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Tout sur le Grand Couturier international camerounais Maurice LeRoy : Interview exclusive

Calme, posé, mystérieux, sont les adjectifs qui résume hâtivement Maurice LeRoy. Au bout d’une conversation très fructueuse, on en vient à se demander pourquoi le Cameroun, un si beau pays a des talents et des génies aussi négligés. Ce couturier surfile depuis deux décennies, les couloirs de la mode de son pays. Respectueux, du travail des aînés dont il loue la ténacité, la rigueur et le professionnalisme qu’il cultive aujourd’hui. Le créateur a fait tous les plateaux les plus prestigieux et forme aussi désormais la relève sur la base des valeurs sociales, humaines, professionnelles, culturelles… Maurice LeRoy se raconte et dit tout dans cette entrevue.

Bonsoir Maurice LeRoy, fais-nous une brève présentation du couturier international que tu es déjà.

Mon nom c’est NKOULOU, et mes prénoms : Maurice LeRoy donnés par mes parents. Mon papa a fait la couture en France. J’ai donc emprunté mes prénoms pour la couture. Je suis effectivement Styliste, créateur de mode, plusieurs casquettes… Couturier c’est en fait ce que je suis. Toutes ces casquettes me vont si bien ; Parce que dans ces domaines, je m’en sors. Trop de passion, trop de recherche, c’est ça qui me caractérise. Depuis toujours, à chaque fois que j’ai atteint un certain niveau, je n’étais pas satisfait là, je suis toujours allé chercher un peu plus loin. Toujours dans la quête de la connaissance.

Combien d’années déjà dans le milieu ?

Ça fait 19 ans que je suis là ! Après la classe de 3ème, ça a été les occupations dans les stages et les structures.

Quelle étude as-tu fait ?

J’ai fait la Générale ; donc après mon Bac C, j’ai directement ouvert mon atelier. Pendant les congés, les vacances, c’est ça qui me permettait de payer ma scolarité, d’aider mes parents. Ce qui fait que je n’ai pas fait une école appropriée par rapport à ça. Avec le niveau de Terminale, les recherches, les lectures, le fait de côtoyer les couturiers, etc. Maurice LeRoy c’est tout un mélange.

C’est une belle histoire là ! Mais d’où provient le déclic ?

Plus jeune, j’étais plus attiré par ceux qui avaient une particularité dans leur style. J’ai cotoyé les Martial Tapolo et pleins d’autres. Et c’est ainsi qu’un jour, avec ma collection je décide de faire un défilé à Tam Tam Week End en 1998. Et là, c’est parti ! Parce qu’après Tam Tam Week End, c’était directement Afrik Collection et presque tous les plateaux qui me sollicitaient. Aujourd’hui, par la grâce de Dieu, j’ai fait tous les meilleurs plateaux sur la scène camerounaise.

Il faut aussi rappeler qu’à l’époque, on avait beaucoup plus de chance de percer…

Oui, à l’époque il y’avait beaucoup de plateaux. Aujourd’hui, je pleure un peu le sort de la nouvelle génération ; parce que les meilleurs plateaux, il n’y a plus. On est un peu obligé de faire le tri. Avant, on essayait de prendre tout le monde et aujourd’hui on essaie de prendre ceux qui s’exprime le mieux !

Comme te comportes-tu dans le milieu de la mode ? Avec tes employés par exemple puisque tu es forcément passé par cette étape d’apprentissage ?

Oui, je me comporte trop discipliné, trop strict ; parce que généralement les employés le prennent comme ci c’était un jeu alors qu’il faut détacher. Je préfère avoir les tensions avec les employés qu’avec les clients ! Ce qui fait qu’avant que le client arrive, on a déjà résolu le problème. Mais on a un problème ici au Cameroun avec les apprentis et les employés. Donc, dès que sait déjà faire une chemise, il dit bon je vais ouvrir mon atelier. Et quand ça coince, c’est là qu’ils apprennent à vivre. C’est pourquoi tu vois beaucoup dont les parents investissent dans le secteur et tu les vois après ils vont te dire qu’ils gèrent un bar, un cyber, etc. L’intégration dans le secteur n’est pas très facile. Et je conseille de bien se former pour entrer dans la mode.

Le Cameroun n’a pas cette culture anglo-saxonne où on est là plus jeune on se forme et à l’âge de 22 ans et/ou plus, on lui remet les clés… Alors qu’ici, quand il s’est formé pendant un, deux ans, et lorsqu’il voit déjà l’argent qui entre, il veut déjà ouvrir l’atelier. Et maintenant, il se heurte à trop de problèmes. Les gens n’ont pas de patience, on va trop vite en besogne ! Tous les maîtres que j’ai côtoyé, Maitre Azegue, etc, expriment la même chose. Ce problème qui n’est pas seulement camerounais ; mais qui est ‘’franco saxon’’.

Y’a-til des noms qui vous ont marqué, pour faire de vous, celui que vous êtes aujourd’hui ?

Martial Tapolo, par la qualité de son travail ; comme Gilles Touré qui m’ont influencé dans le secteur ; Maitre Azegue pour sa rigueur dans la qualité de son travail ; etc. ce que je peux tirer d’eux, c’est le fait d’être spécialisé, concentré et être très rigoureux. C’est tout ça ; cette discipline d’arriver à faire comme le blanc fait !

Il faut donc le reconnaitre sans forcément crier à la colonisation qui perdure ! L’exemple vient de là !

Oui, l’exemple vient de là ! Et j’ai suivi du vivant d’Azegue, j’ai été formé en Italie ; il est revenu au Gabon et après il est rentré en Italie. Toujours la passion de mieux apprendre jusqu’au bout, de cerner le mystère qui se trouve à l’intérieur. Donc, c’est le plus important.

