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Daba Sarr : « Le partenariat Festi-Bikutsi et Africa Fête Itinérant, c’est quelque chose d’extraordinaire »

Daba Sarr est la Présidente d’Africa Fête, le festival trentenaire qui écume toute l’Afrique avec le projet novateur Africa Fête Itinérant. Lequel révèle des talents. Elle est présente au Cameroun avec une poignée d’artistes venus du Sénégal (Fou Malade & Noumoucounda), du Benin (Sessime), du Cameroun (Nkul Obeng) dans le cadre de la 15 ème édition du Festi Bikutsi. Ce partenariat qui lie Africa Fête au Festival des musiques bantoues est expliqué ici par sa Présidente, Daba Sarr engagé dans un processus de promotion de la consommation de la musique africaine par les africains. Daba nous présente les contours de ce partenariat, donne ses impressions sur son séjour et le déroulement de la résidence de création, etc.

Africa Fête Itinérant est associé au Festival des musiques bantoues 2014. Comment se passe votre partenariat et votre séjour ?

Notre séjour se passe bien. Nous sommes arrivés dans la nuit du 03 au 04 novembre. Nous avons été accueillis par un climat extraordinaire parce que chez nous il fait extrêmement chaud. Et quand on est arrivé au Cameroun, il y’a la pluie qui nous a accueilli avec un climat qui nous rafraichi. Et nous avons été accueillis par Léontine et son équipe. Aujourd’hui, on est bien traité, on mange bien, on dort bien, on travaille bien. On est dans un espace très spacieux et agréable, qui nous permet vraiment de continuer les créations qu’on a démarré à Dakar. Donc, le partenariat se passe vraiment très bien comme on l’espérait.

Africa Fête existe depuis plus de trois décennies et Vous en êtes bien la Présidente. Pouvez-vous nous brosser la genèse d’Africa Fête ?

