Charles Ateba Eyene, à jamais « Héros National »

Ils seront venus par milliers lui rendre cet ultime hommage ; dans la matinée d’hier jeudi 27 mars 2014. La morgue de l’hôpital général de Yaoundé était alors noire de monde. On pouvait, au premier regard, constater qu’ils appartenaient à toutes les couches sociales : des moins jeunes aux plus âgés, chacun tenait à saluer la mémoire de cet illustre personnage, grand acteur de la scène sociopolitique du pays, qui sera resté ferme sur ses convictions jusqu’à son dernier souffle. Journalistes, hommes politique, moto-taximen, chauffeurs, autorités, artistes musiciens, on en comptait de tous les domaines. Curieusement, pas assez de camarades de parti, quand on sait que la chapelle politique à laquelle appartenait le défunt venait de souffler sur sa 29^ème bougie, et qu’il y militait depuis 25 ans déjà… Les camarades de Charles l’auraient-ils abandonné ? Où serait-ce le spectre de la fameuse « liste des indésirables » qui aurait fait son effet…

Une réalité qui ne va pourtant pas échapper à ses « amis », ce bas peuple qui lui témoignait toute sa solidarité, et les poussera à huer quelques visages qu’ils estimaient « niais » pour la circonstance. « Président », « le Père », « Héros national », sont quelques noms scandés dans l’assistance. Le corridor de sécurité manquera de peu de causer le pire ; quelques voix s’élèvent alors pour rappeler : « Notre papa Charles n’a jamais voulu de policier dans son deuil ; c’est le deuil du peuple et non des policiers », pouvait-on entendre. De mémoire, on aurait plus vu telle affluence depuis les obsèques de Marc-Vivien Foé. L’hymne national retentira, et le ton solennel en disait long sur la valeur que lui porte le peuple tout entier…

A l’extérieur de la morgue, le dispositif sécuritaire et les camions anti émeutes, visiblement là plus pour dissuader que pour mater la foule, avaient pris position. Le cortège aura pourtant du mal à sortir de la morgue, tant ils étaient nombreux à vouloir toucher du doigt et témoigner de leurs propres yeux la dépouille du « digne fils » du pays. La marée humaine va par la suite entamer une longue marche sur les artères de la capitale. Du quartier Ngousso à Elig Essono, en passant par warda, il y était quasiment impossible de circuler.

Là encore, le pire a été évité de justesse ; le corbillard qui bénéficiait d’une ceinture de sécurité pilotée par des forces de l’ordre, est soudainement rediriger vers l’autre sens au lieu de poursuivre en direction du Boulevard du 20 mai. Ce qui provoquera un tohu-bohu général et les esprits s’échauffent de plus belle. N’eut été les interventions de Mathias-Eric Owona Nguini et de Pascal Charlemagne Messanga Nyamding, tout aurait peut-être viré au vinaigre. Tout revient dans l’ordre, le carrefour warda est bloqué, et le corbillard s’immobilise au Boulevard du 20 Mai pour ce moment symbolique où émotion et patriotisme gagneront l’atmosphère. Dès l’entame de l’hymne national à ces lieux, cris, hurlement et pleurs déchireront le ciel… Même les curieux, juchés sur les fenêtres d’immeubles aux alentours, se joignaient d’une certaine façon à cette cérémonie singulière.

Le cortège met le cap sur Marie Gocker, la paroisse devant accueillir la dépouille de Charles Ateba Eyene ; ce sont des milliers de yaoundéens qui s’y ruent pour admirer une dernière fois celui-là qui les aura défendu jusqu’au dernier souffle. Le corps du « héros national » y sera exposé jusqu’à l’aube, et le podium à l’extérieur annoncera une veillée très animée, car le regretté savait aussi célébrer la joie.

La suite du programme des obsèques prévoit :

Vendredi 28 mars 2014

10h : Départ pour le village Bikoka par Lolodorf

15h30 : Arrivée et installation de la dépouille au domicile à « Zen Bibia »

20h : Culte et grande veillée jusqu’à l’aube

Samedi 29 mars 2014

10h : Début des cérémonies traditionnelles

Messe et témoignages

Inhumation

Collation

Darysh Nehdi