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Touré : « La Case des Arts est basée sur les retours aux traditions »

Pourquoi vous appelle-t-on Touré ?

On m’appelle Touré depuis le lycée  en référence à Aladji Touré qui est un ancien bassiste. Comme tous les jeunes de mon association, nous avons joué au lycée ; après le lycée, les cabarets, et on est passé un cadre au-dessus : le studio d’enregistrement et tout ! Mais j’ai un peu roulé ma bosse dans les projets comme Micheal Power à l’époque, les Ecrans Noirs, j’ai voyagé à travers l’Afrique aussi. J’ai pensé être suffisamment prêt pour donner ce que j’ai aux jeunes. D’où mes responsabilités ici à la Case des Arts. Je suis considéré comme le grand frère, je n’aime pas trop les titres… Je suis comme le grand frère qui donne des conseils et qui écoutent. Je suis de ceux qui pensent que ce n’est pas parce qu’on est plus vieux qu’on est plus intelligents.

Nous sommes ici à la Case des Arts. Vous avez commencé il y’a très longtemps. Est-ce que vous pouvez nous faire une sorte de rétrospective de cet endroit que vous tenez depuis des années quand même?

La Case des Arts, c’est très longue histoire. C’est une histoire qui est liée à l’art ; surtout à la musique. Il y’a de cela près de 8 ans, j’étais à l’époque musicien de cabaret. Et, on avait constaté que les patrons des cabarets étaient essentiellement fixés sur ce qui était leur revenu en termes d’argent ! Et l’art n’était pas la chose sur laquelle il fondait leur espoir ; sauf quand il fallait jouer le soir pour qu’on vende les whisky et autres… On a donc décidé, moi à l’époque et un groupe de très jeunes musiciens, nous avons décidé de créer un endroit à nous, là où nous ferions rien que ce que nous voulons faire, sans que l’influence ou alors la pression économique prennent le pas sur l’art. D’où est né la Case des Arts.

Donc vous en êtes le fondateur principal ?

Oui ! Bien sûr une idée commence quelque part mais se construit quand on est bien entouré. J’ai été bien entouré, j’ai choisi les enfants qui vont travailler avec moi. Je ne vais pas citer les noms parce qu’ils sont pleins ! La première chose sur laquelle je travaille c’est éviter de façonner ce qu’on appelle le culte de la personnalité. Si je me mets à dire, j’ai fait tel ou tel, non, non… Je veux rester neutre pour continuer à travailler pour d’autres jeunes. Que d’autres jeunes continuent à travailler ici. Donc, forcément il y’a des jeunes  avec qui j’ai repensé. Ils ont apporté chacun sa pierre à l’édifice…

Il se trouve que la Case des Arts fonctionne sous forme d’association. Expliquez-nous l’esprit de cette association.

L’esprit de l’association vient de l’idée d’être libre de faire de l’art, rien que de l’art. Alors, la Case des Arts, c’est une association basée pas seulement sur la musique mais sur les retours aux traditions. Nous vivons dans un monde et au Cameroun en particulier, de plus en plus la jeunesse se laisse aller dans n’importe quoi ! Mais nous-mêmes nous avons pensé est-ce qu’une sorte de renaissance, une sorte de retour aux sources dans nos valeurs traditionnelles qui n’étaient pas des valeurs de perversité ou alors crapuleuses et tout ça ? Est-ce qu’on peut rentrer dans nos traditions et comprendre le pourquoi les choses doivent se faire, comment on doit vivre ensemble pour rechercher à tout prix la justice?

Quelles sont les modalités par lesquelles il faut passer pour bénéficier des répétitions, des shows case ou des concerts ?

Comme je vous l’ai dit au début, nous ne sommes pas un centre d’affaires ! Nous n’avons pas le droit de faire des bénéfices. Mais tout compte fait, il faut bien que l’association vive. Il faut bien que nous payons le loyer, que le courant soit payé, l’eau et que la sécurité soit assurée ; parce qu’il nous faut un gardien et d’ailleurs plus tard il nous faudra une secrétaire et tout le bazar que ça comporte. Donc, il est normal que nous demandions une petite cotisation aux jeunes qui veulent prester ou alors répéter… On leur demande une petite participation. On demande aux jeunes de s’inscrire en tant que membre à la Case des Arts. Et à l’inscription, ils payent 10 000 F Cfa. Et à ce moment là, ils peuvent répéter à un prix vraiment dérisoire. Mais il y’a d’autres niveaux de vedette ! Quand vous êtes une vedette confirmée, vous payez le quadruple… Si un jeune à payer de 3 à 5 000 F Cfa, un confirmé payera 10 000 – 20 000 F Cfa. Mais la priorité c’est les jeunes. Pour un concert, pour ceux qui sont inscrits, on leur applique les prix de la maison. Ce n’est pas du favoritisme ! Même ceux qui ne sont pas inscrits… Mais en même temps, nous devons tout faire pour fédérer les intelligences pour que chacun apporte sa plus value, soit d’emblée considérer comme membre. A la Case des Arts, quand on est bon on a la place là où il faut ; dans un pays où on ne fait pas la place à l’excellence!

Combien de temps dure cette inscription ?

Pour le moment, on n’a pas définit ! Mais, il y’a d’autres idées qui naissent. Je pensais que l’inscription devait être à vie. C’est une des sources de revenu de l’association… Ou alors on demande aux gens de payer une somme de 300-500 F Cfa chaque mois. L’association doit vivre de ses propres moyens, même si nous espérons avoir une subvention d’ici là, on peut d’abord compter sur nous-mêmes jusqu’ici. C’est-à-dire moi et quelques personnes de mon entourage qui, à un moment donné va se fatiguer. Il faut bien que nous trouvons des revenus qui soient des sources fixes sur lesquels nous pouvons nous projeter ou bien, faire un budget en sachant que nous-mêmes si nous avons 50 000 F Cfa à la fin du mois, au moins on peut payer le courant et autres… Nous avons des cotisations qui sont effectives, régulières. On ne peut pas miser sur une subvention qui est aléatoire dans un pays comme le nôtre, là où le mérite n’est pas la chose la plus partagée actuellement.

Votre dernier mot ?

Ce que nous lançons, c’est un appel ! C’est malheureux quand nous voyons autant d’argent dépensé dans des choses inutiles dans un pays où il y’a beaucoup à faire. Je crois que les artistes de la Case des Arts devraient être soutenus. Nous savons très bien que ce ne sera pas facile… Notre environnement n’est pas propice à l’émergence de l’intelligence. Mais je crois fort que les choses peuvent changer mais il faut continuer à travailler pour être prêt au moment où les choses vont changer ou ça va s’empirer de façon drastique. Quelque soit le temps, même si on touche le fond, il va falloir qu’on remonte ! Pour remonter, il va falloir que les gens soient prêts. Heureusement on travaille pour la prospérité… Je ne suis pas ce vautour, cette sangsue qui suce le peuple et qui se bat sur des menus précaires. Je crois qu’un homme n’est pas obligé de manger tout un bœuf ! Il peut manger une cuisse de poulet et se rassasier. Comment vous pouvez acheter un Hummer dans un pays où les gens n’arrivent même pas à manger un repas par jour ? A la Case des Arts, nous allons nous battre pour être prêt au moment où les choses vont revenir à la place qu’il faut.

Contacts Case des Arts

Tél : (+237) 94 93 29 43 / 77 01 97 50

Facebook/CasedesArts

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