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Bonas Fotio : « J’ai été Inspiré par des icônes comme Serge Pouth, Léonard Châtelain, Claudy Siar, Amobé Mevegue… »

Musique Urbaines camerounaises, Maahlox au PAPOSY… Au lendemain de la signature de Locko chez Universal Music Africa, l’Animateur radio et Homme du showbiz, Bonas Fotio s’est confié à Culturebene.

Salut Bonas, animateur radio-homme du showbiz, qu’est-ce qu’on peut savoir d’autres sur toi… Qui est Bonas ?

Vous avez tout dit. Je suis Bonas Fotio, c’est la base (rires). Je suis aux commandes du M.A. Morning sur Médiafrique Douala 99.9 tous les matins, je présente des évènements, je suis ambassadeur vocal pour la publicité de quelques marques, et producteur de contenus audiovisuels grâce à Olia Entertainment, qui accompagne par exemple ma web émission #LeBonAs.

https://www.youtube.com/channel/UCu5q3gk4rrwpv-Qk8z7sMFA?view_as=subscriber

C’est une interview qui donne la parole aux as des cultures urbaines, ainsi qu’à tout profil particulier érigé en icône au Cameroun et sur le continent. Mais avant tout, je suis un homme de radio. C’est un média qui m’aime et que j’aime. C’est tellement plus magique que la télévision.

Comment es-tu arrivé dans l’animation ? Parle-moi de tes débuts…

Je suis né et j’ai grandi à Baleng (aujourd’hui commune de Bafoussam 2), en zone rurale. Le seul média auquel j’avais accès facilement, c’était la radio, qui faute d’électricité fonctionnait avec des piles. Ainsi j’écoutais religieusement tout ce qui passait dans les radios locales et internationales (parfois en SW, lol). Fasciné par ces voix qui résonnaient dans le transistor, alors que j’étais encore au lycée en classe de Première, j’ai commencé les fameuses émissions jeunes à Radio Star (Bafoussam) où je me rendais à pieds chaque mercredi et dimanche. Je me souviens avoir bégayé grave lors de mon premier passage à l’antenne. Ce coup de frousse m’a lancé une sorte de challenge. Je voulais absolument corriger ce que j’avais loupé. Inspiré par des icônes comme Serge Pouth, Léonard Châtelain, Claudy Siar, mais surtout Amobé Mevegue, j’ai continué à bosser, et les choses sont devenues plus intéressantes quand je suis allé en fac à Dschang. Là-bas j’ai rencontré Didier Kouamo qui était le master de la ville à travers Radio Yemba, où avait également bossé Carole Leuwe juste avant mon arrivée. A la radio universitaire, mon ami et frère Eric Fopoussi et moi avons fait les belles heures d’antenne de cette FM des cops. En face, à radio Yemba, il y avait un gars que j’ai rencontré un peu par hasard un jour à la sortie des cours : Brice Albin Yamedzeu, un autre frère et ami que j’ai retrouvé sur Médiafrique en 2016. A Dschang, pour m’inspirer des autres j’écoutais aussi des radios françaises sur internet. Et comme je n’y avais accès que sur le campus, j’étais obligé de dormir régulièrement à la radio pour pouvoir suivre Cauet, Nikos Aliagas, ou Difool. Quand j’arrive à Douala en 2010, j’ai d’abord eu une sorte de pause info, à Hit Radio, où j’ai présenté des bulletins d’information pendant presque un an. Mais mon goût pour l’animation m’a amené un jour à rencontrer Anpis Atangana, qui après m’avoir écouté m’a demandé directement « tu commences quand » ? Je n’oublierai jamais son ouverture d’esprit qui m’a permis de faire mes preuves à la RTM Radio entre 2012 et 2016, où j’ai construit ma personnalité radiophonique dans l’émission « Le Métro Du Soir ». Une vespérale quotidienne qui m’a donné la chance non seulement d’interviewer des monuments comme Manu Dibango,  Krotal, Kery James ou encore Richard Bona, mais aussi de contribuer à la révélation de tous les porte-étendards actuels du hip hop et de la musique urbaine au Cameroun, notamment grâce au label avant-gardiste MumAk (Music Makers) qui m’a fait découvrir des inconnus nommés Elad, Magasco, Jovi, Reniss, dont la place est aujourd’hui incontournable.

Tu n’as jamais été tenté par la Télé ?

