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Sens et puissance du collectif « PERDONS PAS LE NORD », contre le BOKO HARAM

Après le dernier appel d’Hervé Nzouabet à rejoindre le collectif « PERDONS PAS LE NORD », plusieurs se sont alors posé l’évidente question sur le sens et la quintessence d’une telle initiative. Mais sans toutefois décrier ceux-ci, nous félicitons déjà la petite minorité qui n’a pas attendu une exégèse du concept pour saisir sa substantifique moelle. En réalité, ceux-ci ont compris que l’expression ainsi conceptualisée et contextualisée, devrait s’entendre et s’étendre de plusieurs façons :

Pour comprendre le concept « PERDONS PAS LE NORD », il est nécessaire de se référer à sa signification originelle. Ne pas perdre le Nord, pour les voiliers moyenâgeux, c’était le fait de toujours garder à l’esprit la direction de l’aiguille sur la boussole, désignant avec sa pointe la direction du nord magnétique. Même comme les plus grands explorateurs et les plus grands voiliers et aventuriers à cette période furent des occidentaux, il ne faudrait pas perdre de vue, que la boussole n’est point une invention des savants grecs, ni celle des pharaons d’Egypte, mais une découverte de l’empire du milieu et du milliard, la grande Chine. Avec donc cette boussole, et la force du vent aidant, les voiliers pouvaient ainsi aller partout dans la mesure du possible, tout en sachant là où ils viennent et là où ils partent. Mais une fois qu’ils avaient, en pleine mer, perdus leur boussole par mégarde ou par la force des choses, ils ne pouvaient plus s’orienter du tout, ils étaient -comme on dit chez nous- « au carrefour ». ou, pour faire usage de l’expression consacrée, ils avaient : perdu le nord. Et faisaient ainsi de la navigation à vue.

Selon plusieurs dictionnaires spécialisés, c’est à partir de là, mais deux à trois siècles plus tard, que cette expression a pris son acception actuelle. Ainsi, quand on dit de quelqu’un qu’il a perdu le nord, c’est quand celui-ci n’a plus une suite logique dans ses idées, quand il ne pense plus avec clarté, quand il ne sait plus où il en est véritablement. Comme monsieur Charlus, personnage de Proust, qui perdait ce qu’on appelait désormais « le nord », et « ne se rendait plus compte de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas ». Quand quelqu’un dit donc qu’il ne perd pas le nord, c’est afin d’affirmer sa bonne santé spirituelle, rationnelle et émotionnelle. C’est quand il a conscience d’avoir la pleine mesure de ses actes, qu’il soumet d’abord et toujours à l’industrie de la raison. Ne pas perdre le nord, c’est aussi savoir ce que l’on veut et le vouloir véritablement, c’est rester fixé sur ses objectifs, sans toutefois laisser quelqu’un ni quelque chose nous en détourner.

Selon un mouvement survenu chez les québécois ces derniers mois, ne pas perdre le nord, était un appel citoyen à adopter les comportements dits « verts », donc écologiques, afin de conserver toujours plus « bio », la partie nord de la région. C’était un appel humain, aux hommes, afin de mettre tous les moyens en œuvre afin de contrôler l’évolution de cette zone du Nord, pour qu’elle ne devienne hors de contrôle et ne redevienne sauvage et pétulante. Ici pour ne pas perdre le Nord, il faut coopérer avec la nature, l’aimer, la protéger. La maxime restant toujours vraie ; celle qui stipule que : on commande à la nature en lui obéissant.

Dans son acception philosophique, perdre le Nord ce serait perdre le sens des valeurs cardinales que le platonicien regroupe dans le Bien, le Vrai, et le Beau. Le Nord axiologique en philosophie est le Nord des valeurs morales, le Nord du respect de l’humain et de l’humanité, le Nord de l’amour du prochain, du pardon, de la dignité, de la solidarité et de toutes les valeurs semblables.

