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Dr Prosper HIAG : « Je ne serai pas candidat, je vais me consacrer à autre chose, après 8 années passées au conseil, il y’a une vie après la présidence…»

Le Dr Prosper HIAG  président de l’ordre des pharmaciens du Cameroun milite pour une formation efficiente des pharmaciens du Cameroun. C’est une encyclopédie vivante de la pharmacie que nous avons rencontré, le Dr Prosper HIAG  est un monument au Cameroun pour l’éradication du phénomène du médicament de la rue

Dr Prosper HIAG, on sait que vous avez un CV important dans le domaine de la pharmacie, pouvez-vous nous retracer votre parcours ? 

Dr Prosper HIAG : Je suis pharmacien depuis 1984, j’ai eu mon doctorat à l’Université Paul Sabatier à Toulouse et je suis rentré au Cameroun en 1985.  J’’ai été tour à tour Pharmacien assistant à l’officine ,pharmacien assistant chez Laborex Cameroun et très rapidement Directeur Régional de Laborex Cameroun  à Garoua pendant 4 ans j’avais 29 ans à l’époque , je suis rentré à Douala en 1991 pour être le numéro 2 de Laborex Cameroun et en même temps Directeur l de Laborex Douala  en 1994, plus tard je suis allé à Rhône Poulenc donc je suis passé de la distribution des médicaments pour grossiste à une société de fabrication, j’ai été Directeur Délégué de Rhône Poulenc pendant 2 ans et puis l’idée m’est venue de monter un projet , un projet qui soit à la fois un projet de distribution et un projet industriel qui a pris un certain temps pour prendre forme et qui n’ a abouti que 10 ans après l’obtention d’un premier agrément , d’une société que j’avais créée qui s’appelle APHAD avec des partenaires Indiens nous avons démarré cette société en 2006. Entre la création de la société et les agréments de 97 à 2006, je me suis intéressé à d’autres métiers donc  la communication en santé et j’ai travaillé pour des  associations , des Organisations Non gouvernementales , j’ai travaillé pour Presse Santé auprès du très illustre  Pr Gottlieb  MONEKOSSO,  ce qui m’a permis de connaitre les milieux de la presse et surtout de rencontrer pas mal d’acteurs de santé dans la lutte contre le VIH Sida et la promotion des mutuelles de santé .À partir de 2007 , avec Mme Sophie DOBILL qui venait de créer le COPASS(Comité Pharmaceutique d’Action Sanitaire et Sociale)   je me suis investi dans le mouvement associatif pharmacien, une année plus tard l’association des  grossistes pharmaceutiques afin de mettre ensemble tous les grossistes pharmaceutiques qui avaient déjà une certaine activité pour discuter des problèmes de distribution également des problèmes d’accessibilité , de qualité et de logistique pour améliorer le service aux pharmaciens et aux patients ça se passe en 2008 et en 2011 je me suis lancé à la conquête de la présidence de l’ordre mais cette année-là  il y’avait une dame brillante Thérèse ABONG BWEMBA  qui a été élue présidente et dans la foulée   j’ai été élu vice-président du Conseil de 2011 à 2014 et ,  j’ai été élu président de l’ordre en 2015 et là on attend les prochaines élections afin que je puisse passer le témoin à une autre personne .

À quelques semaines de la fin de votre   mandat quelles sont les réalisations que vous avez faites ? 

Dr Prosper HIAG : J’ai été élu sur la base d’une profession de foi à laquelle il y’avait trois points importants  .Faire avancer les textes réglementaires et législatifs qui dataient de 1990 et certains des années 80 et le règlement intérieur .Le 2ème point , il fallait tout faire pour trouver un site , un terrain pour construire le siège de l’ordre et le 3ème c’était une promesse que j’avais faite au Ministre de la Santé , c’était d’amener l’industrie pharmaceutique au Cameroun .Ces trois chantiers sont aujourd’hui à terme .Il y’a quelques jours , j’ai remis les textes au Ministre de la Santé publique  , c’est à dire l’ensemble des réflexions des pharmaciens , des souhaits des pharmaciens pour modifier la loi .Deuxièmement , nous avons trouvé un terrain auprès de l’Organisme de l’État qui s’occupe à trouver des parcelles de terrain en milieu rural ou urbain c’est à dire la MAETUR et je le disais au Ministre , nous l’avons réalisé auprès d’une structure que vous connaissez bien , parce qu’il a dirigé la MAETUR pendant près de 20 ans .Et troisièmement l’industrie , une industrie à travers une implication personnelle qui va servir à l’ensemble de la communauté pharmaceutique  mais également qui va servir à notre pays avec la création d‘AFRICURE  , elle va aussi former les pharmaciens industriels avec le projet Usine Ecole , un projet que nous travaillons avec l’Université de Douala , là-dessus nous travaillons avec l’IUT , avec la faculté de médecine et de pharmacie de Douala pour que ce projet aboutisse avec l’Agence Universitaire de la Francophonie , c’est un projet auquel je tiens beaucoup , parce que je tiens à la formation des pharmaciens Camerounais , tout va se mettre en place en début d’année .On peut ajouter l’attribution de plus de 150 sites d’officine donc 54 ici à Douala et 52 à Yaoundé.

Vous avez engagé une démarche internationaliste de représentation de l’ordre des pharmaciens du Cameroun à travers différents foras des professionnels de la pharmacie, qu’avez-vous obtenu de ses différents espaces et rencontres internationales  pour l’ordre et la profession ? 

