InterviewTchad

Croquemort, artiste : « Au Tchad les financements du ministère de la culture ne respectent aucune logique…»

Artiste slameur, directeur artistique du festival Ndjam S’enflamme en Slam, Didier Lalaye alias Croquemort nous a accordé un entretien à l’issue de la 5e édition du FINES.

Quel bilan dresses-tu à l’issue de cette 5e édition du FINES 2019?

C’est plutôt une impression de satisfaction parce que nous n’avons enregistré aucun incident et le nombre de personnes attendues aux concerts et aux ateliers ainsi que les conférences a été atteint.  Notre budget a été réglé en sorte que nous n’avons pas eu un déficit, les bénévoles sur le festival, les artistes ont reçu leurs perdiem et tous les contrats avec les prestataires de services ont été honorés. Donc c’est plutôt un bilan positif que nous dressons et je remercie tous nos partenaires ainsi que le public.

Quel était le contenu du festival et qu’est-ce qui a justifié le thème de cette édition ?

Le festival c’était en premier la conception d’un livre qui retrace la vie de 14 slameuses africaines issus de 13 pays différents ainsi qu’un documentaire traitant du même sujet. Le Festival International N’Djam s’enflamme en Slam a donc été l’occasion de mettre la lumière sur ces slameuses qui sont présentées comme les intellectuelles de l’Afrique. Il s’agit de créer à travers ces braves dames une émulation  chez les femmes et surtout chez de jeunes élèves qui vont pour la plupart se rendre compte qu’elles ont le droit de participer aux grandes décisions de leurs pays respectifs et qu’être une femme ne peut en aucun cas constituer une barrières à leur multiples rêves.

Quelle était la nécessité de mettre les femmes Slameuses en avant ? Pourquoi maintenant et qu’est cela va changer ?

Tenu pour la plus grande partie par les femmes, le slam africain n’a pas dérogé à cette règle avec la présence effective des slameuses sur les différentes scènes, ce qui a permis de décomplexer la pensée selon laquelle l’art est une affaire d’homme. Il serait donc intéressant d’investir le slam dans l’émulation à l’éducation au sein de la gente féminine à travers la vie de ces 14 slameuses africaines et dont une partie était programmée au Tchad sur le festival pour animer des ateliers, des conférences, faire des concerts et participer à des discussions dans les écoles et autres centres culturels de N’Djaména

Au regard de l’engouement de la part du public peut-on affirmer que le slam séduit au Tchad ?

J’ai l’habitude de dire que N’Djamena est la capitale mondiale du slam car dans cette ville, le slam est considéré comme un art majeur de la culture au Tchad. Il a beaucoup d’adeptes et un public formidable qui répond toujours présent lors de l’événement. Les slameurs sont souvent programmés sur de grandes scènes, ils ont gagné plusieurs trophées à des compétitions de musique. Le fait que N’Djam s’enflamme en Slam soit à ce standing est dû bien-sûr à l’apport du public qui a pu emmener les bailleurs à s’intéresser  à notre mouvement et à répondre toujours présents pour nous accompagner dans cette aventure. Les Tchadiens sont très séduits par les jolies paroles du slam tant que cela ne les rapproche pas de la forme classique de la poésie. Le slam pratiqué au Tchad est aussi particulier, car il est plus professionnel et ne se limite pas à une multitude de personnes sur la même scène qui font de petits bouts de textes a capela. Cela est devenu un véritable courant artistique où un individu peut avoir son concert à lui tout seul et tenir une heure ou une heure et demie sur la scène, accompagné par des musiciens car la musique sert à mettre en relief les mots. Cela est pour moi l’avantage du slam tchadien car certains en font non pas un passe-temps, mais une véritable profession.

Lors de votre speech de clôture vous avez dénoncé le soutien étatique à géométrie variable lorsqu’il s’agit des évènements culturels…

Je suis celui qui pense avec logique, or dans les financements du ministère de la Culture, il n’y a pas de logique. Je vais être précis : Si le ministère répond qu’il ne peut pas nous soutenir parce que notre dossier ne les intéresse pas ou que notre projet n’est pas dans leur ligne budgétaire ou mieux encore que notre projet n’a pas de plus-value, eh bien, pour moi, ce serait une réponse respectable ne souffrant d’aucune ambigüité. Mais quand le ministère ne peut pas financer un projet culturel en évoquant le manque de moyen, il faudrait alors que le manque de moyen s’applique à tous les projets pour que cette mesure soit compréhensible. Or nous remarquons que le projet le plus cher qui est Dari, ne souffre pas de cette mesure. Alors on est en droit de se demander comment se fait-il qu’il n’y a pas de l’argent pour les uns et qu’il y a de gros montants pour d’autres ?

Pour sortir de cette interview, comment prépare la Coupe d’Afrique de Slam Poésie et quelles sont les premières informations à retenir ?

Pendant le FINES 2019, six membres de la team CASP qui en comporte huit, étaient en effet à N’Djamena pour une réunion en marge du festival. Cela a permis notamment de discuter du nouvel organigramme de la CASP, des stratégies pour la CASP 2020, des plans d’action et la production du dossier de présentation de la CASP 2020.

Les premières informations à retenir est que nous avons signé déjà des contrats avec 37 pays africains pour la CASP 2020 qui aura lieu à Addis Abeba courant novembre. Certains pays ont déjà leurs candidats, d’autres sont dans les processus de sélections, etc. L’idée est d’avoir 37 candidats représentant 37 pays en Ethiopie à cette deuxième édition.

Propos recueillis par Ebah Essongue Shabba

 

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