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Ivee ressuscite le rap camer à l’IFC de YDE

Ce samedi 02 mars, l’IFC de Yaoundé qui a en son sein l’une des salles de spectacle les plus huppés de la capitale, a accueillit comme prévu le concert Inévitable du jeune rappeur Ivee. Évènement qui a été annoncé depuis plus de 3 semaines, faisant le tour des réseaux sociaux, des grandes radios de la ville, des chaines de télévisions, les murailles des lieux publics et des sites internet les plus en vues. C’est dire qu’au niveau de la communication le pari était déjà gagné. Pourtant à 19h précises, heure officielle pour le début du concert, on pouvait compter du bout des doigts les invités qui étaient assis dans cette somptueuse salle. Il se murmurait déjà entre les dents l’échec de l’évènement, comme la plupart des autres où le nombre des invités ne dépasse jamais le nombre d’étoiles sur le drapeau des USA, et où on peut vite reconnaitre les convives, du fait de leur présence recrudescente à tous les évènements Hip Hop de la ville. Mais tous ces préjugés c’était sans compter qu’en plus de la communication officielle manager par « l’infatigable Taphis » (Nick B), le Bouche A Oreille a fait le reste. Une heure plus tard : comme un pèlerinage à la Mecque, les gens se ramènent de toutes parts, de tous les horizons, de tous les âges, et surtout de toutes les catégories sociales. Les 300 places assises n’ont pas suffit pour faire asseoir les 500 personnes rassemblées pour crier « l’INEVITABLE » chaque fois qu’elles entendaient « IVEE ».

Ivee a continué à surprendre, pourtant on s’attendait à ce que les artistes invités viennent faire le concert à sa place, il n’a fallu que quelques minutes pour les artistes de première partie, pour que Ivee vienne prendre les choses en main. Ivee en concert comme annoncé, il a fait son concert et a présenté de manière encore surprenante tous les titres de son album « l’INEVITABLE » qui n’arrête pas de faire parler de lui. Cet album qu’il a pu diviser en deux parties, qui correspondaient aux deux parties de son concert. Et chaque partie était représentée par une prestation scénique, et vestimentaire particulière et bien pensé à l’avance. Surprise de plus, en plus du message oral que le jeune rappeur fait passer dans sa musique, il a mis sur scène des petites séquences théâtrales qui faisaient voir de manière ludique, ce qui se dit dans sa musique. A l’exempt de Tonton Boudor que je n’ose présenter, toutes les autres Guest Stars ont juste accompagné Ivee dans certains titres qu’il a dû faire avec eux. Je pense à « couteux tirés » accompagné par l’une des voix sures du R’n’B au Cameroun (Prosby) ; « la voix que tu m’as donné » avec Zasta le rappeur de la vérité ; « bosse dur » avec Jaco dont le handicap n’a pas eu raison de lui ; enfin « pour les miens » avec Palesto le futur du Reggae au Mboa.

Ivee ressuscite le rap camer, en ce sens qu’il a redonné la joie aux adeptes et aux profanes venus très nombreux, et leur a donné par le même coup « l’inévitable raison d’espérer » que le rap au Cameroun n’est pas mort. Ivee lui a donné ce 02 mars, un nouveau souffle de vie, et il s’en est réjouit. Ce rappeur difficile à arrêter a ressuscité le vieux rap camerounais qui s’étouffait déjà dans nos âmes et qu’on avait jeté depuis lors dans le trou-noir de notre subconscient. Il a rendu par ce fait, hommage aux précurseurs de ce mouvement comme : Krotal, Reesboo, Dar X (Ak Sang Grave). Sa révérence à Sultan Oshiminh comme pour lui montrer son empire était fort impressionnante. C’est dire que malgré son élan révolutionnaire, son iconoclasme, Ivee n’est pas un vandale. Comme Tsimi Evouna, il ne casse pas pour casser. Il ne détruit pas pour détruire, mais pour construire quelque chose de beau, sur un socle solide dont il reconnait et respecte l’existence. Le « respect des anciens » est donc une valeur chez Ivee, attitude sui fera certainement de lui le meilleur rappeur de ce bled, où de la galaxie comme il l’a toujours rêvé. Sa technique, sa manière d’articuler les mots, sa gestuelle, et le niveau élevé du langage, sont des ingrédiens qui ont donné du goût au public, qui n’hésitera pas à chercher à écouter et à écouter encore Ivee déclamer ses mots. Et tous ceux qui le jugent de rappeur de l’égo-tripe, ont pu se rendre à l’évidence, que son rap fait du bruit aux oreilles, mais il parle aussi aux âmes.    

Ce que Ivee a fait ce samedi 02 mars, peu sont ceux qui ont réussi à le faire avec la même efficacité et le même tact. Pour dire que seul le talent ne suffit pas pour avoir tous les honneurs. L’humilité d’accepter de travailler en équipe, de se faire accompagner, de communiquer de manière rationnelle, de respecter les communicateurs et les partenaires, sont des clés de la réussite. Il donne donc de ce fait une leçon presqu’inaugurale à tous ceux qui ont fait des concerts avant lui, et qui le feront après. Il a mis la barre très haute, et les autres rappeurs savent désormais quel chiffre affiche le compteur. Maxi Zoguy et sa structure MAZO Culture peut être fier de son artiste, Dflay peut être fier de son compagnon de toujours, Serge Rodrigue Eyebe et Anofel peuvent se vanter de celui qui porte leur marque et leur touche. Le rap camer peut être fier de ce rappeur qui a redoré son image qui se dégradait peu à peu. Je peux aussi être fier d’écrire pour l’une des rares fois, des mots presque élogieux. Pas pour les compliments, mais pour décrire avec des mots justes une réalité dont je n’étais pas le seul à vivre.

« Dès qu’un auteur a du talent, j’estime que tout lui est permis » Emile Zola.

By, TATLA MBETBO Félix, Rédacteur en Chef, Kamerhiphop.com

Chroniqueur à culturebene.com.

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