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Ottou Marcellin : « Aujourd’hui, il n’y a aucun journaliste critique d’art au Cameroun qui soit engagé… »

Rencontré il n’y a pas longtemps au cours de la cérémonie d’au revoir à Noël Ekwabi où il a d’ailleurs presté, l’artiste revient sur les souvenirs qu’il garde du regretté et de la responsabilité des hommes de médias sur la médiocrité de certains artistes.

Bonsoir Ottou Marcellin, mémorable comme moment, ce que nous vivons à l’instant…

Merci de me tendre votre micro. Je suis venu saluer l’artiste ; je pense que de son vivant, Noël Ekwabi a été un artiste de qualité, il a passé sa vie à faire les musiques intelligentes. Il fallait des gens arrimés et j’estime que ma modeste personne est arrimée à ce niveau de musiques intelligentes qui doivent finalement continuer à gérer le monde.

C’est une grosse perte pour le monde musical, pensez-vous aujourd’hui son départ risque d’une manière ou d’une autre handicaper la jeune génération qui arrive ?

Non, comme je l’ai toujours dit, la musique ne saurait se transmettre du père au fils, ni de génération en génération. Chacun naît avec son don et faire de la musique c’est appartenir à une race. Nous sommes une race nous les artistes. Mon père n’a jamais fait de la musique ni ma mère d’ailleurs. Moi je pense plutôt que vous, au niveau des médias, vous avez la responsabilité de dire vrai les choses. Noël Ekwabi a été un grand et aux grands il fallait des gens qui s’affirment comme tels pour venir lui rendre hommage.

Un souvenir sans doute que vous gardez de lui ?

La dernière fois qu’on s’est vu, c’était au cours d’une émission à la CRTV il y a quelques semaines, on a beaucoup échangé et ça m’avait fait énormément plaisir de le revoir. C’est quelqu’un de dynamique et de fort qui résistait même à sa maladie et ne laissait en aucun moment transparaître sa souffrance ni sa douleur. Vraiment, c’était un très grand artiste, pas un ouvrier de l’art. Et j’en profite pour dire un merci aux médias pour tout ce que vous faites, mais je vous demande de rendre service à ces jeunes puisqu’on en parle, en ramenant la critique dans vos médias respectifs car c’est de votre faute vous les journalistes ; pour vous tout le monde est beau, tout le monde est fort…, ce n’est pas normal ce que vous faites-là. Parce qu’on n’aura plus la race de Noël Ekwabi qui vient de partir. C’est les medias qui nous ont formés et fait de nous ce que nous sommes, or depuis notre génération, vous ne critiquez plus et comment voulez-vous que les talents puissent émerger ? vous dites à tout le monde, vous êtes bons et bien voilà le résultat… le Cameroun a quand-même la chance d’avoir des bassistes de race notamment Jean Dikoto Madengué, Aladji Touré, Petit Manga, Noël Ekwabi, Etienne Mbappé, Kotto Bass… vous les avez tous connus, ils sont nés parce qu’à l’époque, quand tu donnais un concert, tu avais peur de l’article qui sortait le lendemain d’un K. Ndongo ou d’un Jean Claude Ottou et j’en passe, or aujourd’hui si je ne vous dis pas ça… il n’y a aucun journaliste critique d’art au Cameroun, qui soit engagé, je suis désolé.

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