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Tayou Kamgue : « Ne fait pas la mode qui veut ; attention ! »

Selon vous, la discussion de tout à l’heure a-t-elle été objective ?

J’estime que les questions sur lesquelles nous avons débattu ont permis de séparer le bon grain de l’ivraie, tout en souhaitant que « les » professionnels de la mode, ceux qui vivent de la mode et payent leurs impôts soient les seuls à être reconnus à ce tire. Il était capital de dissocier « professionnels » et « amateurs » de ce secteur qui devrait être pris très au sérieux.

Mais quand on regarde les pays Ouest-africains, on voit bien que le vestimentaire reflète bien leur culture ; au Cameroun c’est pas trop le cas, et restreindre l’effectif des « tailleurs » ne serait-il pas un risque en soi ?

Immédiatement je vous réponds « Non »…

N’ont-ils pas un rôle à jouer eux aussi ?

Jamais ; ils viennent même plutôt détruire le milieu, dans la mesure où tout le monde ne saurait se prévaloir le statut de médecin, c’est pareil dans le milieu de la mode. Elle obéit à ses codes, c’est un domaine hiérarchisé ; écoutez bien mon cher ami, ne fait pas la mode qui veut, attention !

Donc, simple « tailleur », ça n’existe pas ?

Evidemment, soit on est tailleur professionnel, soit on ne l’est pas ; et pour le faire, il faut bien payer ses impôts et remplir les autres conditions qui font de vous un vrai professionnel. C’est de ça qu’il est question. Chez nous on remarque qu’à peine on sait coudre, on se permet d’ouvrir des centres de formations ; or d’un point de vue de compétence, de compréhension, je dirais même de connaissance du métier, il n’a même pas de rudiments, c’est très dangereux et très malheureux pour la mode.

On parlait tantôt de synergie entre les professionnels du domaine ; serait-ce possible selon vous ?

Tout ce que je puis dire c’est que c’est malheureusement le chemin par lequel il faut passer. Oui, c’est possible, c’est juste une question de volonté ; à partir du moment où les gens ont compris que leurs intérêts sont mis en jeu, ça va aller.

Vous pouvez tout aussi vous unir aux fins de créer une sorte d’industrie qui permettrait de servir une masse…

Non, ça c’est un autre problème, une autre pair de manche ; pour produire en masse il faut régler le problème du « marché » ou d’ouverture du marché. Or la seule personne capable d’ouvrir ce marché, c’est l’Etat, ça ne dépend pas des individus que nous sommes ou des entreprises privées, c’est une volonté politique. Or il se trouve que pour le moment, le Cameroun a décidé de fermer le marché des vêtements camerounais aux camerounais ; quand il a fallu qu’on arrête le zoua-zoua qui faisait écran au marché du pétrole et de l’essence, on a senti l’effort du gouvernement, mais quand il s’agit du vestimentaire, il a ouvert les porte de la friperie.

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