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Kissilâ : « Quitter la musique pour moi serait mettre fin à ma joie de vivre… »

Kissilâ est une chanteuse Camerounaise, auteure-compositeur, interprète et productrice de musique. Une pure merveille qui a su déceler les secrets de l’Afro House. Apatride et passionnée de musique, cette féline venue de l’Ouest du Cameroun suscite alors pas mal d’attention. Elle nous raconte son parcours…

Bonjour Kissilâ, déjà à quoi renvoi ce nom qu’on trouve d’ailleurs très originale et authentique ?

Bonjour Culturebene. Je tiens tout d’abord à vous remercier de cette entrevue que vous avez bien voulu m’accorder. Mon prénom est Guyzela  qui se traduit en ma langue maternelle, le Bafang  (l’Ouest du Cameroun),  Kissilâ : « Kissi » qui veut dire « la cuisine » et « lâ » qui est « calme » – Ça signifie « la cuisine est calme ». Ma mère m’a toujours appelé ainsi. J’ai voulu un nom d’artiste hors du commun, un nom original comme vous le disiez tantôt.

Alors racontez-nous vos débuts ; comment et pourquoi vous intéressez-vous à la musique ?

La musique a toujours été ma passion. J’ai commencé à chanter à l’âge de 7 ans en intégrant diverses chorales locales des églises de la ville de Yaoundé. Tantôt je chantais avec la chorale des Bétis mais aussi avec celle de l’église des Duala (Douala ou Sawa) ou encore avec celle des jeunes, en français. Alors depuis, je n’ai plus jamais arrêté, comme sous la douche, au réveil, dans la rue, lors des anniversaires en famille ou pendant ceux des amis où j’interprétais des chansons. Adolescente, j’ai à l’époque eu la chance de côtoyer de grands musiciens professionnels en chantant notamment pour les cabarets l’Equateur’ et Le Pacific Palissade à Akwa (Douala) au Cameroun. En Angleterre, j’ai accompagné plusieurs artistes en studio et sur scène. Je ne passe pas une seule journée sans chantonner. En fait, j’ai réellement démarré en tant que professionnelle de la chanson dans les années 90, en tant qu’interprète de blues. J’ai énormément fait la scène en blues lady (Cf photo). J’ai, par ailleurs, fait la première partie des Neg’ Marrons en 2008 alors qu’ils étaient en tête d’affiche pour le festival de musique de la ville de Meaux en France. Ensuite j’ai enchaîné tout en étant sollicité pour plusieurs festivals de blues dans la région Parisienne. Par la suite, j’ai enchaîné avec du gospel (du negro spirituals) en faisant partie de quelques chorales en Grande-Bretagne, puis en France. Mes prestations de gospel se sont très vite répandues et je suis très souvent invitée à chanter pour diverses occasions (mariages, veillées, baptêmes, anniversaires) où je chante accompagnée d’un pianiste et d’un saxophoniste ou d’un harmoniciste. Quitter la musique pour moi serait mettre fin à ma joie de vivre.

Certainement vous vous êtes laissée guider par des icônes ou modèles. Qui sont-ils ?

Oui, évidemment. Tina Turner  a toujours été mon idole, mon modèle. La rage qu’elle dégage sur scène et son charisme. J’avais ses posters dans ma chambre quand j’étais enfant, et je la considérais comme ma deuxième maman. Sans oublier, Anne Marie Nzié, notre maman de la musique camerounaise dont j’ai tous les best of, et Myriam Makeba de l’Afrique du Sud. Whaoh ! qu’est-ce qu’elles m’inspirent ! Pour moi, elles restent les plus grandes légendes. Elles ont de grandes voix et ont beaucoup influencé mon parcours musical. Je les écoutais à longueur de journée et j’imitais leurs techniques vocales. Je cite, par ailleurs, James Brown par sa grande présence scénique. Je leur tire ma révérence…

A un moment on n’a trace de vous qu’en Angleterre ; dites-nous comment s’est fait votre départ du pays et ce qui vous emmène aux Royaumes Unis ?

Oui, l’Angleterre car c’est là où j’ai fait une bonne partie de mes études supérieures. J’ai quitté le pays à un moment où c’était très bien vu d’avoir étudié à l’étranger. Partir pour l’Europe était une aubaine à cette époque là, à la différence d’aujourd’hui où l’Afrique devient l’eldorado incontournable pour le reste du monde. Comme vous avez pu le constaté, le retour des cerveaux commence à se faire progressivement en faveur de l’Afrique. Sans parler de nos rythmes qui commencent, par ailleurs, à infiltrer la scène musicale mondiale.

Etait-ce facile d’allier les études au chant ?

Certains diront, non. Mais me concernant, ça a été une évidence. J’ai pu concilier ma vie d’artiste à mes études sans beaucoup de difficultés, car la musique est plus qu’une passion pour moi. Même en rédigeant mes mémoires de fin d’études, je m’arrêtais de temps en temps pour écrire un nouveau texte et composer, dans les minutes qui suivaient, la mélodie qui va avec. Pour moi, le chant est indispensable. Aujourd’hui je chante en anglais, en bafang, en pidgin et en français.

