès a été renvoyé. J’ai entendu les gens dire que c’est parce que les juges n’ont pas reçu de l’argent ». La corruption dans la justice camerounaise, il en a fait le thème d’un sketch. « Le justicier est le spectacle le plus burlesque que j’ai créé », dit-il, avec fierté. Il y joue un président de tribunal qui voit passer des cas de viol, d’escroquerie et de trafic de toutes sortes, et qui se sert à chaque fois. Une pilule rendue moins amère par la satire du texte et la légèreté du jeu d’acteur.
Nana Ardo compte deux autres créations : « Nous sommes tous intelligents » en 2007 et « Le 15è viol » en 2008. Des textes qui brillent par leur engagement. Son humour, il le considère d’ailleurs comme une arme avec laquelle il tire sur les maux sociaux. « Je suis un éveilleur de consciences. Mais je me contente de pointer du doigt un problème qui existe, car, je n’ai pas le pouvoir politique de changer les choses », déplore-t-il.
Conseiller de jeunesse et d’animation en service depuis quelques mois à la délégation régionale de la Jeunesse pour le Centre, Nana Ardo a remporté en 2010 le prix Jean Michel Kankan, du nom de son modèle, au festival Yaoundé fou rire.
source: stephaniedongmo.blogspot.com
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