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Racine Sagath : « Il faut produire les véritables artistes »

C’est un monsieur ouvert et prompt au travail. Sociable et en bon termes avec ses frères mélodieux, l’artiste a accepté apporter son coup de pouce au lancement de l’album de Nar6 Pryze. C’est à cette occasion que nous avons pu rencontré le musicien Racine Sagath, qui essaie de moudre son art au besoin d’en sortir de bonnes sonorités, et pérenniser le talent qu’on lui connait. Voici le fruit de l’entretien avec l’artiste.

Nous sommes au lancement de l’album « Sassayé » du frère Nar6 Pryze, mais quel est votre avis sur la personne et cet album ?

Je l’ai dit en introduction de cette conférence, Nar6 est un garçon super. Un très bon chanteur, un très grand chanteur. Il fait partie de l’écurie des beaux garçons. Mais en dehors de ces qualités là, je le connais sous un autre angle. Je peux lui coller d’autres qualités telles que un coopérateur parce que j’ai déjà travaillé avec lui plusieurs fois, et il coopère toujours sans état d’âme. En 2007, j’ai fait une soirée dédicace à Douala et à Yaoundé, où il a été avec moi sans faille. Maintenant, c’est un intégriste. Vous pouvez constatez que c’est un artiste du Littoral, mais qui s’entend très bien avec les artistes du Centre que nous sommes. Donc, je crois que cela fait partie de l’intégration nationale. Et aussi, c’est un garçon humble, contrairement à ce que les gens pensent, qu’il est vantard, ceci, cela. C’est un aspect des choses que les gens ne maîtrisent pas. Il faut peut-être approcher la personne pour pouvoir comprendre qu’effectivement, loin d’être vantard, c’est plutôt un garçon humble.

Votre avis sur l’album que vous avez déjà probablement écouté ?

Très honnêtement, l’album je ne l’ai pas encore écouté. J’ai pu écouter un titre. Mais s’il faut en juger par rapport à ce titre, Nar6 est resté égal à lui-même. Donc, bon travailleur, bon chanteur, et puis je sais également qu’il participe lui-même de temps en temps aux arrangements de ses albums. Pour l’instant voilà ce que je peux dire concernant cet album.

Racine, vous qui êtes un artiste Bikutsi et proche de l’artiste, n’avez-vous pas glissé un mot à Nar6 Pryze pour une collaboration dans cet album ?

Je n’ai pas pu parce qu’à Paris, on n’a pas pu se voir. Déjà que moi je réside beaucoup à Genève. Donc, on n’a pas pu se voir pour que je puisse écouter l’album au studio, pour que je puisse lui glisser un mot. Mais tout ce que je sais c’est qu’il a été bien entouré, donc, si j’avais été c’est vrai, j’aurai pu glisser un mot, une phrase. Mais cependant, je fais confiance à Nar6 d’abord. Et puis, à tous ceux qui l’ont entouré dans la réalisation de l’enregistrement, dans les compositions, dans les arrangements de cet album.

Racine Sagath, vous vous faites un peu rare sur le marché du disque camerounais, pourquoi cet absence plutôt sévère pour les fans et les mélomanes ?

Je dirai tout simplement que je suis confronté très honnêtement à un problème de promotion, parce que si je vous dis que j’ai sorti un album en 2012, intitulé « L’arbre du bonheur, à moi la joie, à moi le bonheur ». Je crois certains en savent quelque chose mais cependant, c’est un album qui n’a pas été assez vulgarisé parce que je l’ai fait tout seul, de moi-même. Déjà, la réalisation de l’album m’a coûté beaucoup d’argent. Et la promotion, vous savez ce que c’est maintenant au Cameroun. Parce que chaque quartier désormais a son média. Chaque quartier a sa radio, chaque quartier a sa télé, il faut faire la ronde et ce n’est pas chose facile. Donc, dire que je me fais rare, je crois plutôt que c’est ce côté promotion là qui me manque un peu mais sinon je suis là. Voilà, Nar6 Pryze a dit tout à l’heure vers la fin qu’il me remercie depuis Douala. Ça veut dire depuis Douala, on est ensemble.

Et en ce moment, je suis en studio, je suis entrain de travailler un maxi single. J’aurai bien voulu qu’il sorte pendant les grandes vacances mais faute de moyens, encore une fois de plus, parce que le métier est devenu un peu pauvre. Je dirai même un peu, le métier est devenu pauvre en producteur ou en financier et ça fait que la majorité des artistes sont obligé de se battre tout seul.

De quoi parlera votre maxi single dont vous êtes en préparation en ce moment ?

C’est un maxi single qui parle de l’amour d’une part et de l’autre côté, ce maxi single «  Ce qui est en haut, est comme ce qui est en bas » parle de certaines choses de la vie où je donne des conseils aux gens qu’il ne faut pas trop se contenter de ce qui est en bas, ou bien de ce qui est en haut. On peut tout avoir. Il suffit seulement d’attendre son bon moment. Ne pas aller accrocher sa veste là où on ne pourra pas la décrocher après.

Ce serait possible d’avoir brièvement le parcours de Racine Sagath jusqu’aujourd’hui, vous qui êtes un ancien dans l’univers du Bikutsi camerounais ?

Disons que j’ai commencé très tôt. C’est pour cela que les gens ont tendance à me classer parmi les anciens. J’ai commencé je crois j’avais 18 ans, ou 20 ans en 94. Nous avons sorti le premier album avec le groupe Sagath, mon groupe de toujours. Et en 96, nous avons mis un album en groupe toujours sur le marché. Maintenant en 97, je sors mon premier album qui ne passe pas. En 98, je sors un double-album, qui ne passe toujours pas. Maintenant en 2000, je sors l’album « Ne mi tié » que les mélomanes ont baptisé, « ton caleçon fait quoi chez moi ». Maintenant, j’ai attendu 7 ans, en 2007, je sors mes yeux ont vu et en 2012, je sors « A moi la joie, à moi le bonheur ». Maintenant en 2013, je suis entrain de travailler sur «  Ce qui est en haut, est comme ce qui est en bas ».

Votre avis sur la musique camerounaise aujourd’hui ?

La musique camerounaise, elle souffre de beaucoup de maux. Cependant, la faute n’est pas aux musiciens, parce que les gens ont toujours tendance à croire que la faute revient aux seuls musiciens que nous sommes. Mais, je dirais que la faute est à la société camerounaise entière. Les maux dont souffre la musique camerounaise aujourd’hui, je peux les citer. Il y’a la piraterie en tête, vous avez maintenant des albums omelettes. Vous savez ce que c’est qu’une omelette. Ça veut dire que c’est un truc qu’on fait vite fait et puis ça se mange aussi vite, aussi tôt c’est finit. Donc, ce n’est pas consistant. Quand on mange une omelette, vraiment quelque deux, trois heures après, on a faim. Il y’a également ceux-là qui ont beaucoup d’argent pensent que pour investir dans la musique, il faut nécessairement aller vers des jeunes filles qui portent des mini-jupes et qui ont des soutiens-gorge, pour faire un échange entre le soi-disant talent et leurs fesses et leur argent. Donc, il va mettre de l’argent dans ton album, et maintenant toi tu vas lui donner les fesses. Ce qui n’est pas normal parce que je trouve que si on  vient dans la musique pour produire, il faut vraiment produire les véritables artistes, que nous connaissons tous.

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