Musique et théâtre dans la région du Nord : Arterial Network Cameroon fait un état des lieux

La palabre mensuelle initiée par Arterial Network Cameroon autour des thématiques liées aux arts et à la culture, l’Art en palabre, s’est tenue le samedi 6 décembre 2014 dans les locaux de l’Alliance Française de Garoua, partenaire de l’évènement. Acteurs culturels de tous bords, journalistes, personnel de la délégation régionale des arts et de la culture, ont pris part à cette causerie-débat placé sous le thème « Théâtre et Musique, où en sont les filières dans la région du Nord Cameroun ? » Moment d’échange, de discussion, cette édition de l’Art en Palabre s’inscrit dans la logique d’Arterial Network Cameroun de faire « un diagnostic et un état de lieu des arts et de la culture au Cameroun » en prélude à la 5^e conférence sur l’économie créative prévue en 2015 au Cameroun. Le panel des intervenants était composé de Oxygène Hamada (directeur du festival Canari), Alfa Barry (artiste musicien) et Espérance Fohoul (metteur en scène).

S’agissant du théâtre, « dans la région du Nord, on assiste à une lente décrépitude du fait de la cessation d’activité par la plupart des troupes théâtrales qui avaient pourtant pignon sur rue ici il y a quelques années. On constate également le non-renouvellement du vivier de comédiens », a fait remarquer Espérance Fohoul, metteur en scène cumulant plus de 20 ans de carrière. Pourtant, le Grand Nord s’était jusqu’ici démarqué par son théâtre « originale sur le plan des créations du fait de la liberté d’expression qui a toujours animé les metteurs en scène nordistes », a pour sa part relevé Oxygène Hamada, directeur du festival des Canaris. Face à toutes les difficultés que traverse la filière théâtrale dans la région du Nord, pour les acteurs il apparaît urgent d’encourager la création de troupes à tous les niveaux, former les comédiens, créer des réseaux de diffusion des œuvres théâtrales et ouvrir des pôles culturels dans les régions et les départements.

L’art musical était également au menu des échanges ce samedi. De l’avis de Cheik Abdoul, médiateur culturel à l’Alliance Française de Garoua : « les musiques du Nord du Cameroun, d’influence sahélienne, restent largement méconnues. Elles souffrent d’une absence de visibilité tant au niveau national qu’à l’échelle internationale. » D’autre part, les artistes locaux ne maîtrisent pas toujours les codes du marché artistique national et international. Enfin, ils peinent à s’organiser collectivement et à se fédérer autour d’une identité artistique régionale ou des projets communs. Ce manque de formation, de structuration et de professionnalisation des acteurs de la filière musicale du Nord Cameroun a pour conséquence la faiblesse de la production musicale, tant en qualité qu’en quantité. Autant de maux qui constituent un frein à l’essor d’une industrie de la musique au Nord Cameroun. Il a d’abord été demandé aux artistes de redoubler d’ardeur au travail afin de produire des œuvres de qualité car il s’agit d’une filière économique. Le ministère des arts et de la culture et les collectivités territoriales ont quant à eux été sollicité pour résoudre l’épineux problème d’infrastructures

Saluer par l’ensemble des participants, cette initiative d’Arterial Network Cameroon se poursuivra avec d’autres causeries débat à venir. Cela dans le but de favoriser les échanges entre les artistes afin que ces derniers puissent entreprendre et collaborer à des actions visant une professionnalisation plurielle et un plein épanouissement des acteurs du secteur créatif dans la région du Nord Cameroun.

Rappelons qu’en Octobre 2015 il sera organisé à Yaoundé, la 5ème Conférence sur l’Économie Créative en Afrique (ACEC) sous la supervision d’Arterial Network Cameroon. L’événement sera d’un intérêt particulier pour les praticiens de l’art, les acteurs culturels, les corps gouvernementaux et autres organismes politiques, les universitaires, chercheurs, entrepreneurs, journalistes et bien d’autres. L’ACEC est une occasion unique de rencontrer et d’échanger avec les acteurs principaux des secteurs créatif africain, afin d’en identifier les défis tout en cherchant les solutions nouvelles pour faciliter son processus de croissance.

Ebah Essongue Shabba