Africa Fête est effectivement né à Paris depuis plus d’une trentaine d’années. Et il a été créé par Mamadou Konté, un acteur culturel Sénégalais qui nous a quittés en 2007. Africa Fête c’est un label de musique qui organise un festival de musique qui accompagne les jeunes artistes, les jeunes talents parmi lesquels on peut citer quelques artistes africains qui sont devenus populaires, stars dans le monde entier ; je voudrais citer Salif Keita du Mali, Youssou N’Dour du Sénégal, Angelique Kidjo du Benin, Manu Dibango du Cameroun ; Positive Black Soul de jeunes artistes aussi qui sont passés par l’école d’Africa Fête, accompagnés par Mamadou Konté. Donc Africa Fête promeut aussi la musique africaine, accompagne les jeunes talents, aide à la circulation des artistes africains… Aujourd’hui, nous sommes dans le projet Africa Fête Itinérant, qui a été mûri depuis longtemps initié par Mamadou Konté, Fondateur de ce festival. Malheureusement, il n’a pas pu faire tout ce qu’il voulait faire pour la musique africaine. Il avait émit le souhait de pouvoir appuyer ces artistes africains, ces acteurs culturels africains en Afrique, pas seulement au Sénégal. Mais en Afrique centrale, de l’Ouest, du Nord, dans toutes les Afriques ; pour toute la musique africaine. Que ce soit le Mbalax ou le Bikutsi ou autres styles musicaux, son but c’était de rendre cet AFrica Fête international surtout pour les africains. Cette idée de faire la circulation d’AFrica Fête, nous l’avons démarré en 2002. Nous avons déjà fait une édition avec la Côte d’Ivoire, le Mali mais surtout vous pouvez l’imaginer, c’est un projet qui coûte très cher puisque ça nécessite le déplacement des artistes, des billets d’avion, des frais d’accueil, pas mal de choses. Du coup, il fallait vraiment avoir les moyens de le faire. Nous l’avons fait une fois et ça a très bien marché et on s’est dit si nous avons les moyens, nous allons le refaire. On surtout essayer d’impliquer l’Afrique centrale avec qui nous n’avons pas l’habitude de travailler. Et nous, nous avons eu le désir d’inviter chaque année, un artiste d’Afrique centrale pour le Festival AFrica Fête à Dakar. A chaque fois, soit on a réussi à le faire pour certains cas, mais pour d’autres nous n’avons pas pu le faire parce que soit on a un problème d’argent, soit on a des problèmes visa, soit on a un problème d’administration avec les visas qui ne sortent pas avant ou bien qu’on a refusé ou qu’on n’a pas du tout les autorisations de sortie. Par exemple, il y’a un groupe de RDC que nous n’avons pu inviter parce qu’ils avaient un problème d’autorisation de sortie. Nous avons finalement réussi à le faire avec Lexxus il y’a deux ans parce qu’avant, à chaque fois il y’avait un problème. On s’est dit que ce frein là, il faut qu’on arrive détruire ce mûr qui nous sépare. Et à travers le soutien de l’Union Européenne dans son programme ACP Culture Plus, nous réussissons aujourd’hui à être au Cameroun et faire AFrica Fête et aussi dans d’autres pays parce qu’ils financent le projet à hauteur de 80%. C’est déjà important pour nous. Nous n’avons pas la totalité des 20% pour reste mais nous avons aussi la chance d’être accompagnés par le Ministère de la Culture. Aujourd’hui au Sénégal, le Ministère a pris le projet depuis 1994 ! Mamadou s’est installé au Sénégal depuis 1994 et depuis là, nous avons le Ministère qui n’a pas beaucoup de moyens mais nous accompagne en termes de techniques. Même si c’est une petite enveloppe financière, ils nous appuient. En 2013, nous avons fait le FAFI (Festival Africa Fête Itinérant) au Sénégal et en plus de la technique, le Ministère a donné une enveloppe financière. Ce qui nous a permis de boucher quelques trous. Nous sommes allés au Benin en septembre 2014, nous avons carrément le Ministre qui est venu pendant les activités qui ont accompagnées le projet. Nous avons eu les représentants de la délégation de l’Union Européenne qui nous accompagne aussi localement… Aujourd’hui nous sommes au Cameroun, nous avons déjà fait une rencontre avec l’Union Européenne et nous en auront une deuxième. Et ils sont avec nous ; soit par des e-mails qui nous encouragent à faire les choses ici au Cameroun. Donc, c’est un projet qui implique pas mal d’opérateurs et d’acteurs surtout, d’artistes par Fou Malade et Noumoucounda du Sénégal, Sessime du Benin, Nkul Obeng du Cameroun, ils se sont engagés et ce n’est pas facile parce que les artistes n’ont jamais le temps. Ils sont souvent partout dans des tournées… Ils ont besoin de circuler en Afrique. On parle de circulation des artistes africains en Afrique avec leurs œuvres mais l’africain lui, ils pensent souvent à l’Europe, aux Etats-Unis, etc alors qu’il y’a un marché en Afrique à ne pas négliger. Moi, je me dis si tu n’es pas connu chez toi, comment tu peux te faire connaitre ailleurs. Malheureusement, il y’a beaucoup de gens qui ne comprennent pas ça ! Actuellement au Sénégal nous avons un projet le SIMA (Salon International de la Musique) que nous allons organiser du 20 au 22 novembre 2014. Mais nous accueillons des artistes de la Diaspora, des Sénégalais que nous, on ne connait pas chez nous. Depuis la diaspora, ils se sont rendu compte qu’il fallait aussi se faire connaitre localement.

Africa Fête Itinérant est basé dans trois grandes villes africaines, Dakar, Cotonou, Yaoundé. Pourquoi d’ailleurs le choix de Yaoundé ?

