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Mwadjo Maka : « Si tu ne m’aimes pas, les miens m’aiment…»

C’est une artiste comblée qui nous est donné de rencontrer ; Mwadjo Maka, l’ondine de Kribi, mais qui très tôt (dans les années ’60) suivra sa famille du côté de la France où elle vivra une enfance compliquée, payant le prix de sa couleur de peau… Après plusieurs décennies, éloignée de sa patrie chérie le Cameroun, elle nous revient mais pas les mains vides. Son « présent » n’est autre que ce passé qui longtemps l’a hanté, et qu’elle a pris le courage de résumer dans un album atypique : Si jamais tu ne m’aimes

Déjà, bon retour aux sources…

Merci infiniment ; on en a toujours besoin, c’est l’essence de nos vies. C’est capital, même.

En une quarantaine d’années, c’est votre troisième voire quatrième visite seulement ; l’émotion est palpable…

Ça c’est sûr ; le premier sentiment c’est l’odeur, le deuxième, la parole, et le troisième c’est le regard. Et ce qui me comble le plus c’est le sourire qui reste présent chez les africains. Il accompagne cette force que nous avons déjà, et c’est très agréable de vivre toutes ces émotions une fois de plus.

Un environnement qui casse indéniablement avec celui de l’outre-océan, on va dire…

Ah oui c’est vrai en plus. Pour que l’on le ressente, j’ai fait le choix de mélanger ces deux vies dans mon album, c’est-à-dire le côté France et le côté Afrique.

Dans cette galette musicale que vous nous présentez ce jour, il y a comme beaucoup de ressentiments, un lourd parfum de nostalgie, des regrets aussi. Pourquoi ?

Vous savez je ressens toujours des émotions très fortes, relativement à ce passé dont je parle dans mon album. On va dire que c’est une forme de thérapie, mais c’est surtout de la nostalgie. Je mets plus en avant l’Afrique, ces frères et sœurs que j’ai laissé derrière-moi involontairement pour me retrouver dans une sorte de société hermétique, et chaque jour qui passait, je vivais le regret de n’avoir pas grandi aux côtés des miens, avec cette chaleur particulière dont seule l’Afrique sait procurer, tout en apprenant ma langue maternelle que j’affectionne tant. Aujourd’hui, mon souci est de revenir le plus souvent, histoire de me rapprocher encore plus de mon « peuple », de me sentir aimée comme j’en ai le droit. C’est d’ailleurs ce que je prône dans le titre Sister avec pour thèmes : Paix, amour et harmonie.

Votre album comporte « 5 » titres ; c’est peu, non ?

Honnêtement j’aurais aimé faire mieux, mais je me suis heurtée au problème de financement. Vous savez les séances au studio coûtent vraiment cher surtout quand on est exigeant par rapport à la qualité. J’ai dû m’arrêter à cinq titres qui, rassurez-vous, parcourent l’essentiel de ma vision, et sont d’une extrême richesse rythmique et textuelle.

Le prochain pourrait se faire ici au Cameroun avec le minimum, mais avec une originalité avérée…

Justement, j’y pensais déjà. Surtout qu’ici les musiciens sont très bons, et nous sommes à la source. Vous savez, j’aime beaucoup écouter, car j’ai reçu une bonne éducation, mais je sais aussi être directe quand ça ne va pas. Des aînés m’ont conseillé de travailler avec des musiciens ici, et j’estime qu’au-delà de la bénédiction que cela me procurera, le travail sera très bien fait. Je ne connaissais pas grand monde avant, voilà pourquoi j’ai dû tout faire en France.

Quels sont vos projets en termes de collaborations avec des locaux ?

Je vais être honnête avec vous, je rêve de travailler avec Eko Roosvelt dont les chansons me bercent jusqu’aujourd’hui. A travers ses œuvres on ressent des choses poignantes qui vous marquent à vie.

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