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Erta : « Mon album ‘Retours aux Sources’ est une cuisine faite à ma façon »

 Presqu’autodidacte, la chanteuse met une grosse pincée de couleurs dans son style pluridimensionnel. La fraicheur de l’amour qu’elle célèbre  finement pour son Afrique en général et le Cameroun de son cœur en particulier est le levier de la musique qu’elle chante. Ses origines se confondent et se bousculent dans son vécu et son désormais. D’ailleurs, Erta associe sa grâce aux bonnes mélodies de sa musique cosmopolite, pleine de sonorités de partout. En séjour au Cameroun pour la promotion de son tout premier album « Retours aux Sources », Erta nous fait le plaisir de livrer le fond de la crème de son parcours et la quintessence de son savoir-faire musical.

Bonsoir Erta, tu es une artiste camerounaise très talentueuse. Tu fais également les têtes d’affiche de spectacles, à l’exemple de l’Open Jam Mandela. Cela dit, quelles sont les origines de cette verve qui t’as pris pour la musique ?

Moi déjà, par rapport à mon entourage et la famille, je commence très jeune. C’est un peu drôle de le dire mais on me dit qu’à trois ans, je commençais à ameuter tout le quartier, à crier à gauche et à droite, à chanter, à imiter tous les classiques. A 5 ans, j’ai un accident de voiture et là, je le raconte en chansons ! C’est comme ça qu’on découvre que j’ai du talent et, on m’appelait à gauche et à droite pour chanter. Depuis ce temps là, je n’ai pas arrêté. A l’école, au lycée puis progressivement, je me retrouve entrain d’entrer dans la musique. En 1996, je suis avec Authentic Clic, on bosse sur un album qui sort en 1998. En même temps en 1998, je commence le cabaret. Je commence à la Terre Battue. Je travaille mes propres chansons comme répertoire de cabaret. Mais en même temps, j’interprète aussi. Donc, j’apprends au fur et à mesure des chansons pour grossir mon répertoire.

Cela veut dire que tu as appris quasiment toute seule, sur le tas et tu n’as jamais fait d’école de music ?

Non ! Je n’en ai jamais fait ! C’est le cabaret qui a été pour moi comme une école de musique. En 1998, je commence jusqu’en 2004 quand je quitte le Cameroun pour m’exiler ou m’expatrier au Canada, je ne trouve pas le mot ! (rires). Entre temps, pendant que je faisais les cabarets, j’ai fait plein de concours. Entre autres, le concours de la chanson Mutzig et participer aux Ecrans Noirs. J’ai fait un spectacle au Centre Culturel Français en 2002 je crois ! Et après, j’ai fait Promote… J’ai fait le Concours International des Voix de Femmes ; le Massao en 2003 où j’ai gagné le Prix de la Révélation RFO.

Un parcours plutôt élogieux tout de même. Ce n’est pas donné d’avoir en face de soi, une artiste qui a autant de corde à son arc avec le temps. Mais quelles sont les différentes influences qui t’ont poussé vers la musique ; les artistes qui te servent de répertoire, d’inspiration ?

Toute jeune, mes parents écoutent beaucoup les anciens volumes de slows français ; tous les anciens chanteurs congolais célèbres, la Rumba… J’ai écouté beaucoup ce genre de musique à la maison et dans mon quartier, parce que j’ai grandi dans un quartier populaire. Il y’a beaucoup cette influence de Makossa, dans les bars… J’étais très proche de ma culture parce qu’à Nkolndongo, il y’a un quartier appelé Quartier Mbo’, ma tribu. Toute ma famille était dans ce quartier là. J’ai été entourée de ma culture typique. Je suis originaire de Nkongsamba. Mais à Nkolndongo, je retrouvais ma culture. La culture de mon village, là dans ce quartier. A chaque fois, il y’avait des associations des femmes Mbo’. Elles pratiquaient la danse de chez nous avec les Kaba Ngondo. Et là, je suis proche de la danse traditionnelle de chez moi et, le chant traditionnel de là aussi. J’ai grandit dans les bras de ma grand-mère qui me faisait des berceuses. Donc, c’est de là que part l’influence parce que si vous écoutez la chanson dont je vous parlais ; celle que j’ai chanté à l’âge de 5 ans, c’est le Ngondo typique de mon village. C’est de là que ça part et avec le temps, je commence à avoir ma propre couleur. Je suis très ouverte, j’ai été tantôt avec les rappeurs d’Authentic Clic ; je suis très polyvalente. Peut-être par rapport à toutes ces musiques, je n’ai pas mis de barrière. Je n’ai pas un artistes particulier mais il y’en a qui m’émeuvent vraiment comme Youssou N’Dour qui est indiscutable et beaucoup d’autres que j’écoute comme ça et que j’aime à fond. Mais, des fois c’est juste des chansons. Un artiste peut sortir une chanson et c’est celle-là qui me marque. Donc, ce sont un ensemble de musiques qui a bâti mon inspiration !

