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Dr Joker, leader du groupe PATENGUE : « Le groupe PATENGUE n’est pas mort »

Fondateur du groupe PATENGUE qui a connu un succès au Cameroun puis à travers le monde grâce au parfum de chant pygmée qu’on retrouve dans la composition de ses œuvres, Dr Joker n’en regrette pas moins d’avoir laissé le management de cet orchestre entre les mains des profiteurs qu’il dénonce d’ailleurs dans cet entretien. De retour sur la scène avec un album de 12 titres « Le retour des guerriers », culturebene a ouvert son micro à cet artiste et formateur de jeunes.

Plusieurs connaissent le nom PATENGUE, celui du groupe qui a vulgarisé le charme des chants pygmées, mais il faut dire que derrière se cache un homme qui a su matérialiser cette aventure ; cet homme c’est vous Dr Joker…

Effectivement, le groupe Patengue c’est une partie de moi. C’est mon âme, pour ainsi dire.

Et qu’est-ce qui vous inspire la création de cet orchestre ?

Tout par d’un souci personnel ; en effet je me suis fixé le challenge de mettre en vitrine la diversité culturelle des peuples de l’Est car elle est tellement belle et riche, mais malheureusement effacée.

Une histoire qui date, on imagine…

Ça c’est sûr ; cela remonte à plus de trente ans. A l’époque j’avais un groupe de musique scolaire qui me soutenait aussi, je parle des « Pop’s Clan», nous étions tous au lycée classique de Bertoua. Ce groupe a d’ailleurs vu passer des grands noms de la musique camerounaise notamment Sam Mbede, M. Fragile, Saint Désir Atango, bref ils sont nombreux. A l’époque donc, j’étais jeune fonctionnaire au Ministère des Finances et je me suis mis à encadrer les jeunes du groupe Pop’s Clan; quand j’enregistrais mes premiers albums, se sont les jeunes de ce groupe qui m’ont accompagné. C’est ainsi qu’ils ont accepté de me suivre dans mon idée de revaloriser la culture de la Région de l’Est-Cameroun. Voilà comment le Pop’s Clan devient le PATENGUE en 1989, afin de nous rapprocher de nos cultures.

Et c’est quoi le Patengué ?

En fait le nom renvoi à la danse de l’ethnie Baya dans le département du Lom et Djerem.

Et aujourd’hui encore, on y ressent de fortes influences pygmées en termes de sonorités…

Justement, étant originaires de l’Est, nous avons opté pour ce choix puisque les pygmées sont majoritaires dans cette partie du pays. Vous savez, dans un premier temps quand j’ai suggéré cette idée, les autres membres ont rit et n’y croyaient pas vraiment. Alors ils m’ont dit : « Comme c’est toi qui a proposé, c’est donc à toi d’aller chercher les pygmées afin qu’ils intègrent le groupe ». C’est ainsi que je me rendis de campement en campement, j’ai lancé des compétitions, sauf que les jeunes –avec le complexe qu’on leur connait- ont trouvé un peu ridicule le concept. C’est en ce moment que le chef d’un campement, qui lui trouvait l’idée très bonne et voyant que les jeunes n’adhéraient pas, se proposa alors. Il m’a dit qu’il accepte intégrer le groupe ainsi que sa femme. Voilà comment Papa Nkukuma et Mama Justine intègrent notre groupe et apportent une touche particulière pour compléter les œuvres qu’on avait déjà enregistrées. Mais à la grande surprise, c’est ce titre qui explose en tête des hits et fait d’eux des stars dans tout le pays, ouvrant par la même occasion beaucoup de portes au groupe PATENGUE. On a tourné à travers le monde. Le titre de cette chanson c’est Gbaaka qui veut dire pygmée.

Mais depuis le temps, on a comme l’impression que cette ferveur s’est estompée ; que s’est-il passé ?

Ce que vous dites est vrai, mais c’est plus un problème de management, car vous savez, gérer un groupe c’est pas évident du tout. Au départ je me battais seul pour le groupe PATENGUE, et tout allait pour le mieux, mais par la suite j’ai rencontré monsieur André Dibaté qui gérait les REMY (Rencontres Musicales de Yaoundé), et il m’avait dit : « Ecoutes Dr Joker, nous sommes des professionnels, laisse-nous gérer le groupe », c’est comme ça que je leur ai fait confiance, mais malheureusement ils n’ont rien foutu. Le groupe aujourd’hui est un peu oublié, pourtant nous étions sur la bonne voie. Là on s’est ressaisi, on a décidé de reprendre les affaires où on les avait laissées, et c’est reparti pour une nouvelle aventure.

Et ce retour se célèbre avec la venue d’un nouvel album ; dites-nous en plus…

Effectivement, nous sommes de retour avec un album de 12 titres : « Le retour des guerriers ». Procurez-vous le cd et vous m’en direz des nouvelles.

On y retrouvera encore papa Nkukuma et mama Justine ?

Malheureusement Papa Nkukuma nous a quitté il y a près de trois ans, mais mama Justine est là et elle intervient sur quatre titres. Nkukuma avant de mourir avait pris le soin de nous laisser son remplaçant qui porte le nom Chat Botté, un peu comme s’il sentait sa fin venir. Paix à son âme, nous ne l’oublierons jamais.

Et comment faire pour se le procurer ?

Nous sommes en train d’établir des stratégies de diffusion et de distribution via internet dans les réseaux sociaux, mais vous pouvez déjà nous joindre au numéro 699 97 65 50 et sur facebook c’est Orchestre Patengue. Notre site officiel c’est www.patengue.com Le cd coûte 2000 frs.

Sinon, qu’elles sont vos rapports aujourd’hui avec Sam Mbende, M Fragile, St Désir Atango et les autres ?

Les rapports sont là, on se voit comme anciens amis ; rien de très spécial.

Vous apportent-ils un appui quelconque dans l’évolution du groupe ?

Pas du tout ; le PATENGUE se bat tout seul, il n’a aucun soutien des anciens membres du groupe Pop’s Clan. C’est vrai qu’Alain Dakam, Jackson Patengué, Njila Yves, M Fragile, St Désir Atango sont ceux qui ont joué avec Sam Mbende, moi je suis arrivé après.

 

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