Faits diversInside

L’Ouganda veut instaurer la peine de mort pour les homosexuels

"Si la loi passe, l’Ouganda va vers le génocide" de sa population homosexuelle, s’insurge Usaam. Harcelé et menacé dans un pays qui a déclaré la guerre aux LGBT (Lesbiennes, Gays, Bis, Trans), ce réfugié de 27 ans est en France depuis juin 2010. 

Après de longues démarches, il a obtenu l’asile il y a seulement trois mois. Pour obtenir ce sésame, "tu dois prouver que tu es homosexuel, tu dois prouver que tu as été menacé dans ton pays", explique-t-il. Pour ceux qui ont subi des violences, mais ne sont pas militants, c’est plus difficile, car les preuves manquent.

Quand la police vient nous arrêter, elle appelle les médias

Activiste en Ouganda, Usaam a été emprisonné à de nombreuses reprises, avant de décider de partir. "Quand la police vient nous arrêter, elle appelle les médias", qui accourent. Chaque arrestation provoque un véritable tapage médiatique, durant lequel les gays sont exhibés comme des criminels. L’Ouganda est l’un des pays qui persécutent le plus les minorités sexuelles dans le monde.

En 2010, le tabloïd local Rolling Stone rend public une liste de 100 personnes soupçonnées d’être gay, avec ce sur-titre: "Pendez-les!". L’année suivante, l’assassinat du militant homosexuel David Kato, avait eu un écho planétaire. Barack Obama avait salué le "courage" dans son "combat contre la haine".

Peine de mort, prison, intimidations

Aujourd’hui, la présidente du Parlement ougandais, Rebecca Kadaga, veut faire adopter une nouvelle loi répressive envers les homos, qui représentent selon elle une "sérieuse menace" pour les "enfants ougandais". Elle leur offre -ce sont ses mots- "un cadeau de noël", le vote étant prévu au Parlement avant la fin de l’année.La proposition de loi, très populaire, fait des aller-retours au Parlement depuis 2009. Elle prévoit la peine de mort pour quiconque est déclaré coupable "d’actes homosexuels en récidive" ou pour les gays séropositifs. 

La loi encourage également à la délation tout parent, enseignant, ou membre l’entourage des homos. Ceux qui refuseraient de dénoncer aux autorités un proche homosexuel, s’exposent à une peine de trois ans de prison. Sept ans, pour ceux qui leur offriraient un hébergement.

Discuter en public d’homosexualité, est passible de sept ans de prison

En outre, discuter en public d’homosexualité, un thème tabou en Ouganda, est passible de sept ans de prison. Un ajout qui vise particulièrement les d’associations LGBT et de prévention du SIDA, accusées de "promouvoir l’homosexualité".

L’occident menace de couper les aides au développement

En réaction à cette politique, le Royaume-Uni et la Suède menacent de faire cesser les aides au développement aux pays africains qui réprimeraient la population LGBT. Une mesure de pression contre-productive, préviennent les associations. En effet, mettre en balance le respect des minorités sexuelles et l’aide humanitaire ne fait qu’accentuer la réprobation contre les gays.

Mais pour Usaam, il n’y a plus grand chose à perdre: "Nous avons besoin de beaucoup plus de pression de la part de la communauté internationale", malgré les dangers pour la communauté homo africaine. 

En France, Usaam appartient à un collectif qui accueille et oriente ceux qui, comme lui, ont fui les violences. Ils étaient une vingtaine à manifester, jeudi à Paris, contre le projet de loi ougandais. Sur la Place du Trocadéro, le groupe s’allonge au sol, en silence. Appelé "Die-In", cette action symbolise habituellement, pour les associations LGBT, les victimes du Sida. Jeudi, c’est en hommage aux gays tués ou menacés de mort en Ouganda qu’elle a eu lieu.

"Il y a 90% de chance que la loi passe, et ce d’une semaine à l’autre", pressent les militants. D’autant qu’elle est appuyée par des lobbies conservateurs américains, "qui exportent idéologies et financements".

La position très attendue du président Museveni

Le président Yoweri Museveni s’est pourtant défendu de toute homophobie lors d’une interview récente, par la BBC: "Je ne soutiens pas la persécution des homosexuels" Celui qui expliquait, il y a quelques années encore, qu’il n’y avait pas d’homos en Ouganda, est devenu précautionneux devant les médias occidentaux.

A présent, Museveni est le dernier recours pour empêcher la loi de voir le jour. Le texte doit être ratifié de sa main pour pouvoir entrer en vigueur. S’il y renonce, afin de faire bonne figure à l’étranger, il y a une chance pour cette forme de violence d’Etat ne voit pas le jour. 

Commentaires

0 commentaires

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux:

📸 INSTAGRAM: https://instagram.com/culturebeneofficiel
🌐 FACEBOOK: https://www.facebook.com/culturebene
🐤 TWITTER: https://twitter.com/culturebene
📩 EMAIL: culturebene@declikgroup.com
Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Bouton retour en haut de la page