Voilà, tu nous fais voyager dans ton univers. Tu es une fille Mbo’ de Nkongsamba. Tu reflètes en même temps à travers tes dreads locks, l’Afrique pure et libre ; bref ton africanité pure à travers aussi tes dires. Tu as été bercée par la musique africaine et un tout petit peu titiller par la musique française. Il se trouve que tu as sorti un album très évocateur, intitulé « Retours aux Sources ». De quoi s’agit-il à l’intérieur ?

Déjà Retours aux Sources parce qu’en 2004, je m’en vais au Canada. Et je pars avec un album qui n’avait pas été fait. J’arrive là-bas et je ne bouge plus musique. Je dois m’intégrer donc je suis retournée à l’école, j’ai commencé à travailler ; la musique me manquait. Dans ma tête, je revis le Cameroun pour garder cette connexion, pour rester musique. Je revis le Cameroun et comme ça, je peaufine ces chansons. Retour aux Sources parce que c’est le Cameroun qui me donne l’inspiration de tous ces chefs d’œuvre, si je peux me permettre, donc j’ai le mal du pays, la nostalgie du pays natal. Et je baptise l’album « Retour aux Sources ». C’est le premier sorti en 2012, il est encore tout frais avec l’inspiration d’ici.

Dans « Retours aux Sources », quelles sont les différentes influences dans lesquelles tu fais voyager les mélomanes ?

Ma musique, on peut la voir mais c’est un mélange de toutes les musiques du monde. C’est pour ça que je dis toujours que je fais la musique du monde donc la World Music. C’est vraiment un mélange. Si on tend bien l’oreille, on va entendre un peu de Rumba ou de Salsa ; un peu de Blues, de Jazz et de l’Essewe de chez les Duala, du Ngondo de chez nous. Un mélange très subtil. Il faut vraiment prêter l’oreille pour voir que c’est cuisine faite à ma façon !

Je remarque sur la pochette que les arrangements ont été faits par le frère Blick Bassy. Comment le travail s’est fait avec lui ?

Ça s’est très bien passé. J’avais déjà commencé à travailler avec Blick ici au Cameroun. A l’époque du Macase, il aimait ma voix et me dit on va souvent faire quelque chose ensemble, je compose, tu chantes, ainsi de suite. J’aimais bien travailler avec lui, mais on n’a pas eu le temps de murir ce projet. Chacun est parti de son côté. Moi, je suis parti au Canada et lui en France. Au Canada, je travaille avec des studios, ce n’est pas vraiment ça, alors je le contacte. Je luis dis, tu connais ma musique ; et puis les mélomanes et les artistes et venaient au cabaret et j’étais l’une des rares chanteuse qui chantait ses propres chansons, ses propres compositions dans les cabarets (rires). Donc, je lui dis tu connais ma musique et tu peux m’apporter ce que je recherche parce qu’il manque toujours quelque choses quand je vais ailleurs. On s’arrange, je quitte le Canada pour aller à Paris, à faire des arrangements de cet album. Ça s’est très bien passé…

Là sur la pochette, je vois l’image de cette reine africaine ; il y’a l’Afrique du sud qui ressort, le Kenya ; en même temps, on voit le Cameroun, le Congo. C’est un véritable voyage et bel et bien un retour aux sources à travers tes tenues d’apparat. Est-ce c’est un état d’esprit continu en toi ?

Oui, oui, moi je suis très route. Côté tenue, c’est un coup de foudre et ça a commencé il y’a longtemps. J’ai juste vu que c’était vers là que je m’en allais. Quand je m’habillais pour la scène, j’avais envie d’être une princesse ! Je me sens comme une princesse africaine. Et c’est comme ça que je m’habille quand je vais chanter. J’aime tout ce qui est africain quand je me mets sur la scène parce que ça reflète aussi la musique que j’ai envie de véhiculer.

Dans ton album, tu as travaillé avec d’autres personnes telles que Mathieu Romer, Raymond Kashiba, David Aubaile. Comment ça s’est passé avec eux ?

Oui, avec David c’était à Paris avec Blick… Euh Raymond et Romer c’étaient au Canada. On s’est un peu départage, on a fait les arrangements à Paris, le mixage au Canada. Ça s’est bien passé !

Es-tu en préparation pour un nouvel album, ou tu es toujours en promotion de celui-ci ?

