Côte d’ivoireInside

L’artiste Antoinette Konan raconte l’histoire derrière son instrument de musique

Artiste chanteuse et instrumentaliste ivoirienne, Antoinette Konan fait ses premiers pas dans la musique à 16 ans auprès de grandes figures de la musique telles que Manu Dibango et Boncana Maïga. Cependant, c’est en 1981, après son passage dans l’émission de concours d’artistes en herbe « Première Chance », qu’elle sera révélée au grand public. Prête à conquérir le marché musical, elle part chercher l’inspiration auprès des siens au village et reviendra avec « l’ahoko » qui va symboliser toute sa carrière. Sa maitrise de l’ahoco, dont elle est la promotrice indiscutable a donné à la presse ivoirienne l’occasion de la surnommer, la « Reine de l’ahoco ». Entre l’artiste et cette baguette taillée en vrilles, c’est une histoire d’amour qui dure depuis plusieurs décennies. Dans une interview accordée à Brut, elle raconte l’histoire derrière son instrument de musique.

« L’ahoko » est un instrument akan qui vient du centre de la Cote d’Ivoire. Il était en voie de disparition. Il se compose de trois accessoires qui sont : la caisse de résonance, (c’est tout petit mais c’est la caisse de résonance), d’une tige taillée en spirale, (il y a des dents là-dessus, les stries là-dessus) et puis d’une calebasse (une petite calebasse trouée aux deux extrémités). Alors, ça se passe comme ça. Vous enfilez la calebasse ça produit un son. Et quand vous appliquez la caisse de résonnance, le son se gonfle, voilà… »

Antoinette Konan dit ne pas connaitre l’auteur de cet instrument, mais comme l’a précisé, il était en voie de disparition et c’est après qu’elle a fait la rencontre d’un monsieur qui s’appelle Koko Amédée Tano, qu’elle a réveillé l’ahoco. « Il m’a dit : ‘’mais quand tu vas à l’école, qu’est-ce que tu apprends là-bas ?’’ Je dis : mais quand je vais à l’école, j’apprends les instruments de musique occidentaux, C’est-à-dire la musique classique.’’ Il dit mais qu’est-ce que tu veux faire de la musique classique ? Tu es appelé à valoriser la musique africaine.’ ‘’J’ai dit : pour le moment, c’est une grande question, je n’en ai pas la réponse.’’ Alors il m’a dit, euh écoute, moi je vais te conduire quelque part, la où justement il y a une femme d’un certain âge qui joue de cet instrument et elle va t’apprendre à jouer de l’ahoco.

Et donc j’arrive là-bas, on fait un ‘petit geste’ (à boire, du vin, pas mal de choses) pour les ancêtres dit-on., et puis c’est parti. Elle a commencé à chanter, à jouer. Moi j’ai regardé, j’étais vraiment admirative. Parce que je n’avais jamais vu et donc, on me dit de jouer et je dis mais ce n’est pas sûr que je puisse en jouer parce qu’il faut que je m’habitue au son, il faut que je m’habitue à la manière dont elle tient l’instrument et que j’apprenne. Ensuite je pourrai certainement en jouer.

Et c’est comme ça que c’est parti. Elle a joué ce jour-là, elle a chanté, il y avait des femmes qui étaient venues la soutenir pour faire les chœurs et puis bon, une première fois je suis partie. Mais il a fallu que je me trouve un instrument comme ça. A l’époque, ça n’existait pas du tout. Celui avec lequel la femme jouait, la calebasse était broyée. On l’a pratiquement suppliée pour qu’elle nous cède son instrument et que je puisse apprendre à jouer là-dessus. Bon, elle a grogné un peu, mais bon, elle a cédé et j’ai dû me débrouiller avec la calebasse broyée.

Mais chose étrange, quand ma mère a vu l’instrument dans mes mains, elle a dit : ‘’tu fais quoi avec ça ?’’ Je dis ‘’mais j’apprends à l’école.’’ Elle m’a dit : ‘joue, que je vois’. J’ai commencé à jouer, mais ce n’était pas comme elle jouait parce qu’elle m’a dit : ‘donne-moi que je joue, tu vas voir.’ finalement c’est ce que ma mère a joué que j’ai pu enregistrer. Je suis venue en cité avec, je mettais le jeu de l’instrument de ma mère. J’écoutais, puisque moi, j’ai fait une école de musique, j’essayais d’écrire les notes. J’essayais de décortiquer cette musique-là, comprendre le maximum de choses que je pouvais en apprendre.

Donc voici pratiquement l’histoire et c’est comme ça, au fur et à mesure, je m’enfermais pour jouer et quand j’ai commencé à donner des cours, moi-même, j’ai ajouté autre chose  en écrivant et je pense que ça simplifie les choses pour mes étudiants.

C’est depuis 1981 qu’Antoinette joue à l’ahoco donc le nom scientifique est l’idiophone à raclement. On note qu’en plus d’être incontournable sur l’échiquier musical ivoirien, Antoinette Konan est aussi professeur de musique et de français à l’INSAAC.

Commentaires

0 commentaires

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux:

📸 INSTAGRAM: https://instagram.com/culturebeneofficiel
🌐 FACEBOOK: https://www.facebook.com/culturebene
🐤 TWITTER: https://twitter.com/culturebene
📩 EMAIL: culturebene@declikgroup.com
Afficher plus

Danielle NGONO

Rédactrice chez Declik Group

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Bouton retour en haut de la page