Christian de Fribourg : « Tout se monnaye chez nos animateurs ; c’est dommage »

Le showbiz est votre terrain de chasse, mais ils sont certainement nombreux, ceux-là qui vous découvrent nouvellement dans nos colonnes ; alors, qui est Christian de Fribourg ?

Merci de m’avoir permis enfin de passer chez vous, culturebene.com est devenu en très peu de temps une grosse machine incontournable dans le domaine de la culture afro en général. Ce site est une force pour nous autre camerounais. Pour revenir à vous, Christian de Fribourg est un camerounais opérant dans le showbiz. De vrai nom Christian Menyengue, c’est l’artiste Tsimi Toro, dont j’assure le management, qui m’a donné ce nom : Christian de Fribourg, estimant qu’il sonne mieux pour l’univers dans lequel j’opère.

Et comment fonctionnez-vous, dans cet « univers » ?

Disons que je ne suis qu’un pion dans le showbiz camerounais, dans la mesure où j’aide des artistes, je me bats à ce que la culture camerounaise évolue, notamment dans la promotion des évènements, la production des artistes, et le management artistique du côté de la Suisse et ici au Cameroun aussi.

Après votre formation à l’Ecole Normale d’Instituteurs au Cameroun il y a quelques années, vous vous êtes rendu en Suisse où vous vous êtes lancé dans l’alimentaire au sein de grosses entreprises. Mais comment se fait le virage pour le showbiz ?

Disons que je suis à la base un amoureux de la culture africaine et camerounaise en particulier. Avant mon départ pour la Suisse je travaillais déjà avec pas mal d’artistes locaux notamment Tsimi Toro. Mais cette passion s’est accentuée une fois que j’ai fait le constat qu’en Europe il manquait des évènements qui devraient servir de vitrine à la musique camerounaise. Il fallait donc penser des concepts pour faire voyager nos artistes d’ici pour là-bas, afin qu’ils puissent faire plaisir à nos frères de la diaspora. Et je m’y suis attelé. En marge de cela, nous avions entrepris de produire aussi ces artistes, car le contexte actuel au pays ne valorise plus l’artiste. Nous avons également pensé mettre en place un concept sur place qui réunirait autant d’artistes possible. Ce concept c’est l’évènement « La Nuit des Voyageurs » qui sera à sa quatrième édition cette année. Nous comptons inviter aussi d’autres artistes internationaux à l’instar de Davido, Serge Bénaud, P Square avec qui nous sommes en pleine négociation.

Quels sont les artistes avec lesquels vous travaillez actuellement ?

Je citerais Tsimi Toro, Karine Beyala, Blaisy l’Amour, Try-Dimas, et Eva Nam.

C’est évident, votre boulot, au quotidien ?

Vous savez, pour faire dans ce milieu, il faudrait à la base être un féru de la culture, avoir du relationnel et être très patient. Mais ça demande aussi un savoir, du temps et de la disponibilité. Moi j’ai mes relations, et c’est capital dans le showbiz.

Vous est-il arrivé de claquer la porte à un artiste ?

Ça arrive ; je me souviens que l’an dernier, quand on préparait la Nuit des Voyageurs, nous étions déjà à 15 millions de dépense sur le projet d’un artiste mais il n’était toujours pas prêt. Et ce dernier avait une telle suffisance qu’il ne levait même pas le petit doigt pour se vendre. Il restait carrément chez lui croisant les bras, espérant que ce soit nous qui fassions tout à sa place. Vous imaginez la suite…

A quand une agence de communication et de management artistique au Cameroun, de Christian de Fribourg ?

J’y travaille ; je puis même vous dire que le matériel est prêt et il arrive bientôt –tout un conteneur qui viendra de Suisse-, il va juste falloir trouver un bon local. Cette structure permettra aux artistes d’entrer chez nous et de ressortir « complets », c’est-à-dire avec leur produit, et tout ce qui va avec.

Votre regard sur le showbiz camerounais ?

Je dirais qu’il avance malgré tout ; mais sans vouloir tirer à boulets rouges sur certaines personnes, je trouve qu’il y a des améliorations à faire autour de la promotion de nos artistes. Au niveau de nos hommes de médias, c’est la galère totale car ils ne prennent plus en compte le talent, chez eux tout se monnaye. Et c’est dommage.