Cet album en fait, je n’ai pas eu le temps d’en faire la promotion. Donc, pour moi normalement il n’est pas encore sorti. Au Cameroun, officiellement il n’est pas vraiment paru parce que j’ai eu deux bébés. J’ai fini l’album et j’étais enceinte ! Donc j’ai retardé, le temps d’accoucher. Et comme je suis mère poule, j’ai d’abord pris soin du premier bébé. Donc, une chose à la fois ! Puisque le premier bébé est déjà grand. Et là, je suis donc revenu pour faire la promo du deuxième bébé. Je vais faire la promo mais à partir de février, je commence à travailler non seulement en conservatoire où j’ai quelques petites bricoles à apprendre ; et puis pendant ce temps, je travaille le prochain album.

Toi qui est de l’autre côté et qui a gardé ton style à l’africaine. De tous ces voyages que tu effectues, quelle est la différence que tu arrives à faire de là-bas et d’ici pour pouvoir sortir ton propre truc, qui reste toujours greffé à ta culture profonde ?

 Je suis quelqu’un de très cérébral ! Ma musique à la base est beaucoup plus dans ma tête. Je travaille et tout ce que j’écoute, j’emmagasine et à ce moment là je commence à travailler. Quand je travaille, tout ce que je ressens sort de ma tête. Ce n’est pas des influences externes. Ce qui fait que si j’ai pu emmagasiner en plus de 20 ans, des chants, des musiques ou alors en images, tout mon pays, l’Afrique en moi. Ce n’est pas en 10 ans que ça va s’envoler. Ce que je fais c’est que je prends un peu d’ailleurs. Et même quand j’étais ici. Vous savez que l’Afrique est ouverte à l’étranger. On a de l’influence des musiques des Etats-Unis et tout… Si je n’ai pas été influencé, ça veut dire que ce n’était pas mon couloir. Ce n’est pas là-bas que je vais changer quand même… Au contraire, c’est même quand tu es sur place que ce qui vient de loin que tu as envie de t’approprier. Quand moi je suis loin, c’est l’Afrique qui m’appelle ; c’est l’Afrique qui me parle ! C’est comme ça que je réussi à garder mon Afrique en moi. Je ne pense pas quelqu’un pourrait me l’enlever.

Ça c’est ton côté african proud quoi ?!

Voilà !

Tu as un spectacle prévu pour le 09 Janvier 2014 au Yao Ba, comment as-tu préparé ton spectacle et comment tout cela c’est ficelé ?

Mon séjour était très juste !! Ça fait que ça n’a pas été facile de ficelé quelque chose. Et bien sûr c’était les fêtes, il y’avait beaucoup d’événement. Je ne voulais pas vraiment fondre dans tout ça. J’ai préféré le faire en janvier, après les fêtes. Ça se prépare bien, calmement. J’aurai quelques artistes avec moi, Sanzy Viany, Lorenoare, Daniel Ngan, Kiriiah et plein d’autres dont ça va dépendre de leur programme… Je suis sereine, les choses sont entrain de bien se passer.

Le Yao Ba est plus sélect pour un certain public. Ta musique vise-t-elle une cible de ce genre ? Y as-tu pensé ?

J’avoue que j’ay ai pas vraiment pensé ! (Sourire) euh je connaissais le chef d’orchestre du Yao Ba. Je connaissais d’autres salles aussi ; c’est celle qui m’a été accessible que j’ai accepté, selon la date que j’ai donné aussi (rires) ! C’est vrai que j’ai entendu dire que …

En tout cas, nous sommes ravis que tu viennes au pays enfin présenté ce bébé « Retour aux Sources ». On entend parler de toi depuis. Mais n’es-tu pas souvent venu au pays, te valoriser tout court, ta musique avec ?

C’est vrai que j’ai eu mon fils par césarienne ! ça prend du temps pour cicatriser et puis, il faut avouer que le Canada, ce n’est pas l’Europe. C’est un peu loin. En plus à l’époque je travaillais, donc prendre un congé, ce n’est pas toujours dépendamment de ma volonté, pour une fois je dois l’admettre… Il y’avait tous ces paramètres qui faisaient que je ne pouvais pas. Je suis venue il y’a deux ans quand j’étais enceinte pour me reposer ! Et là, j’ai tourné le premier clip de « Bekem » malgré que l’album n’était pas encore vraiment terminé. C’était pour mette la puce à l’oreille aux gens. J’ai fait une ou deux émissions pour annoncer qu’il y’avait un truc qui arrivait mais comme j’étais enceinte, je suis partie et j’ai encore planifié pour revenir. Ce n’est pas évident !

Ok, as-tu un dernier truc à rajouter pour terminer ?

Juste pour dire que l’album « Retour aux Sources » est disponible chez Culture Mboa et Mazo Kultur.

Contacts Erta

roseerta@yahoo.fr

(+237) 98 49 36 75

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