Aïjo Mamadou : « Beaucoup veulent se servir des artistes, alors je préfère rester neutre »

Le lion blanc, Aïjo Mamadou vient de commettre son tout nouveau projet musical intitulé D’Bar.Ac (Débarrasser) ; il s’agit d’un maxi single de quatre titres dans lequel il collabore avec Lady Ponce (dans le titre phare). Ce dernier précisera ne faire partie d’aucun clan en rapport avec les batailles qui animent le milieu artistique ces derniers temps, et estiment que tout ceci aurait un but destabilisateur.

Vous nous présentez aujourd’hui le maxi single « D’Bar.AC » ; peut-on savoir de qui voulez-vous vous débarrasser ?

En fait vous et moi nous débarrassons de tout ce qui nous dérange, de tout le lot de problèmes qui nous embêtent en permanence. C’est un peu ce que je dis dans le titre phare de cet opus.

Et qu’est-ce qui embête Aïjo, particulièrement ?

Personnellement rien ne m’emmerde, hormis peut-être le faux, la piraterie, bref tout ce qui empêche mon épanouissement en tant qu’artiste.

C’est la deuxième œuvre que vous produisez de vos propres poches.

Oui ; mon dernier album je l’ai produit tout seul également.

Parlez-nous de ce maxi de manière globale ; comment et dans quelles conditions a-t-il été conçu ?

Disons que je l’ai amorcé tout seul, puis j’ai fait appel aux services de mes jeunes frères Francis Mbé des studios Black Feeling Records et Aimé Lebeau. C’est vrai qu’il y avait déjà le projet « Vue de face » qui était en construction, mais j’ai décidé de le mettre de côté pour me concentrer sur celui dont on parle. Quand j’écrivais « D’Bar.AC » ma jeune sœur Lady Ponce passait par là, alors je lui ai proposé d’y intervenir si ça ne la dérangeait pas ; c’est avec beaucoup de plaisir qu’elle a dit Oui, et on s’est mis au travail. Bref, c’est dans ce climat qu’on a réussi à sortir ce produit, et avec les petits moyens à ma disposition j’essaye de le distribuer comme je le peux. Vous pouvez déjà appeler le 96 53 14 99 pour ce magnifique coffret de Cd plus le DVD à 2000 francs seulement.

On y retrouve essentiellement du bikutsi ?

Oui c’est juste du Bikutsi.

Ça bouge beaucoup ces derniers temps dans la grande famille artistique camerounaise ; il y a des syndicats qui se forment, des guitares ont été offertes, une grande répartition est même d’ailleurs en cours venant spécialement du Chef de l’Etat. Quelle est la position d’Aïjo Mamadou jusqu’ici ?

Je suis neutre et je reste neutre parce qu’aujourd’hui beaucoup se servent des artistes pour leurs propres intérêts et très souvent cela laisse des séquelles au sein même de la famille artistique ; il y en a qui sont prêts à trahir leurs amis parce qu’on leur aurait promis ci ou donné ça. Je n’aimerais pas me retrouver dans une situation où on dira il a perçu telle somme de X ou Y. Je préfère rester dans mon coin et regarder les autres faire. Chacun crée des concepts autour des droits d’auteurs et monte les artistes les uns contre les autres. Voilà, même la société des droits où on gagnait un franc symbolique, a aussi fermé les portes. Donc je reste en retrait, travaillant ma musique en espérant que demain soit meilleur. Je dis juste que ces bagarres entre-nous ne nous mèneront nulle part.

Si le milieu est devenu difficile et que les maux qui le minent sont légion, il n’en demeure pas moins vrai qu’il y a une jeune génération qui bon an mal an continue le combat. Quels sont les jeunes qu’Aïjo écoute en ce moment ?

Oh ils sont nombreux et j’aime écouter ce qui est bien fait ; j’écoute des jeunes comme le X-Maleya, le Mbalè Mbalè, Dynastie Le Tigre, Krotal, Avenir Ava, et dans le bikutsi j’ai mes amis Josco, Pierrot, Lady Ponce, Aimé Lebeau, je ne saurais tous les citer. C’est vrai qu’il y a beaucoup de brebis galeuses. Mais je me dois d’écouter les autres car ça vous permet vous aussi de ne pas être monotone, de varier un peu.