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La maison d’édition Afrédit lance sa rentrée littéraire

Le coup d’envoi a été donné le 25 février 2025, avec une série d’activités qui s’achèveront le 6 mars. Au programme : conférences-débats, journées portes ouvertes, foire aux livres, vente au kilo, et bien d’autres initiatives destinées à promouvoir le livre et la lecture.

Le lundi 3 mars, au siège de la maison d’édition, situé au carrefour Régie (Yaoundé), s’est tenue une conférence-débat sous le thème « Manuels scolaires : levier d’une éducation transformative ». Cette conférence a été organisée dans le cadre de la rentrée littéraire 2025. Un riche panel composé d’intellectuels, de pédagogues et d’éditeurs s’est penché sur la question. Pendant trois heures, Pr Marcellin Vounda, Pr Étienne Modeste Assiga Ateba, M. Vanembuouo Yeyap (MINEDUB), Dr Kampoer (MINAC) et Daniel Nadjiber (éditeur, économiste) ont édifié le public sur des sujets tels que la qualité du livre, le processus de sélection d’un ouvrage, la distribution des livres…

Le Pr Marcellin Vounda a dressé un état des lieux des livres au Cameroun. Selon lui, la vie du livre ne se limite pas à la production, mais se prolonge par l’animation. Il se réjouit du fait que les éditeurs professionnels ne sont pas ceux qui, après avoir produit un livre, donnent des stocks aux auteurs pour qu’ils se débrouillent à les faire circuler. Il salue également l’initiative des organisateurs de cette conférence, soulignant que, vu l’environnement, cela prendra du temps, car elle nécessite l’adhésion massive des lecteurs, auteurs et éditeurs.

Vanembuouo Yeyap du MINEDUB rappelle : « Il est question ici d’interroger la pertinence des manuels scolaires que le Conseil valide chaque année. Cela nous amène à faire un aperçu rapide de certains points essentiels des dispositions réglementaires encadrant l’organisation et le fonctionnement du Conseil national. La loi du 14 avril 1998 et, plus particulièrement, le décret du Premier ministre de 2017 portant organisation du Conseil national, ainsi que l’arrêté du Premier ministre de 2002, qui porte création et fonctionnement de ce Conseil, précisent ses attributions. Il coordonne les travaux d’évaluation, veille au respect des normes nationales et internationales en matière de rédaction et d’édition des livres. De plus, tous les trois ans, sous l’autorité des responsables en charge de l’éducation nationale, il commande une enquête, confiée à une structure indépendante, afin d’évaluer la qualité des contenus pédagogiques. »

Le Dr Kampoer rappelle les missions du MINAC. Selon le décret de 2012 portant organisation de ce ministère, celui-ci a plusieurs prérogatives, notamment la gestion de la politique nationale sur toutes les questions du livre. Il souligne:

« On peut se féliciter en toute modestie d’avoir osé l’histoire. Depuis le 16 décembre 2021, une loi encadre désormais la filière du livre au Cameroun. Il s’agit de la loi 2021/024 du 16 décembre 2021 portant organisation et promotion de la filière du livre. C’est inédit, car auparavant, aucun texte ne régulait globalement ce secteur. Ce qui est particulièrement intéressant dans cette loi, c’est son titre II, consacré aux dispositions spécifiques concernant les manuels et livres scolaires. Il comprend 23 articles dédiés à cette thématique. L’objectif est aussi pédagogique : permettre aux usagers et aux acteurs du livre scolaire de se référer à cette loi pour connaître les dispositions réglementaires mises en place afin de les aider à travailler efficacement. »

Économiste et écrivain, le Pr Étienne Modeste Assiga Ateba partage l’avis du Pr Marcellin Vounda. Il déclare :

« Les livres de qualité, comme celui que j’ai produit, intitulé Le rôle du système éducatif dans le développement du Cameroun Intelligentsia, ne se vendent pas vraiment. Il me semble que sur un tirage de 500 exemplaires, je n’ai pu écouler que 200, me retrouvant ainsi avec un stock de plus de 300 exemplaires invendus. Le système est quasi monopolistique : si l’on doit choisir un livre sur six, vous voyez bien la pression qui s’exerce. Si le critère principal est le prix, tous les éditeurs s’aligneront sur le plus bas pour que leur livre soit retenu. Mais cela pose une question essentielle : baisse du prix signifie-t-elle baisse de la qualité ? Je ne fais pas partie de ce comité, mais au départ, l’idée de fixer un manuel pour trois ans était pertinente car il y avait des enjeux financiers importants. Cependant, certains estiment que cette durée est trop longue, car la science évolue vite. Aujourd’hui, par exemple, on parle énormément d’intelligence artificielle. Il faudrait pouvoir intégrer ces nouvelles notions rapidement dans les ouvrages scolaires, sans attendre trois ans. »

À la question de savoir comment rendre les livres accessibles sur l’ensemble du territoire camerounais, Daniel Nadjiber répond :

« Au Cameroun, le problème d’accessibilité a été partiellement résolu depuis 2017. Avant, lorsqu’il y avait plusieurs manuels disponibles par niveau, il était difficile pour les éditeurs d’évaluer le marché et de produire des quantités suffisantes. Depuis la mise en place d’une politique nationale du livre, les éditeurs peuvent mieux planifier leur production. Aujourd’hui, par exemple, il y a environ 200 000 élèves en maternelle. L’objectif est qu’au moins un livre soit disponible pour deux élèves par classe. Si nous voulons que chaque élève ait son propre livre, il faudrait 400 000 exemplaires. Pour le primaire, la moyenne des impressions tourne autour de 100 000 livres, et pour le secondaire, 50 000. Le problème principal reste toutefois la distribution : les librairies sont concentrées dans les grandes villes (Yaoundé, Douala, Bafoussam), ce qui oblige de nombreux parents à se déplacer pour acheter des livres. Avec le MINAC, nous travaillons sur ce problème, notamment par des formations et des sensibilisations visant à inciter les investisseurs à ouvrir des librairies dans des zones plus reculées. »

Après ces interventions, le public a pris la parole, soulevant diverses préoccupations et formulant des propositions pour faire du manuel scolaire un véritable outil d’éducation transformative. Cette rentrée littéraire 2025 initiée par Afrédit marque ainsi un engagement fort en faveur d’un secteur du livre plus structuré, accessible et adapté aux enjeux éducatifs actuels.

 

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