La télévision, j’ai essayé un peu LoL. En 2013, quand j’étais sur RTM, la patronne m’avait donné la chance de co-animer la matinale de la chaine de télé sœur du groupe, LTM Tv. Et c’est là que j’ai appris à regarder la caméra, formuler un propos cohérent tout en restant télégénique, et sans donner l’impression d’animer un show radio (rires). Mais ça n’a pas duré longtemps. Je me sentais vraiment plus à l’aise à la radio. Mais c’est aussi parce que je trouvais que les moyens déployés à l’époque, ne pouvaient pas contribuer à bien mettre en valeur ma personnalité en télé, alors qu’en radio il y avait moins de contraintes. C’est cette brève expérience sur LTM qui me permet peut-être aujourd’hui d’autoproduire ma première émission visionnée, #LeBonAs.

L’artiste Locko a rejoint la major Universal Music Africa, toi qui es dans les secrets des dieux, donne nous quelques détails par rapport à cette signature.  Le montant du transfert ? Combien d’années, il a signé…

J’ai effectivement eu la charge d’inviter les médias, d’en assurer le monitoring, et d’être modérateur de la Conférence de presse de cette signature historique. Mais en ce qui concerne les chiffres, la personne la plus autorisée pour en parler, M. Moussa SOUMBOUNOU, Directeur Général d’Universal Music Africa, a maintenu le secret parce qu’il s’agit de données contractuelles appartenant aux parties signataires. Locko de son côté n’a rien dit non plus. On retient simplement qu’un petit chèque a été signé à Big Dreams Entertainment, qui a bâti le Locko que nous connaissons aujourd’hui, et qu’un autre chèque, petit ou grand j’en sais rien (lol), a été signé à l’artiste, dont le label Yema restera à la direction artistique de son projet musical avec UMA.

Un album de Locko est annoncé pour le mois de Décembre, que devient le précèdent album de l’artiste ? (NDRL, The Bridge) ?

L’album The Bridge de Locko reste frais. Nous ne sommes qu’en Juillet. Il aura le temps d’être bien consommé avant Cloud Nine annoncé pour le mois de décembre 2018. Comme Locko et le directeur Label & Music d’UMA l’ont dit lors de la signature, ce sera du beau boulot pour un résultat de haute facture.

Que réponds-tu à ceux qui disent que les majors viennent « dépouiller l’Afrique de ses meilleurs artistes » ? Que ses derniers « ne font rien pour l’industrie sur le continent » ?

Si on dit de ces multinationales qu’elles dépouillent l’Afrique de ses talents, pourquoi n’entend-on pas les mêmes critiques quand un club de foot embarque Samuel Eto’o ? Ces majors sont à la recherche de marchés fertiles, et ils ne mettent pas un revolver sur la tempe d’un artiste pour le forcer à signer. Mon point de vue personnel en tant qu’animateur de radio et chroniqueur culturel, est que les labels indépendants sur le continent font un boulot magnifique de révélation et d’accompagnement des artistes. Mais si un artiste choisit ensuite de continuer avec une major, ça veut dire qu’il veut profiter de son réseau solide et étendu pour exposer davantage ce qu’il sait faire. Quand je vois ce qui se passe avec les nigérians, il ne s’agit pas absolument de forcer l’entrée de Wizkid dans le cœur des américains ou des européens, mais s’assurer déjà  que tous les nigérians et les africains consomment le plus possible la musique de l’artiste de manière permanente. Et ainsi son contenu pour parvenir aux oreilles d’autres cibles plus éloignées. En lui trouvant des scènes où performer, des plateformes pour mieux rentabiliser sa musique. Les près de 300 millions de francophones d’Afrique Centrale et de l’Ouest par exemple, sont un marché très intéressant pour tout artiste qui peut y développer sa notoriété de manière plus efficace grâce aux possibilités d’une major. En plus, ça ne fait pas si longtemps que ces multinationales investissent dans la musique sur le continent, nous avons encore le temps de juger les fruits de leur implantation.

Le 26 juin dernier, Maahlox a donné un concert mémorable (Le Paposy plein à craquer), plus de 70 artistes ont presté en guise de soutien… Toi qui travaille au quotidien pour la promotion de la musique du Mboa, qu’est-ce que t’as ressenti ?

Le 26 Juin 2018, le jour où le Cameroun a perdu en 2003 l’un de ses meilleurs héros du football, Maahlox a réussi rassembler des milliers de gens de tout bord autour d’une belle scène, pour célébrer le Cameroun. Au-delà du nombre, #MaahloxAuPAPOSY était aussi une rencontre entre des tenors de la scène musicale urbaine camerounaise qu’on voit rarement ensemble sur scène. Comme il me l’a dit lors de l’interview que j’ai faite avec lui en live sur Bimstr avant l’évènement, ce concert était non seulement un défi personnel pour le rappeur qui a conforté l’importance qu’il a dans le game 237, mais aussi une brèche pour tous les artistes ou entrepreneurs évènementiels qui voient que c’est possible de remplir le plus grand espace de spectacle couvert du Cameroun, avec du contenu exclusivement local, et sans sponsors ! Clin d’œil à Tenor qui était sur scène avec lui, et qui s’apprête à offrir la même expérience le 18 août prochain. Maahlox a montré qu’il faut arrêter de dire et commencer à faire. Je pense que c’est aussi un énorme message envoyé aux différents mécènes, investisseurs et les entreprises dont les directeurs marketing gagneraient à être plus curieux, et à prendre plus de risque. Bravo Maahlox !