Yaoundé parce qu’à la rédaction même du projet, le programme ACP Culture Plus là où on est allé chercher les sous, avait déjà des exigences. Ils nous disaient, il faut échanger avec au moins deux zones. C’est excellent pour nous parce que l’un de nos rêves c’était de pouvoir travailler aussi avec l’Afrique centrale. Nous avons déjà l’Afrique de l’Ouest parce que nous travaillons avec le Mali et le Benin depuis 7ans, la Côte d’Ivoire aussi. Sur les zones de l’Afrique, la plus compliqué c’était l’Afrique centrale ! A Douala, nous avons rencontré un opérateur qui s’appelle Luc qui fait aussi un festival de musique qui est Le Kolatier. Nous avons cherché et nous avons croisé le Festi-Bikutsi. Et nous avons aussi les échos depuis la France que le Festi-Bikutsi existe à Yaoundé et on ne connaissait pas encore les organisateurs. On a essayé de voir si Luc est disponible et accepte de collaborer sur le projet, on va le mettre comme partenaire su Cameroun. Et nous l’avons mis sur un autre projet qui s’appelle le SIMA. Et c’est comme ça que le SIMA est arrivé ici l’année dernière accueilli par Le Kolatier. Après, on s’est dit il faut qu’on trouve un autre festival. Il y’a le Festi-Bikutsi. Ça fait maintenant plusieurs éditions ; c’est quelque chose qui tient la route et que nous entendons aussi à l’extérieur du Cameroun. Donc c’est quelque chose de fiable et on a essayé de voir. Et comme ça on contacté Babel. On lui a envoyé un e-mail et tout de suite, elle a été très réactive. Et c’est ça qui rassure le partenariat surtout parce que des fois il y’a des gens quand tu envoies un e-mail, tu peux attendre trois mois avant d’avoir la réponse. Si tu ne les appelle pas, peut-être qu’ils se connectent une fois par mois. Lorsque Babel a réagit, on lui a expliqué le projet elle a été très contente et enthousiaste de faire partie de ce projet. Et on eu besoin de documents officiels pour pouvoir déposer tout. On a tenté et c’est comme ça que c’est partie. Donc, Yaoundé a été une destination idéale pour nous depuis l’année dernière avec le SIMA. Aujourd’hui, on continue et c’est sûr que c’est pour plusieurs années.

Africa Fête Itinérant promeut donc la consommation de la musique africaine par un public africain et cela fait une semaine que vous êtes en résidence avec tous ces artistes, têtes d’affiche de ce Festi-Bikutsi 2014, quelle est votre sentiment lorsque vous écoutez les sonorités qui ressortent de cette association d’artistes en résidence ?

Oui en fait l’un des volets de cette résidence, c’est aussi la création. Elle fait partie de nos activités depuis maintenant plusieurs années. Nous avions un endroit à Dakar qui s’appelait le Tringan qui pouvait même accueillir des résidences. Tout au long de l’année, on accueillait au moins trois résidences de plusieurs pays mélangés. On accueilli les Etats-Unis et pleins d’autres. On a fait des links entre les pays. Et, nous pensons que c’est un volet très important aussi dans le cadre de nos activités culturelles et artistiques. Il faut que les artistes se croisent, essayent de montrer autre chose, créent des links et c’est toujours extraordinaire de faire ces mélanges là. Nous avons commencé en 2013 au Sénégal et ce n’était pas évident car c’était la première fois que les béninois et Sénégalais se rencontraient dans le cadre de ce projet au Sénégal. C’était la première qu’on rencontrait le groupe Nkul Obeng qui venait d’être créé par Léontine Babéni. On avait très peur mais on s’est dit qu’ils sont très intelligents les artistes. Ils sont tellement créatifs qu’au bout de quelques jours seulement on a tout de suite créé quelque chose d’extraordinaire que nous avons présenté. Ce n’était pas fini du tout mais c’était déjà très apprécié dans un concert public. Et c’est une partie de cette résidence qui a commencé au Sénégal même si ce n’était pas fini. Et c’était en début de création. Nous l’avons parfait au Benin à Cotonou quand on est venu au mois de septembre dernier. Nous avons parfait les trois morceaux que nous avons créés à Dakar et les trois autres morceaux avec les Béninois et les Camerounais. Ce qui nous donne un total de six titres à peu près très bien travaillés, présentés à l’IFC de Cotonou. Et le jour que nous l’avons fait, ce n’était pas facile la création, 10 jours de création. On ne se comprenait pas toujours, certains disaient ci, d’autres ça et tous, le jour du concert on s’est demandait est-ce que ça va aller et c’était le meilleur concert. Et le Directeur de l’IFC qui nous a même encouragé après et donner quelques directives. Franchement, nous avons besoin de chacun d’entre nous pour pouvoir améliorer ce que nous faisons. L’important c’est que le résultat final soit vraiment un truc de ouf ! C’est ce spectacle là que nous avons présenté récemment à l’IFC de Yaoundé et je pense que ça a été apprécié par les camerounais.

