
À seulement 34 ans, le capitaine Ibrahim Traoré s’est hissé à la tête du Burkina Faso dans un contexte de crise sécuritaire et de désenchantement populaire. Propulsé sur le devant de la scène par un coup d’État militaire en septembre 2022, il est aujourd’hui perçu par une grande partie de la jeunesse comme un symbole de rupture, d’espoir et de souveraineté retrouvée.
Né le 14 mars 1988 à Kéra dans la commune de Bondokuy (Région de la Boucle du Mouhoun), le Capitaine Ibrahim TRAORE a fait ses études primaires à l’école primaire publique de Bondokuy, puis les études secondaires au Lycée Mixte d’Accart – ville à Bobo-Dioulasso, capitale économique du Burkina Faso.
Formation académique et parcours militaire
Après avoir obtenu son baccalauréat en 2006, Ibrahim Traoré poursuit des études en géologie à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, où il obtient une maîtrise en 2010. La même année, il intègre l’Académie militaire Georges Namoano de Pô, d’où il sort vice-major de sa promotion. En 2012, il est nommé sous-lieutenant et affecté au régiment d’artillerie de Kaya. Il grimpe rapidement les échelons, devenant lieutenant en 2014 et capitaine en 2020.
Engagement opérationnel et ascension au sein de l’armée
Au cours de sa carrière, Traoré participe à plusieurs opérations militaires, notamment dans les régions du Sahel, du Nord, du Centre-Nord et de l’Est, zones particulièrement touchées par les attaques djihadistes. En 2018, il sert au sein de la mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA). Sa réputation de soldat engagé et respecté de ses hommes se forge lors de l’opération Otapuanu en 2019, où il se distingue par son courage et son leadership.
Prise de pouvoir et transition politique
Le 30 septembre 2022, Ibrahim Traoré renverse le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, alors président du Burkina Faso, qu’il accuse de ne pas avoir su endiguer l’insurrection djihadiste. Le 6 octobre 2022, il est officiellement désigné président de la Transition, devenant ainsi le plus jeune chef d’État au monde à l’âge de 34 ans
Gouvernance et réformes
Sous sa présidence, Traoré met en œuvre plusieurs réformes visant à renforcer la souveraineté nationale et à améliorer la situation sécuritaire : Lutte contre le terrorisme : Création de la Brigade spéciale d’intervention rapide, regroupant les différents bataillons d’intervention rapide et des forces spéciales, pour intensifier la lutte contre les groupes djihadistes ; Réformes économiques : Mise en place de politiques visant à réduire la dépendance économique du pays, notamment en réduisant les salaires des ministres et en augmentant ceux des fonctionnaires, tout en investissant dans des projets d’infrastructure tels que la construction de logements sociaux pour les personnes déplacées internes ; Politique étrangère : Réorientation des alliances diplomatiques, avec un rapprochement notable avec la Russie, marquant une rupture avec les anciennes puissances coloniales, notamment la France.
Le nouveau Sankara ?
Le capitaine Traoré est devenu un symbole de résistance contre l’influence occidentale en particulier l’influence française, ce qui trouve un écho positif auprès de la population à majorité jeune. Son positionnement révolutionnaire et son engagement envers l’unité africaine plaisent à de nombreux Burkinabè, en particulier la jeunesse. « Il y a un troisième élément pour moi, le fait que par sa jeunesse, par son franc-parler, par sa posture impérialiste, Ibrahim Traoré rappelle un autre président Burkinabè qui est le capitaine Thomas Sankara dont on ne peut pas douter de la popularité près de 40 ans après son décès », estime Seidik Abba, président du Centre international d’études et de réflexions sur le Sahel (CIRES).
Le régime militaire au pouvoir au Burkina multiplie les actes symboliques voire populistes pour renforcer son image. La décision de renoncer au salaire présidentiel et de choisir le modeste revenu qu’il recevait en tant que leader de l’armée l’a rendu populaire auprès du public.
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