Concrètement, qu’est-ce qui vous convainc de vous lancer véritablement dans la musique ?

Ma passion pour la musique. Le fait de me sentir heureuse quand je compose. Bref, mon objectif avait toujours été de reprendre la musique à fond à la fin de mes études. Le fait qu’il y ait très peu de femmes productrices de musique, je me suis lancée ce challenge en me mettant à la programmation. Aujourd’hui, je suis fière de ma progression. Mon plus grand déclic s’est fait lors de mon passage au studio d’une connaissance à Paris. Je l’ai vu en action sur la programmation d’un titre et je me suis retrouvée en train de participer activement dans le choix des beats et des arrangements. J’ai terminé la journée ayant compris le fonctionnement du logiciel de programmation qu’il utilisait. C’est comme cela que j’ai décidé de franchir le pas.

Avec quel registre vous commencez et aujourd’hui vous surfez sur quelle vibes ?

J’ai commencé avec des techniques du blues en chantant l’amour, la trahison et la déception. Le blues de Chicago est un domaine que je maîtrise. Je peux composer sur n’importe quel rythme bluesy. Par contre, quand je programme l’Afro-House, je pars du 128bpm au 140bpm, tout dépend de mon humeur de l’instant. Toutefois, avec du temps, je me suis mise au chant gospel en me plongeant plus dans la spiritualité. Aujourd’hui, je me suis spécialisée en Afro House, qui est un mélange de beat africain et de la techno. Je programme moi-même mes titres, je compose mes mélodies et chante tout en faisant les chœurs toute seule. Je puise mes beat dans diverses sources et commence à être reconnue comme ayant des qualités de DJ. Dans mes titres je chante l’espoir dans la vie, les plaintes et les valeurs morales.

Parlez-nous de votre grand projet musical ?

A mon actif j’ai environ 35 titres. Mon objectif est finir mon premier album « REVEALED » d’ici la fin 2015 et de commencer avec des tournées. Mon premier single «No Chop Your Money» est sorti en Octobre 2013 et est disponible sur Amazon et iTunes. Dans « No Chop Your Money » je démontre que toutes les femmes n’aiment pas les hommes par intérêt financier. Je fais comprendre l’importance de l’amour, du mariage et la création d’une famille pour les couples. Mon deuxième single « When the Stars Fly Over » sera également disponible sur Amazon, iTunes et Google play à compter du premier Novembre 2014. C’est un chant qui parle d’espoir, un mélange d’afro beat et de dance. C’est inspiré de mes observations de tous les jours, partant des sans domiciles fixes en Europe et aux USA ou Nos pauvres nanga bokos au pays. Ca parle aussi aux personnes qui s’affaissent au cachot du désespoir, quelque soit leur raison. Ca dit qu’il ne faut jamais perdre espoir, car il y aura toujours quelqu’un pour vous tendre la main. Il y a un mélange de son excellent et ça bouge sérieusement.

Vous chantez plus en Anglais ; pourquoi ce choix ?

Il est vrai que j’ai toujours été fascinée par la langue de Shakespeare. Comme avec nos langues Africaines, chanter en anglais permet de mieux ouvrir la voix et d’avoir la chance d’être accepté au niveau international. Je chante également en langue bafang, qui est ma langue maternelle. D’ailleurs, je travaille en parallèle sur 2 titres en bafang déjà. Je n’en dirai pas plus pour l’instant car je réserve la surprise. J’ai entre autres des projets en français aussi.

Quels sont vos projets, musicalement, dans votre pays d’origine ? Projetez-vous y faire des scènes ?

Jouer au Cameroun est l’une de mes principales Ambitions. Bientôt DJ Kissilâ se produira en live au Palais Polyvalent des sports de Yaoundé avec des danseurs et danseuses exceptionnelles ! (ce n’est qu’une ambition  – j’attends l’invitation des organisateurs s’il y a lieu). Mon souhait serait de faire la scène à Yaoundé, à Douala et dans d’autres villes de l’Ouest.

Quels sont les artistes locaux que vous écoutez ?

Maman Anne Marie Nzié et Pierre Diddy Tchakounté. De nos jours j’aime beaucoup écouter Stanley Enow.

Que voulez-vous que l’on vous souhaite ?

La réussite. Que mon travail soit reconnu et apprécié. Ayant aujourd’hui créé mon propre Label « EarlyKiss Music », cela ne m’empêchera pas de signer avec une major ou un autre label ayant déjà fait sa place sur le plan international. En tout cas, j’ai confiance en ce que je fais et je réserve plein de surprise à l’horizon.

Kissilâ est-elle mariée ?

Oui, mon cœur est pris depuis très longtemps.

Quelles sont vos préférences, en termes de gastronomies, de musique ?

Elles sont multiples. J’adore les beignets haricots au petit déjeuner, du koki, du mets de pistache, du ndolè, du couscous à la sauce gombo, poulet DG, du poisson braisé, le nam’ owondo, du macabo… et tout ça avec un bon piment.

Souhaiteriez-vous saluer quelques personnes ?

Je salue mon sweetheart Andy et ma petite, « bébé Vany » qui ont toujours été là pour me soutenir. Ce sont mes fans principaux.

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