Kora 2012 : un flop total !

Dès les premières annonces de cet évènement, présenté alors comme « le plus grand évènement musical en Afrique » par ses agents marketing, l’on s’attendait à tout sauf à ce à quoi j’ai assisté hier devant mon petit écran, scotché RTI 1 ; Qui ne l’était donc pas, surtout qu’il y avait la méga star américaine Chris Brown qui plus est, était accompagné de sa dulcinée Rihanna… Aie ! Que ne donnerais-je pas pour être là bas tchatcher avec ce couple qui a tant fais jaspiner la planète toute entière. Sauf que ça s’annonçait mal, puisque quelques temps avant, mon pote Taphis alimentait déjà une petite polémique sur son mur facebook, faisant état des réalités dantesques que serait entrain de vivre la star tatouée ; Chris Brown, honni comme personne, aurait en ces moments refusé de chanter, et pour cause, pas assez de monde… Pour obvier à cela, toujours selon l’info sur le mur, on aurait dépêché Dj Arafat, et fait entrer gratuitement le public qui malgré ça n’accourait toujours pas, laissant exsangues les organisateurs. Que s’est-il réellement passé ? Ne me posez pas la question, je n’étais pas à Abidjan ; mais je peux tout de même dire que certains signes que j’avais observé depuis le mois de Septembre dernier (mois pendant lequel le contrat entre les organisateurs des Kora et Chris Brown a été finalisé) présageaient un éventuel échec. Premièrement, malgré les courbettes et yeux doux à l’endroit des annonceurs et sponsors de l’évènement, rien ne se concrétisait et beaucoup commençaient à subir une certaine affliction. Ernest Adjovi et Co ont quand-même forcé les choses ; En effet, adversaires et promoteurs n’ont cessé de se lancer des fléchettes par médias interposés, tout au long des préparatifs. Dans la dernière ligne droite, les organisateurs fortement soutenus par des cadres de premier plan du régime politique actuel en Côte-d’Ivoire, donnaient l’impression de pouvoir réussir leur affaire. Mais tout d’un coup, le 1er couac se présentait le jour même du premier spectacle, dont le ticket le plus cher était à 1 million de Fcfa. Le samedi 29 décembre 2012, jour du premier spectacle (P. square) pompeusement qualifié de VIP, la rumeur du report ou de l’annulation envahit la capitale économique ivoirienne. Coincés, les organisateurs se sont donc sentis obligés de lâcher le morceau. Deuxièmement, l’artiste phare des Kora, l’Américain Chris Brown n’avait pas pu pour des questions de location de jet privé, être à temps à Abidjan… Vous êtes toujours avec moi ? En tout cas je continu. Parce que si je ne dis rien, d’autres ne le feront peut-être pas. Des heures après l’annonce du retard de l’arrivée de la star américaine, le public apprendra qu’en plus de l’arnaque du jet privé, plusieurs autres problèmes organisationnels mettaient à nu l’amateurisme de la team Ernest Adjovi : Trophées fabriqués en Afrique du sud non livrés, matériels pas livrés à temps, techniciens sud-africains non payés etc. Dans un dernier élan pour sauver la face, le concert grand public prévu le dimanche 30 décembre est maintenu, après une première annonce le décalant au 1er janvier 2013(ce qui aurait alors jeté définitivement l’opprobre sur le président et ses organisateurs). Mais, encore une fois manque de pot pour ces derniers, le public abidjanais décide de boycotter ce spectacle. Le puissant Ernest Adjovi est-il devenu un paria aux yeux des ivoiriens ? Est-ce ses relations avec le régime actuel qui font problème, surtout qu’il n’a cessé de couvrir d’éloges l’actuel Président de la République ? J’espère que ces questions ne s’adressent pas à moi, je ne suis qu’un jeune africain dont la plume ne peut être inhibée ; Ah oui, « les temps changent, certaines choses passent, d’autres demeurent » comme a dit le célèbre écrivain Guillaume Oyono Mbia. Autres soucis, la grande partie des artistes invités et devant prester à ce grands rendez-vous a répondu aux abonnés absent… Je préfère m’arrêter là, si non d’aucuns me taxeront de je ne sais quoi. Toujours est-il qu’à l’heure officielle prévue pour débuter le spectacle, ils étaient moins de 200 spectateurs dans le mythique stade Félix Houphouet Boigny qui peut en contenir 35 mille. On assiste dans la panique générale à une baisse drastique des prix d’entrée (de 15.000 frs à 5000 frs puis finalement 0 franc), mais rien ne s’arrange. Finalement, selon plusieurs sources, Alassane Ouattara se verra dans l’obligation d’offrir le spectacle gratuitement aux populations. Mais là encore, les Abidjanais vont se faire tirer les oreilles pour venir profiter de cette gratuité. Tous les yeux sont désormais rivés sur la cérémonie de récompense du lundi 31 décembre, qui a elle seule ne réussira pas à cacher l’immense échec de ce qui peut ressembler à la dernière édition des Kora, version Ernest Adjovi. Pour la petite histoire, il parait qu’au fil des ans, ce sulfureux Béninois s’est fabriqué une réputation d’arnaqueur hors pair. Il a ainsi commis « l’exploit » de laisser dans tous les pays traversés par les Kora de lourdes ardoises d’impayés. Ce qui lui vaut comme il fallait s’y attendre, de nombreuses poursuites en Afrique du Sud, au Nigeria, au Burkina-Faso, et même aux Caraïbes. Je ne rejoindrai mon domicile qu’à quelques minutes de la fin de la cérémonie, mais à temps pour écouter les applaudissements de ses invités ; Ernest Adjovi venait de présenter ses sincères excuses pour ce qu’il a lui-même reconnu comme un cuisant échec. « Nous ferrons mieux la prochaine fois », a-t-il promis. L’ambiance crispée qui régnait dans la salle colorait à suffisance l’exsangue des visages falots ; même Meiway ou encore Chidinma n’a pu changer la donne. Côté résultats, c’est sans protocole que je vous les servirai ; ainsi, le quatuor Magic System a été consacré meilleur groupe africain de l’année. L’ivoirien DJ Arafat a été sacré meilleur artiste du continent, et il s’est fait accompagner sur le podium par la star ivoirienne du football Didier Drogba et Ahmed Bakayoko. La Nigérianne Chidinma est repartie avec le trophée de la meilleure artiste ouest-africaine. Le chanteur algérien de raï Cheb Khaled a été distingué pour l’Afrique du Nord, tandis que « mama » Patience Dabany, ex-Première dame du Gabon et mère de l’actuel chef de l’État Ali Bongo, a été célébrée comme « femme de l’année ». Le trophée du meilleur manager reviendra à Abou Thiam, vice-président de Def Jam, manager et frère de Akon, et manager de Chris Brown. Chris Brown lui remporte le trophée du meilleur artiste de la diaspora américaine. Voilà ce que j’ai pu glaner pour vous amis internautes. C’était les KORA Awards 2012 by Ernest Adjovi. On se donne rendez-vous pour la prochaine édition qui espérons-le, n’aura pas sa part de litanie de plaintes…