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Beko Sadey : la mater qui a dérapé

Cette sortie a été surprenante parce que l’artiste a apparut sous un nouveau visage musical. Pourtant on la connait dans un style qui depuis lors lui allait si bien : le makossa. Certes elle a voulue changer un peu d’air, faire quelque chose d’originale. Et pour y arriver, elle a choisie d’allier ou de marier son style avec un autre qui tient souvent à controverse : le rap. Ce style n’est pas nouveau, ce surprenant mélange alchimique du rap avec le makossa ou du makossa avec le rap. Ceci parce que les rappeurs camerounais l’avaient déjà adopté et l’avaient même baptisé : hip-makossa. C’est-à-dire, faire du hip hop sur du makossa. Comme jouer du foot sur une ère de sky. Mais Beko Sadey n’a pas voulue déroger à la règle, elle a fait du rap sur du makossa et non le contraire.

Pour joindre le fond à la forme, le dire au faire, elle a donné à sa chanson un titre qui lui va assez bien : « la mater rappe ». C’est vrai que cela ne valait pas la peine de le préciser sur tout un titre, la chanson parle d’elle-même. Tout au long de ces trois minutes et poussières, sur un fond makossa, elle essaie vraiment de rapper. Elle essaie de faire rimer le premier vers avec le second. Elle essaie même de garder le souffle. On assiste vraiment à une réelle gymnastique musicale. Dire qu’elle s’est même habillée conformément à la circonstance, donc y’avait vraiment du sérieux là.

Longtemps les rappeurs camerounais avaient pensé bien faire. Du hip-makossa au nom de je ne sais quelle culture. Le fait de greffer le hip hop, un art singulier, à un makossa sans grande idéologie. Ils ont longtemps usé du makossa ou du bikutsi pour décorer leur hip hop en panne de beauté. Beko Sadey a donc trouvé légitime d’utiliser aussi le rap à ses propres fins musicales. Elle s’est dite en elle-même : mais pourquoi pas ??? Puisque les rappeurs font déjà du makossa, nous aussi dit’ elle nous pouvons faire du rap sans problème. Et il faut leur prouver ça ! Encore que la musique à notre temps, à cause de la conjoncture, est devenue un jeu, vidé de tout son sens originel. Alors nous n’avons aucun droit, ni aucune caution morale de lui refuser cet exercice. Sachons aussi que dans tous les artistes recherchent le buzz à tout prix.

Qu’est ce qui nous amène donc à penser que, la « mater » a dérapé ? Qu’elle a failli, qu’elle s’est cogné la tête contre le mur ? Ce qui peut donc justifier cette affirmation qui ferait dire que Beko sadey a dérapé, peut se trouver dans son propre rap. Dans ce texte, cet agencement artificiel des mots, qu’elle se charge juste de rapper l’a conduit n’importe où. Elle est arrivée à affirmer quelque chose de très grave. Dit’ elle « entre le rap et le makossa il n’y a qu’un seul pas ». Ceci est une erreur gigantesque à réprimer avec la plus grande énergie. A subjuguer avant qu’elle ne s’ancre dans nos esprits faibles et réfractaires à la critique. Cette pensée a été mise à jour et entériné par les rappeurs camerounais en panne d’inspiration. Ils nous ont fait croire qu’il ne faut pas faire le rap comme en France ou aux states. Et pour cela il était facile de greffer au rap nos propres styles musicaux, aussi traditionnels soient’ ils.

Où ces rappeurs ont fait erreur et où Beko Sadey n’a pu mieux faire que de la perpétuer, c’est au niveau de ce mélange. Le rap il faut le dire est une musique urbaine, et que le makossa ou le bikutsi ou même le magabeu ne sont que des musiques restées traditionnelles. Je sais que plusieurs brandirons l’argument du jazz ou du bleues. Il faudra aussi avoir le courage de leur dire que ces styles ont été empruntés en partie par les premiers rappeurs pour créer le rap. Le rap ainsi crée n’est plus à recréer. Le Christ disait qu’ « on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres ». Et le rap est jusqu’à preuve du contraire incompatible aussi bien sur la forme que dans le fond avec le makossa ou le bikutsi. Surtout dans le style où ils s’exercent aujourd’hui. Le rap est essentiellement revendicateur, et Le dictionnaire Larousse  le défini si bien : « musique soutenant un chant scandé sur un rythme très martelé ». Alors je veux que quelqu’un me dise en quoi le makossa et le bikutsi ont un rythme martelé, pour ne pas dire très martelé comme Pierre Larousse. Le rap est le rap ou n’est pas. Il n’existe pas de rap avec des épithètes. Le rap est universel. Or le réduire par des épithètes régionales et tribales n’est qu’une pire erreur.

Ce n’est pas dire qu’en faisant du rap on ne peut s’inspirer un peu d’autres styles. Comme Booba l’a dit il ne faut pas être prisonnier dans son rôle. Mais le faire à en dénaturer l’essence même du rap, nous disons là qu’il y’a un véritable problème. Youssoupha l’a dit : « il faut de tout pour faire un rap, mais le but étant de rester authentique. » Authentique à quoi donc, au rap, à son style, à ses codes. Recours encore au dictionnaire, qui définit authentique comme ce « dont la réalité, l’origine ne peut être contestée, vrai, sincère ». C’est donc pour ça que le terme « faux rappeurs » existe. Pour ceux là qui ne sont pas authentique. Ils ne sont pas vrais, l’origine de leur rap tient à contestation.

Beko Sadey et ses collègues doivent donc savoir qu’entre le rap et le makossa ou le bikutsi, le fossé est grand. Messieurs dames. Le makossa ne revendique rien du tout et ne propose rien non plus. Il a aujourd’hui une autre finalité, et joue un autre rôle. C’est la raison pour laquelle l’ainé des Deka a eu raison de chanter « makossa phoenix ». Car il a constaté la mort du vrai makossa des années des indépendances, et demande sa re-naissance. Or comme l’ont soutenu les premiers rappeurs, surtout les membres du groupe Assassin, « qui peut prétendre faire du rap sans prendre position » ? Le rap n’est pas là pour plaire, mais pour vexer, pour inquiéter, pour proposer et changer des mentalités. Il peut par delà distraire ou plaire, mais pour y arriver il ne faudrait pas, de son essence s’en dépouiller, de tout ce qui ferait sa marque, son authenticité. Comme je l’ai déjà dit à tous ces adeptes du hip-makossa, par malheur en voulant faire l’ange ils ont fait la bête la plus affreuse. Beko Sadey comme plusieurs voulant rapper bien ont bien dérapé.

By TATLA MBETBO Félix, dans la capitale,

Rédacteur en chef à Kamerhiphop.com

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