 

Pour revenir enfin pour le cas de figure qui nous concerne,  ne pas perdre le Nord, c’est tout ceci et plus encore. C’est s’engager dans une lutte sans merci, que dis-je, une guerre, contre les belligérants appartenant à la secte islamiste du Boko Haram. Elle qui ne sévissait qu’au Nigéria voisin, a eu les velléités d’étendre ses ambitions extrémistes au Nord du Cameroun. Avec l’intention meurtrière de créer un Etat reposant sur la charia, donc sur une violation quotidienne des droits de l’Homme. Et ce n’est plus un secret de dire que le Boko Haram a les moyens de sa politique, et met ses moyens en jeu, en jouant au cache-cache et au jean où es-tu ? ce minuscule groupuscule sans figures, donc difficile à attaquer, parce que non identifié, crée la confusion dans l’esprit de la nation camerounaise. Si bien qu’il se dit que plusieurs nationaux se cacheraient derrière le voile du Boko Haram pour « obtenir par la voie de la guerre, ce qu’ils n’ont pas pu obtenir par la voie des urnes ». Mais entre-temps, la secte frappe et elle frappe assez fort. Et les balles tombent, les pauvres âmes avec.

En observant le logo de ce collectif, l’observateur attentif se pose la question de savoir pourquoi la partie Nord est détachée de la partie Sud du Cameroun ? Notre intention n’était pas de présenter le Nord ainsi détaché de la partie Sud comme si on l’avait déjà perdu ! C’est une manière esthétique de choquer, et de pousser l’inconscient collectif à intérioriser le fait qu’il serait possible qu’on perde véritablement le Nord si on ne s’investi pas à le conserver par « tous les moyens nécessaires ». C’est aussi une manière pour nous de présenter le Nord isolément, comme si il était seul dans son combat, qui en réalité est un combat national. Car si nous perdons le Nord, le Sud disparaitra par le même coup. C’est encore une façon de présenter de manière géographique la partie du Cameroun qui nous intéresse, à savoir le Nord. Comme on aurait parlé et présenté toute autre partie du pays. Comme par exemple quand on veut parler du Cameroun, on le présente géographiquement hors de l’Afrique centrale, de l’Afrique et même du monde. Pareille quand on veut présenter l’Afrique, on la sépare des autres continents du globe. « Perdons pas le Nord », est donc à nos yeux une heureuse formule, dans la mesure où elle prouve que nous avons encore le Nord en notre possession, et qu’il n’y a aucune raison qu’il soit perdu.

 

Face à cet imbroglio, que devons-nous faire ? croiser les doigts et se retourner les pouces en attendant qu’on vienne nous déloger de notre propre pays ? rester dans sa chambre climatisée à écrire les motions de soutien au Chef de l’Etat ? est-ce que c’est s’auto flageller en tirant à boulets rouges sur le régime en place ? est-ce que c’est se retirer en se résignant parce qu’on se dirait que c’est l’affaire des autres ? Non ! ce serait manquer la cible, ce serait en quelque sorte perdre le Nord. Ou alors, est ce qu’il faudrait mener des actions citoyennes en soutien aux forces de l’ordre et aux souffrantes populations dans cette partie Nord du pays ? est-ce que ce serait fédérer les énergies afin de trouver « une solution commune à un problème commun » ? Oui, je pense que voilà notre devoir, nous pouvons le faire, nous devons le faire.

 

Sur tout le territoire national, commençant par son point focal à Yaoundé, le collectif PERDONS PAS LE NORD, avec le soutien de toutes les forces vives du pays, qu’elles soient du pouvoir, de l’opposition, de la société civile, du Nord ou du sud, de l’Est ou de l’Ouest, de n’importe qu’elle obédience, ce collectif compte apporter sa pierre à l’édifice national, même s’il n’a que la taille d’un caillou. Il compte apporter sa fleur au « bouquet national » qui se construit, même si elle n’a que la taille d’un pétale. C’est ainsi qu’une série de sensibilisation (à travers les communiqués, les affiches, et les flyers), sera effectuée dans les écoles, les églises, les moquées, les lieux publics. Des marches citoyennes, des concerts publics seront organisés de Yaoundé, à l’Ouest, en passant par le Sud, l’Est, le Littoral, jusqu’au grand Nord. Comme cela a été le cas avec les Lions en 94 avec le « COUP DE CŒUR », nous comptons aussi célébrer les 20 ans de cet élan de cœur, cette fois ci pour soutenir d’autres forces qui combattent pour une cause aussi glorieuse que la défense de la nation. D’autres actions sociales, dont nous préférons taire ici, seront mises à jour au fil des soutiens multiformes. NOUS VAINCRONS !

 

Félix TATLA MBETBO

Co-coordonnateur du Collectif « PERDONS PAS LE NORD »

perdonspaslenord@gmail.com

www.facebook.com/Perdons Pas le Nord.

 

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