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Richard Pipa : « Moi, je veux transmettre mon savoir aux jeunes… »

C’est le maillon fort de la régie son et lumière de l’Institut Goethe de Yaoundé ; ce dernier fait alors remarquer que sans ledit institut et l’Allemagne en général, il ne serait sans doute pas là aujourd’hui. Richard Pipa Kaka s’est alors donné pour mission de former à son tour la jeunesse camerounaise, dont il est conscient du potentiel, à travers son projet MUAYE SC’NE.

  1. Richard Pipa Kaka, bonjour et merci de nous accorder ce temps, pour une fois de plus parler des métiers de la scène…

Mon cher jeune frère, c’est moi qui suis très flatté de voir culturebene.com m’offrir cette grosse visibilité.

Quand on parle de Muayé Sc’ne, on voit directement Richard Pipa ; est-ce qu’on peut revenir sur ce costaud projet dont vous êtes le concepteur ?

Permettez-moi de revenir un temps soit peu en arrière et d’avoir l’humilité de reconnaitre que je suis un produit Allemand, en ce sens que c’est grâce à l’Institut Goethe que des formations dans les métiers de la scène ont pu être effectives via les Muaye Sc’ne. C’est l’Institut Goethe qui me donne ma chance de pouvoir me former dans l’une des plus prestigieuses écoles de Régie Technique en Allemagne, plus précisément à Hambourg à la Das Institut. Et avant la fin de nos formations, il nous était demandé de monter un projet solide et concret pour notre retour au pays. Alors, après 18 ans d’exercice en tant que technicien à l’Institut Goethe, j’ai pensé qu’il était plus que temps de penser un cadre de formations pour faire bénéficier de mon savoir et de ceux de mes collègues, aux jeunes qui très souvent manquent de moyens pour s’en enrichir. Cela me vient aussi d’un constat selon lequel, les jeunes artistes de nos jours ignorent carrément l’importance des aspects qui entourent les scènes, alors ils font des spectacles creux, qui ne sont pas vivant, tout simplement parce qu’ils n’y ont pas mis l’essentiel, ils se contentent juste de chanter. Le MUAYE SC’NE vient alors combler ce trou, constituer un moyen important pour la réussite des spectacles, à travers des formations. Et j’ai la chance de compter, et ce gratuitement, sur le soutien des experts comme Jules Wonkep (ex Technicien à la CRTV), ou encore Patrick Touko, Daniel Sahmo Sahmo (régisseur général à l’Ifc de Yaoundé). Tous ces noms maîtrisent leur domaine, et j’aime bien cette notion du « vivre ensemble », mais surtout autour de la scène car c’est mon dada.

Et où en êtes-vous aujourd’hui ?

MUAYE SC’NE aujourd’hui essaye de se déployer et tient des plateaux en son et en lumière. En ce moment nous sommes en phase « 2 » avec Jules Wonkep, qui consiste à accueillir des jeunes qui n’ont aucune base en régie lumière, et les former. L’institut Goethe nous a offert son espace les derniers vendredis gracieusement pour cela.

Et de façon pratique, comment est-ce qu’ils sont formés, ces jeunes ?

Pour commencer on leur apprend des notions basiques d’électricité, ensuite la lecture des projecteurs, car il est important qu’ils sachent la différence de scène entre la musique, la danse, le théâtre : les pares (indiqués pour la danse), les PC (indiqués pour le théâtre) etc. Bref, le but ici c’est d’assurer la relève capable de faire de grands plateaux. J’ai eu la bonne surprise de voir tout récemment le matériel et les ressources qui se déployaient au Musée National, et je me suis senti heureux car les jeunes en profiteront.

Richard Pipa, vous insistez sur l’aspect gratuité ; mais est-ce que vous vous en sortez ?

Ecoutez, nous ne gagnons certes pas d’argent mais nous aimons ce que nous faisons. Ceux qui croient en nous nous aideront peut-être un jour, mais nous n’avons pas le temps d’attendre, le besoin est réel, et il faut absolument former ces jeunes, quitte à ce que cela ne paie rien. D’ailleurs, le camarade Jules Wonkep offre son expertise gracieusement. Le seul soutien que nous avons, et nous n’en sommes pas moins fiers, c’est le Goethe Institut qui nous accompagne depuis toujours.

Ces formations s’étalent sur une longue durée ?

Bien évidemment : puisque l’univers de la scène est si vaste ; ces jeunes qui commence à peine, par exemple, ont dans leur programme : Installation, montage, filtre et plusieurs autres comme modules. Et nous avons une méthode, le learning by Doing, pour leur permettre de mieux assimiler. Réunir la théorie à la pratique, puisque bientôt se tiendra le spectacle de Sanzy Viany, alors certains seront à la technique pour joindre à la théorie, la pratique au niveau de la régie. Sinon, nous essayons également d’apporter notre appui à certains espaces, notamment le cas du Centre Culturel Francis Bebey avant sa fermeture, nous y avons détecté quelques défaillances au niveau de la technique, pareil du côté de OTHNI, et nous avons offert notre expertise à ces espaces. Voila jusqu’où va Muaye Sc’ne.

Merci encore pour votre temps…

Je n’ai jamais vu un reportage ici où on a dit : « Voilà, ils ont utilisé 15 projecteurs, 02 pares, des découpes, et une puissance sonore », les gens préfèrent s’intéresser à l’artiste qui preste et non aux techniciens qui font le gros du boulot. Je pense que c’est une initiative louable qu’a eu culturebene.com, que de venir explorer cet univers qui est en manque de visibilité. Ça prouve que nous sommes encore reconnus par ceux qui aiment véritablement la culture.

 

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