Quels sont les défilés les plus marquants que tu as faits ces dernières années, puisque depuis le début de votre carrière ils sont trop nombreux ?

Récemment, les 5 ans de l’Agence d’hôtesses Andrea B où nous étions trois (Martial Tapolo, Nadia Ka du Togo et moi) au Hilton ; Annual Show en novembre 2014 ; Afrik Collection, la dernière année où il y’a eu  de problèmes m’a beaucoup marqué par la qualité du public, l’engouement, l’engagement que beaucoup de stylistes avaient, la rigueur de ceux qui géraient l’événement…

On va parler maintenant de la qualité de ton travail à toi puisque tu es très apprécié par les uns et les autres. Dis-nous donc comment tu utilises telle matière ou telle autre pour confectionner vos tenues, pour associer à une autre matière afin que ça donne un chef d’œuvre ?

Tout part de la base. Quelque soit la beauté du dessin, si derrière ça ne moule pas bien le client, ça n’a pas trop d’importance parce que là ce sera des problèmes judiciaires. Ils vont s’opposer parce que le client ne sera pas satisfait. Premièrement, quand je parle de base, ça veut dire que quelque soit ce qu’on veut faire, il faut ça adhère avec le corps qui va mettre le v^tement. De 2 maintenant, Maurice LeRoy c’est un aventurier. A chaque fois qu’il y’a un nouveau tissus, une forme, un mouvement, il veut expérimenter. Donc, c’est pourquoi aujourd’hui j’ai presque testé tous les tissus : le Tafta, le Satin, la Soie, la Mousseline, le Voile, le Tulle, la Dentelle, … Aujourd’hui, je travaille plus avec la Dentelle parce que j’ai préféré mieux travailler dans les soirées et les robes de mariées. Finalement, c’est ça qui en Afrique permet de rentabiliser le travail. Au moins quand les gens viennent, ils savent qu’il faut investir. C’est pourquoi maintenant et on s’en sort le mieux. Je travaille plus des Dentelles de soie, le Tafta de soie, des tenues un peu très somptueuses, les tenues de tapis rouge, de grandes soirées, des cérémonies particulières, parce que généralement, le client dit je veux mettre ma dernière classe de tenue. Ou bien un événement de Miss où ces reines de beauté valorisent la beauté camerounaise.

Il faut donc comme tu le dis que ce métier que tu as choisi par passion et par amour même nourrissent son homme car tu as une famille aussi et tu dois assurer un avenir à ton enfant, ta progéniture. Mais aujourd‘hui en Afrique ça ne nourrit véritablement pas son homme. Pourquoi le choix des mariages au lieu d’attendre un défilé pour exploser davantage et montrer l’étendue de son talent ?

Le défilé ne paie pas. Tu auras beau faire tous les plateaux mais ça ne paie pas ; parce que les organisateurs ne se soucient que de comment rentabiliser ce qu’ils ont investit et maintenant la qualité des lumières n’est pas souvent appropriée pour bien apprécier la qualité de la tenue. Ce qui fait que parfois même, on fait des défilés ici en Afrique devant des pots de bière ; de whisky, de champagne et parfois même les yeux sont un peu épuisées  pour vraiment apprécier… Et ça ne rentabilise pas le couturier. Donc ce qui rentabilise c’est le client car il doit être satisfait de sa tenue. Et pour qu’il soit satisfait, il faut avoir maîtrisé cette technologie de coupe, ce secteur ; Comment coudre, quels sont les goûts du client, ses sensibilités, ses rêves et être en mesure de pouvoir projeter la tenue sur le client, le matérialiser. C’est ça qui est rentable et ça vient souvent beaucoup plus avec l’expérience. En Afrique, le défilé ce n’est pas une opération marketing. A l’étranger encore, il y’a des acheteurs qui sont assis, voient et passent des commandes. Ici, c’est tout le contraire ; c’est une animation, un espace de distraction. Je crois qu’au fur et à mesure, c’est en train de changer.

Cite-nous tes trois dernières collections.

Ma dernière collection que je fais s’appelle « La Reine des étoiles » ; ça explique un peu ce qu’une reine peut même et étoile parce qu’il y’a une certaine transparence là-dessus. C’est du voile, les dentelles. Et c’est pour ça que ça porte le nom de reine des étoiles. L’avant dernière collection c’était « Reine du soir » à cause de ces couleurs noires. Ça démontrait comment on peut être reine en soirée avec la beauté des couleurs. Bien avant cela, j’ai fait une collection qui était purement africaine. J’étais dans l’exploration de tout ce qui bantou, dans son tissu et comment on peut également être reine ou roi.

As-tu comme ça en tête le nom de trois stylistes qui se démarquent déjà selon toi ?

Oui, Yves Tchinda, on le voit de par la qualité de son travail qu’il essaie de s’en sortir. Il y’a également un fils d’Azegue dont on peut voir à travers la finition de son travail qu’il se démarque. On a aussi Tiny Fashion  et je peux aussi ajouter une certaine Prisca. Voilà un peu les révélations pour les années futures.

Quels sont vos rapports avec les autres couturiers camerounais, y’a-t-il une entente entre les couturiers en général ?

Malheureusement non ! On n’est pas soudé parce que les uns essaient toujours de descendre les autres, trop de conflits parfois et c’est vraiment dommage !

Ok, tu as un nom du Centre Cameroun même si ça ne donne pas l’impression lorsqu’on te regarde.

C’est ma maman qui est du Centre et mon papa de l’Ouest, Bangangté.

plus d’info: 675 67 78 75

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