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Hapsatou Sy: « Je veux conquérir le monde »

Toujours en mouvement, cette hyperactive est aussi tour à tour chroniqueuse à la télévision française, animatrice pour Canal+ Afrique, et déjà l’auteure d’une autobiographie où elle livre son parcours professionnel… Difficile de stopper Hapsatou Sy, l’inarrêtable.

Perchée sur ses baskets à talons compensés, un énorme sac cabas à la main, Hapsatou Sy débarque dans son showroom avec l’allure de la « working girl » parisienne. Elle est en retard : « Un rendez-vous décalé et c’est tout mon emploi du temps qui est perturbé. » Hapsatou Sy est une femme pressée. A peine arrivée, elle court déjà à droite et à gauche en donnant des directives à son équipe, dont elle semble très proche. Lorsqu’elle s’installe enfin, la jeune femme est sollicitée par l’une des clientes pour un selfie.
Entre les plateaux télé et sa vie d’entrepreneuse, Hapsatou Sy est devenue une personnalité inévitable en France et au Sénégal. Jamais loin d’elle, son collaborateur s’occupe de son agenda à la manière d’un assistant de star du showbiz. Les coupures de presse déposées sur le présentoir central étalent cette réussite sur laquelle elle se confie volontiers avec un discours travaillé et assez automatique. Fière de son parcours ? Difficile d’en douter, son nom et son visage s’affichent partout, sur les murs et dans la vitrine, son portrait trône, en grand format.
Née en 1981 dans une famille modeste des Hauts-de-Seine, en banlieue parisienne, d’un père sénégalais ouvrier et d’une mère mauritanienne femme au foyer, la jeune Hapsatou a toujours su ce qu’elle voulait devenir. « Etre chef d’entreprise ne m’intéresse pas, je veux être une businesswoman. Je ne veux pas me limiter à la France ; moi, je veux conquérir le monde », disait-elle adolescente. « La seconde maman » de cette fratrie de huit enfants a très vite su comment faire « de 1 euro 10 euros » à force de petits boulots pour aider ses parents à faire vivre la famille, dont elle est « le pilier ». C’est une bosseuse.
Après un BEP et un bac pro secrétariat, métier vers lequel elle ne voulait pas s’orienter car, « évidemment, elle avait peu d’affinités avec la hiérarchie », elle se lance dans un BTS commerce international. « Motivée à défier la normale », elle compense ses lacunes avec des cours du soir à Versailles. Puis elle part à New York pour un stage de fin d’études chez un importateur de mode française. Assez vite, elle s’ennuie. Dans ce pays « où le coaching est pratiqué pour absolument tout », Hapsatou se prend de passion pour le conseil en image « pour aider les gens à aller mieux ».

A 24 ans, elle crée Ethnicia, sa première marque de cosmétique – réseau de boutiques qu’elle ferme en 2013 –, bientôt suivie par deux autres : Hapsatou Sy et Dazzia, une marque professionnelle. En 2014, c’est dans le prêt-à-porter qu’elle se lance avec sa ligne « antiKOD » où elle collabore notamment avec le styliste libano-ivoirien Elie Kuame, un ami de longue date, ou encore avec Katia Bumba, patronne de Kate Bee. En parallèle, l’entrepreneuse développe un concept de boîtes à beauté : des espaces de moins de 50 m2 proposant des conseils mais aussi des soins. Elle entend étendre l’implantation de ces salons, déjà présents à Dakar et à Abidjan, dans plusieurs pays du continent.
Cette réussite, elle la couche sur le papier dans un livre, « Partie de rien », publié en avril dernier. La jeune femme reconnaît toutefois qu’« on ne part jamais de rien en réalité, on part de ses racines, de l’histoire de ses parents et de leurs douleurs ». C’est lors de son voyage au Sénégal et en Mauritanie, à 18 ans, qu’elle prendra conscience de cette histoire. Ce retour aux racines lui fait comprendre les sacrifices de son père, parti clandestinement d’Orkadiéré au Sénégal pour rallier la France dans les années 1970. Un modèle qui lui a appris la valeur de l’effort, du travail et de la dignité. Le périple paternel dure plus d’un an sur les mêmes routes que celles utilisées par les migrants subsahariens aujourd’hui, bloqués et vendus comme esclaves en Libye. Un drame qu’Hapsatou Sy dénonce à la télévision et sur les réseaux sociaux.
Pour autant, pas question d’être étiquetée « représentante ou porte-parole de la communauté noire ». Elle évoque un combat qui devrait « toucher toute l’humanité ». Les siens, elle les mène de front, avec le développement de ses activités en Afrique, où elle se rend régulièrement, même si la naissance de sa petite Abbie, il y a un an, l’a rendue moins disponible dernièrement. Côte d’Ivoire, Angola, Afrique du Sud, Maroc, Gabon et, bien sûr, Sénégal et Mauritanie… autant de pays où la businesswoman a soutenu des projets d’aide aux enfants des rues, de construction d’un orphelinat, ou encore d’entrepreneuriat pour la jeunesse du continent. Très fière, elle cite en exemple le forage d’un puits à Wali en Mauritanie, le village d’origine de sa mère, « pour que les femmes arrêtent de faire des kilomètres pour avoir de l’eau ».
Depuis mars, chaque deuxième mardi du mois sur Canal+ Afrique, Hapsatou Sy est à la tête du magazine d’information et d’actualité « Afrique Investigation ». « Un véritable cadeau » pour la chroniqueuse, qui refuse cependant le qualificatif de journaliste : « J’ai besoin de m’exprimer, et la neutralité journalistique ne le permet pas, je ne me considère donc pas comme une journaliste. »
Comment la définir, alors ? « Comme une femme libre ! dit-elle, lumineuse. La liberté, c’est ça la véritable réussite, la possibilité de se réaliser, de choisir la direction vers laquelle on va. » Hapsatou Sy est l’incarnation d’un modèle qui inspire. Feignant la modestie, elle se dit en être consciente en voyant les messages des femmes qui la suivent sur les réseaux sociaux, particulièrement en France et au Sénégal. Un rôle d’exemple qu’elle endosse volontiers pour sa fille, ses sœurs, et pour toute la jeune génération.

Avec Parismatch.fr

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