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Littérature – « Makwan » mon bijou par Aline Georgine FOMETE TCHINDA.

 

Comme son sous-titre l’indique, l’ouvrage que nous présente la reporter radio-télé Aline Fomete Tchinda est un bijou littéraire. La jeune écrivaine y relate l’aspect rigide de l’éducation donnée par un père à ses enfants, à une époque où le dialogue parent-enfant était inexistant,  un moment où le chef de famille était incontesté même dans les décisions les plus insensées. L’ère du dictat de l’époux et du Père de famille.

Les parents de l’auteure sont issus de foyers polygamiques et ont tôt fait de lui inculquer des valeurs morales et culturelles. Aline Georgine FOMETE TCHINDA que les téléspectateurs de la chaine privée Canal2 International ne se lassent pas de suivre à travers ses chroniques sur le plateau de « C’Comment », sort ainsi de son tiroir une belle œuvre  inspirée d’une histoire vraie. Du réel certes enrichi de fiction, avec en prime le caractère épique nécessaire. Un style d’écriture assez simple pour la compréhension d’un grand nombre, une pertinence dans le récit, des anecdotes édifiantes, pour autant d’éléments saisissant pour véritablement  transmettre un discours dans lequel traditions, « non-dit » (tabou), bref, le quotidien d’une famille plurielle soumise à un despotisme d’un père vénéré et craint. Pa BENE, est donc ce « père », qui pourtant débordant d’amour pour ses enfants, voit son esprit protecteur le rendre intransigeant. Le ton, à la fois doux et âcre, permet une bonne perception des circonstances.

Makwan mon bijou est édité chez Afredit (Africaine d’édition), à lire absolument.

Aline Georgine FOMETE TCHINDA est née le 8 mai 1986 à Douala ; aînée d’une fratrie de six, ses parents ont respectivement grandi dans des familles polygamiques, d’où leur accent sur les valeurs culturelles dans l’éducation de leur progéniture. Licenciée en Marketing Option Gestion technico-commerciale, l’auteure est parallèlement reporter en radio et télé. Elle souhaite investir la littérature de ses fonctions écrites et orales.

L’œuvre lue par Simon Ngono, Chercheur doctorant en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Grenoble Alpes, laboratoire du Gresec, EA 608, France. Chargé d’enseignement de Français Langue Étrangère à la mairie de Saint-Martin d’Hères (Grenoble, France) :

« Dans son livre, l’auteure s’attaque tout d’abord à la question de l’autorité parentale dans la mesure où elle s’emploie à examiner les rapports qui lient les parents à leurs enfants. De tels rapports peuvent prendre plusieurs tournures, à l’instar de celle violente. Ce que l’auteur met en évidence, c’est l’extrême sévérité de Pâ Béné. Son autorité parentale se confond ici à ce que Françoise Tulkens et Thierry Moreau nomment la « puissance paternelle ».

Or ce que préconise l’auteure à travers son œuvre, c’est une certaine façon de construire une relation de confiance avec ses enfants et l’éducation qu’il faut leur inculquer. La violence et la puissance paternelle, à elles seules, ne sauraient constituer des modalités, qui devraient gouverner et régir les rapports parents-enfants. Cependant si Pâ Béné, manque d’auto-discipline, de maîtrise de soi, le recours permanent aux pratiques de violence, voire aux punitions atypiques ne peut que conduire à des conséquences désastreuses et parfois mortelles.

En effet, la nuit passée dans un enclos de chèvres par Makwan a été l’occasion favorable de se faire contaminer.il mourra car Makwan est jumeau .selon la tradition du village, il ne peut être mieux soigné et trouver guérison, qu’en recourant à la médecine traditionnelle. C’est en étant dans celle-ci que le fils de Pâ Béné rendra finalement l’âme. Loin d’être un simple récit de vie, l’auteure pose subtilement ici un ensemble de problèmes liés parfois aux croyances et aux us et coutumes de nos milieux de vie.