Dr Prosper HIAG  : C’est une question qui est très intéressante , la présence internationale doit aboutir à des retombées internationales forcément , la présence internationale , c’est fait connaitre son pays et l’expertise de son pays et à ce sujet-là depuis 2017 , je suis président de l’African pharmaceutique forum qui est la branche africaine de la Fédération Internationale Pharmaceutique qui jusque-là regroupe essentiellement des pays anglophones , le Nigeria , le Botsawana , le Kenya et j’ai été élu parce que j’ai l’avantage de faire partie d’un pays qui est à la fois anglophone et francophone , en tant que camerounais ça nous rapporte un rayonnement international , quand je vais au Nigeria pour le Congrès de la Pharmaceutical Society of Nigeria et quand je prends la parole, je peux vous assurer que les nigérians sont impressionnés  de voir un francophone leur parler en anglais ,  je voulais partager ça avec vous , pour dire qu’être camerounais est une chance , ce bilinguisme est important . Qu’est-ce que nous avons apporté ? c’est ce projet-là, le projet pilote de Pharmacy school qui consiste à mettre sur pied un programme de détection des faux médicaments .C’est un projet de l’Union Européenne et de l’Organisation Mondiale de la Santé .l’Université de Douala a été choisie grâce à notre présence et en même temps l’Université de Dakar qui fête ses 100 ans ,il y’aura également deux universités anglophones.

Dans le Cadre de la conférence internationale de l’Ordre des pharmaciens francophones  , j’ai été amené à représenter la conférence dans le cadre du projet Médisafe .Le projet Médisafe est un projet de l’Union Européenne avec l’Agence Internationale de l’énergie atomique qui réfléchit aux problèmes de sécurité en relation avec la lutte contre le trafic des faux médicaments , parce qu’aujourd’hui le lien doit être fait entre les réseaux criminels et ce trafic-là .C’est un projet qui va durer quatre ans je crois qui fera travailler les experts camerounais , je pense à quelqu’un comme Dr Nya Fédélis  qui est très avancé sur les problématiques liées à la détection des faux médicaments avec les minilabs  . Demain il va nous représenter grâce  à la présence du président dans la Francophonie et à la fédération internationale pharmaceutique  parce que c’est un projet OMS, Fédération  Internationale Pharmaceutique et l’Union Européenne derrière, ceci a été confirmé il y’a quelques jours à Paris où j’étais allé assister a la Conférence Internationale de l’ordre des pharmaciens francophones.

Justement pensez-vous que c’est possible d’éradiquer le médicament de la rue dans nos sociétés ? 

Dr Prosper HIAG : Oui , je pense que c’est possible si on s’y met tous , c’est possible si le médicament est à la portée du malade sur le plan géographique et sur le plan financier , c’est ce qu’on appelle l’accessibilité géographique et financière .L’accessibilité financière c’est  donner  la possibilité aux patients de se soigner  sans se ruiner , la solution arrive bientôt avec la mise en place de la couverture sanitaire universelle et ça c’est un projet qui doit mobiliser la communauté nationale faire en sorte que quand vous avez votre prescription , quand vous sortez de l’hôpital vous allez directement à la pharmacie on vous remet directement votre médicament parce que vous bénéficiez de la couverture sanitaire universelle .Le jour où nous allons parvenir à mettre sur pied ce projet personne n’ira dans la rue pour acheter le médicament .La deuxième solution passe par l’éducation de la population , il faudrait qu’elle tourne le dos aux médicaments de la rue et qu’elle fasse confiance aux pharmaciens , car à la pharmacie vous avez des bons médicaments et vous bénéficiez des conseils du pharmacien .

Comment expliquez le manque d’uniformité du prix du médicament, par exemple un médicament A qui coûte 3000 dans une pharmacie, le même médicament va coûter 3500 dans une pharmacie y, comment cela est-il possible ?

Dr Prosper HIAG  : Cela ne devrait pas exister , la formule des prix est la même et c’est ce qui se passe depuis 50 ans au Cameroun , on essaye d’uniformiser les prix des médicaments .Toutefois , je crois d’avantage que cette différence de prix , c’est pour certains médicaments qui s’adressent à des malades spécifiques , des médicaments qui ne sont pas homologués et que la pharmacie est obligée de faire venir par des express mail service ,c’est ce qui fait que le médicament revienne plus cher et ça dépend des négociations du pharmacien et de la durée de la commande , on a déjà beaucoup débattu sur ce problème des prix , l’idée est qu’on essaye d’uniformiser le prix des médicaments .

Nous sommes au crépuscule de votre mandat, est  ce que vous avez d’autres chantiers en cours ? 

Dr Prosper HIAG  : Ça sera après la présidence , je milite pour une formation de qualité , pour une industrie de la pharmacie en Afrique , une couverture santé universelle  .Au niveau du continent , je veux travailler contre l’abus de la prise de certains médicaments à l’instar du tramadol qui détruit la jeunesse africaine , ça c’est un phénomène qu’il faut combattre sans omettre le combat contre les médicaments de la rue .

Est ce que vous serez une fois de plus  candidat pour  la présidence de l’ordre des pharmaciens en  février 2019 ?

Dr Prosper HIAG : Non,  je ne serai pas candidat, je vais me consacrer à autre chose, 8 années passées au conseil, je pense que c’est un bail, il y’a une vie après la présidence du conseil de l’ordre des Pharmaciens du Cameroun.

Par Yahaya Idrisse

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