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La légende Mory Kanté, l’auteur du tube planétaire Yéké yéké est décédée

Né le 29 mars 1950 à Albadariya, la légende Mory Kanté est décédée le 22 mai 2020 à Conakry. Chanteur et virtuose de la kora, Mory Kanté, que l’on surnommait le « griot électrique », est décédé à 70 ans dans l’hôpital sino-guinéen de Conakry. L’information a été donnée par son fils Balla Kanté à un correspondant de l’AFP. il avait été hospitalisé pour des maladies chroniques que la crise du Covid-19 ne lui a pas permis de soigner hors de Guinée en raison de la suspension des vols internationaux. le président Alpha Condé a tweeté : « La culture africaine est en deuil. Merci l’artiste. Un parcours exceptionnel. Exemplaire. Une fierté. ».

Mini Bio

C’est en plein Empire mandingue dans un petit village du sud de la Guinée, Albadariya, près de Kissidougou, que naît Mory Kanté le 29 mars 1950. Son père, El Hadj Djeli Fodé Kanté, est déjà un très vieil homme et Mory compte parmi les plus jeunes de ses 38 enfants. La famille Kanté est une célèbre famille de griots, des poètes, chanteurs, historiens et journalistes à la fois, véritables mémoires vivantes dont le rôle est depuis la nuit des temps de conter en musique les épopées sans fins des familles et des peuples. Les parents de Mory sont tous les deux griots, fonction héréditaire, et son grand-père maternel était un puissant chef de griots à la tête d’une soixantaine d’entre eux. Le destin de l’enfant est donc tout naturellement de devenir un « jali », terme mandingue pour « griot ».

Élevé d’abord par sa mère malienne Fatouma Kamissoko, Mory va à l’école française. À 7 ans, sa famille l’envoie à Bamako, capitale du Mali, chez sa tante, Maman Ba Kamissoko, autre célèbre griote. Jusqu’à 15 ans environ, il est initié aux rituels traditionnels, au chant et au balafon. Il participe à de nombreuses fêtes familiales, à des cérémonies officielles au cours desquelles il se forge une expérience solide de musicien et de chanteur.

Au cours des années 1960, la toute jeune République du Mali, reçoit de nombreuses influences musicales : rumba zaïroise, salsa cubaine, pop et rock anglo-saxons. Le jeune Mory se passionne très jeune pour ces nouvelles musiques électrifiées et apprend la guitare. Fort d’une très riche expérience traditionnelle, il se tourne vers une certaine modernité très éloignée de son cadre familial. En 1968, il quitte l’école pour intégrer l’Institut des Arts de Bamako. Mais dès 1969, il cesse sa formation et joue dans différents orchestres, notion équivalente du « groupe » occidental. Il se forge une première notoriété en faisant danser les maliens des nuits entières dans des bals à ciel ouvert, les apollos.

En 1971, Mory a 21 ans. Il est repéré par le saxophoniste Tidiani Koné qui lui propose d’intégrer son groupe, le Rail Band de Bamako, fameux orchestre de l’hôtel de la gare. Mory accepte et prend place dans l’orchestre dont le chanteur n’est autre que le Malien, Salif Keïta.

Lorsque ce dernier quitte le groupe en 1973, Mory Kanté le remplace au chant. D’abord hésitant, il prend très vite goût à ce nouveau rôle. La formation tourne dans toute l’Afrique de l’ouest où Mory devient un artiste connu. En 1976, il reçoit le Trophée de la « Voix d’or » au Nigéria. Parallèlement, il apprend la kora et transgresse ainsi une certaine tradition qui veut que le balafon soit l’instrument noble dans sa famille. Il devient cependant très vite un virtuose de cette harpe à 21 cordes. Il exerce également ses talents de compositeur en écrivant des musiques pour des chœurs et des ballets. Enfin, il enregistre avec le Rail Band, une longue épopée dans la plus pure tradition des griots, « L’Exil de Soundiata, le fondateur de l’Empire mandingue ». En 1977, il entreprend à titre personnel une tournée des grands sites historiques de l’empire au cours de laquelle il rencontre de nombreux maîtres de la tradition afin de parfaire son rôle de griot. En dépit des variations modernes qu’il impose à la tradition musicale, Mory Kanté ne mettra jamais de côté son hérédité familiale.

En 1978, Mory est installé à Abidjan en Côte d’Ivoire, ville musicalement très active et où les moyens de travailler et d’enregistrer sont surtout plus nombreux. Le musicien s’éloigne alors du Rail Band, et s’entoure d’un nouvel ensemble de musiciens, dont Djeli Moussa Diawara, son demi frère maternel. Désormais, la kora est au centre de son travail. De plus en plus, il songe à renouveler la musique traditionnelle en y insufflant des sons et des rythmes occidentaux. Le groupe est engagé par un des plus grands restaurants de la ville qui recherche une façon un peu originale d’animer ses soirées. L’occasion est excellente pour que Mory Kanté se lance dans des mélanges musicaux encore inédits. Aux airs traditionnels, il donne un habillage rock ou funk, et de la même façon, il revisite les standards noirs-américains à la kora, au djembé ou au bolon. Les bases d’un nouveau style sont jetées. Le succès est immédiat, même si cette modernisation de la musique traditionnelle n’est pas toujours appréciée par son entourage et par les puristes. Il n’est pas rare de le voir surnommer « l’enfant terrible » dans la presse de l’époque.

C’est à Los Angeles, sur le label du noir américain Gérard Chess, Ebony, que Mory Kanté enregistre son premier disque en 1981, Courougnègnè. L’artiste affine ses heureux mélanges entre tradition et modernité, entre instruments traditionnels et électriques. Déjà très connu en Afrique de l’Ouest, Mory devient une star sur tout le continent. Le pont musical qu’il créé entre l’Afrique et l’occident est en général bien accueilli. Dans la foulée de ce succès, il monte un grand ballet pour le centre culturel français d’Abidjan. Sur scène, la formation regroupe 75 artistes : une chorale, des musiciens et des danseurs. Durant les années qui suivent, Mory se produit régulièrement avec un orchestre de presque 20 personnes. Mais, c’est en Europe que le Guinéen souhaite venir travailler.

Albums

  • 1981 : Courougnegre
  • 1982 : N’Diarabi
  • 1984 : A Paris
  • 1985 : 10 Kola Nuts
  • 1987 : Akwaba Beach
  • 1990 : Touma
  • 1994 : Nongo Village
  • 1996 : Tatebola
  • 2001 : Tamala – Le Voyageur
  • 2002 : Best Of
  • 2004 : Sabou
  • 2012 : La Guinéenne

Singles

  • 1988 : Yéké yéké
  • 1988 : Tama
  • 1996 : Yéké yéké (remix)

 

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