Du coup, peut-on et/ou doit-on se soustraire aux principes qui fondent nos traditions à certaines circonstances ? Si la réponse de l’auteure n’est pas tranchée, elle semble être favorable à la médecine moderne. C’est pourquoi elle recommande à la communauté des parents de privilégier le chemin des hôpitaux, des dispensaires lorsque leurs progénitures ont des soucis de santé. Elle admet, par ailleurs, que la médecine traditionnelle constitue un risque et peut même conduire à la mort. Cela étant, le recours à la médecine traditionnelle ne peut nullement s’expliquer par les croyances, qui travaillent l’imagination des individus en Afrique. C’est à ce niveau qu’intervient l’argument de la pauvreté évoqué par Pâ Béné.

Mais alors, l’acte d’écriture est-il en soi neutre ? Ce qu’il y a lieu de dire, c’est que l’acte d’écriture n’est jamais, en soi, le produit d’expérience neutre. Il résulte généralement de notre expérience, de la culture de notre lieu de socialisation. Dans le cas d’espèce, Aline Georgine Fomete Tchinda affirme son attachement à la culture de son terroir: la région de l’Ouest-Cameroun. À travers son acte d’écriture, elle évite de marquer une opposition aliénante entre tradition et modernité. La tradition à laquelle elle fait recours à travers le mariage au village, s’inscrit en réalité dans ce qui fonde et rythme les pratiques et les croyances habituelles des communautés dans cette partie du Cameroun. Le veuvage, la façon de saluer, de parler aux aînés sociaux, aux chefs du village sont ainsi des marqueurs des pratiques collectives et qui ne sauraient être altérées, bafouées, désacralisées sous le prétexte de la mondialisation. Au fond, en se situant dans la lignée des auteurs contemporains comme Claude Éric Owono Zambo, l’auteure de cet ouvrage défend et promeut l’identité des populations africaines face au phénomène d’invasion des cultures « Autres ».

L’ouvrage rédigé par Aline Georgine Fomete Tchinda, par ailleurs journaliste à Canal 2 international et à Sweet fm (Douala, Cameroun) est un genre littéraire consacré rapports parents-enfants. Tout au long de son ouvrage, l’auteure adopte une démarche cohérente et rigoureuse. Ainsi, elle respecte à la lettre les canons et les exigences d’un tel genre. Le vocabulaire est assez léger, digeste et adapte à toutes les différentes cibles.

Adoptant l’approche juvéno-centrée, son intrigue s’inscrit dans un continuum de petites histoires d’adolescents: vol, désobéissance, défiance de l’autorité parentale, etc. En s’appuyant sur la théorie du mouvement narratif de Gérard Genette, l’au

Adoptant l’approche juvéno-centrée, son intrigue s’inscrit dans un continuum de petites histoires d’adolescents: vol, désobéissance, défiance de l’autorité parentale, etc. En s’appuyant sur la théorie du mouvement narratif de Gérard Genette, l’auteure de ce roman saisit bien l’enjeu de la structuration des séquences narratives qui, d’un côté, permet de faire progresser l’action (à travers des dialogues et des monologues comme c’est le cas dans son roman) et de l’autre, sert à retarder l’action (recours aux commentaires, à la description, à l’analepse). L’intrigue du livre est articulé autour de 15 chapitres abordant chacun une séquence spécifique. Les dessins qui clôturent chaque chapitre ont une visée pédagogique (dans le sens de faire le bilan du thème et/ou d’illustrer l’aspect de l’intrigue abordé) et permettent aussi d’attirer et d’accrocher l’attention du public-cible : les adolescents.

Au final, le roman écrit par Aline Georgine Fomete Tchinda semble avoir une visée éducative et peut logiquement s’inscrire dans une perspective thérapeutique avec pour but fondamental, de donner à la communauté des parents des « ficelles » au sens d’Howard Becker, leur permettant de mieux élever » leurs enfants.

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