Quel regard portes-tu sur les musiques urbaines camerounaises…Selon toi quelle place occupe ses musiques urbaines sur le plan continental ?

Je pense que les artistes populaires de chaque pays sont des ambassadeurs incontestables. On parle beaucoup des Etats-Unis en mentionnant Beyoncé, Madonna ou Michael Jackson. Il y a eu une longue période en Afrique, pendant laquelle, pour parler des stars camerounaises, les mêmes artistes de la décennie 90 étaient mentionnés, dans un continent où les jeunes nigérians, ivoiriens, congolais avaient le contrôle dans les médias internationaux, et pire, dans nos médias locaux, dans nos clubs, et jusque dans nos fêtes populaires. Les choses ont changé pendant les 5 dernières années grâce aux rappeurs et autres artistes Hip Hop qui ont fait de ce phénomène la culture populaire urbaine N°1. Grâce au combat pionnier des monuments comme Krotal, Benjo Style, Valséro, Ak Sang Grave, Sultan Oshimin, Bantu Pôsi, la nouvelle génération a continué à tracer une belle route. Entre autres, le MTV Award de Stanley Enow, les 50 millions de vues de Coller La Petite, les succès de Jovi, XMaleya, Magasco, Maahlox, Mr Leo, les Featurist, Salatiel, Locko, Daphne, Minks, Tenor, la montée des labels comme Empire Company, Big Dreams Entertainment, New Bell Music, Alpha Better Records, inspirent chaque jour des vocations et réussit à mettre dans les playlists locales, la musique camerounaise. Et à ce sujet, je tiens à tirer un coup de chapeau aux producteurs de musique, qui ont su prendre les influences afrobeat, pop et hip hop du continent et du monde entier, pour les associer intelligemment aux bases des rythmes classiques du Cameroun et en faire quelque chose d’extraordinaire. Big up également aux DJ et aux festivals comme le Douala Hip Hop Festival, qui font le remarquable travail de révélation et de diffusion. Le Cameroun est ainsi revenu au top des musiques urbaines en Afrique Francophone où le Hip Hop 237 est passé N°1. Il ne nous reste plus qu’à détrôner le Nigéria (lol). Mais pour voir ça tenir sur la durée, nos dirigeants doivent prendre conscience de ce qui se passe. Cela encouragerait davantage d’entrepreneurs et d’investisseurs à risquer plus, à monter par exemple des radios et télévisions spécialisées, sinon, les médias internationaux continueront de tout prendre.

Quels conseils peux-tu prodiguer aux jeunes qui souhaitent suivre tes pas ?

Je conseille à tous les jeunes qui veulent travailler dans les médias, de commencer tôt, dès le lycée, et d’être curieux. La curiosité ouvre le portail de la culture. C’est capital d’être cultivé dans le sujet sur lequel vous travaillez. Toujours se remettre en question pour pouvoir s’informer sur les nouveaux outils, les nouveaux médias, les nouveaux codes qui vous permettront d’être toujours à jour. Sinon, t’es Down, pour reprendre l’expression de Fidjil ! Et spécifiquement pour la radio, il est important d’avoir une bonne diction. Pour se faire toujours bien entendre, quel que soit votre accent.

Quelques contacts utiles…

Je suis disponible via les pages Bonas FOTIO sur Facebook, Instagram, Twitter, Linkedin. Abonnez-vous à la chaîne Youtube Le Bon As, pour être les premiers à regarder le prochain épisode de la web émission des as. https://www.youtube.com/channel/UCu5q3gk4rrwpv-Qk8z7sMFA?view_as=subscriber

Question bonus

Où est passé Brice Albin ? J’ai lu quelque part, il aurait rejoint l’équipe de Cyril Hanouna sur C8 dans l’émission « Touche pas à mon poste ».

Brice ? (rires) Il est entre Douala, Cape Town et Paris. Et je ne crois pas qu’il hésiterait une seconde à prendre le poste de celui qui ne veut pas qu’on y touche. C’est un as à qui je ferai toujours Tchin !

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