Après Yaoundé, c’est l’étape de Marseille en 2015. Le festival s’arrêtera-t-il là après Marseille ?

Aujourd’hui nous sommes au Cameroun et la prochaine phase du projet est prévue à Marseille en juin prochain. Normalement le projet dure sur trois ans et nous allons finir en 2015 à Marseille. Mais nous avons déjà d’autres propositions ; d’autres pays ont déjà envie de recevoir ce FAFI. Notre objectif c’est de pouvoir sortir quelque chose de cette création ; un album qui nous permet de pouvoir faire des dates. C’est un des objectifs qui n’est pas prévu dans le cadre de ce festival et finalement nous nous sommes dits pourquoi pas essayer de trouver les moyens pour enregistrer pour sortir quelque chose que nous pourrons vendre partout. Nous espérons que le FAFI continue en 2016 sur les trois pays qui l’ont déjà commencé et puis sur d’autres pays. On réfléchit avec l’Union Européenne pour pouvoir refaire un FAFI ici au Cameroun en 2015. Mais tout cela, ce sont des pourparlers et on n’a pas encore quelque chose de concret. Nous avons l’Afrique du Sud qui veut recevoir, le Mali, l’Italie, le Canada ; peut-être qu’en 2015 on réalisera ça. Cette année déjà ils veulent venir au Sénégal et qu’en 2015 on se retrouve. On est en train de réfléchir avec les partenaires pour pouvoir réaliser cela à partir de 2015.

Mot de fin sur le Festi-Bikutsi ?

Je tenais à vous remercier vous, les hommes des médias, vous CulturEbene. Tout ce que nous faisons, on peut toujours réfléchir mais après, le reste c’est vous, parce que si on arrive à être connu ailleurs et que le Canada nous envoie une invitation, c’est parce que vous avez bien travaillé, vous relayez l’information, vous essayez de publier partout pour que ça marche. Nous avons besoin de vous pour exister. Je tiens aussi à remercier l’Etat camerounais, le public camerounais, la délégation Union Européenne qui nous reçoit ici. Le ministère qui fait beaucoup d’efforts aussi parce qu’à chaque fois, Léontine nous envoie des comptes rendus faits ici localement. Donc c’est comme ça qu’on sait que le Ministère est localement impliqué depuis même l’année dernière. C’est depuis 2013 que les négociations ont commencé avec le Ministère. On ne peut pas ne pas les remercier. Je ne sais même pas comment trouver les mots pour leur dire merci ! Le Ministère n’a jamais le temps. Le temps c’est de l’argent ! Mais ils ont pris un peu de leur temps pour nous aider à réfléchir comment mettre sur pied ce projet. C’est de l’or, ça vaut plus que l’argent. Je tiens à remercier aussi les artistes qui ont accepté de nous accompagner dans cette aventure, tous les partenaires qui ont acceptés de nous accompagner dans ce projet. Ce n’est pas facile. Ça nécessite du temps et de l’argent. Depuis qu’on est là on voit Babel et René qui se faufilent partout et qui essayent de créer beaucoup d’autres activités. Le Festi-Bikutsi c’est déjà beaucoup d’activités et maintenant si tu viens avec le FAFI et tu ajoutes d’autres activités, ce n’est pas facile. Ils ont toujours le sourire et l’équipe est adorable (sourire).

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