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Condamné deux fois à mort pour un même fait, Mboma n’en revient pas.

«Je me sens mal à l’aise ici à la prison de Bafoussam. Les conditions de détention sont insupportables. Nous sommes en surpopulation. On n’a pas accès à l’information. C’est vraiment fermé. Depuis 2006 que j’ai quitté la prison de Mantoum pour ici dans le cadre d’une évacuation sanitaire, les choses ne sont, pas aisées. Les rares prisonniers disposant des appareils passent leur temps’ à jouer de la musique et à regarder les films. Rien n’est collectivement organisé pour faciliter notre accès aux informations. Je supporte mal cet environnement». 47 ans révolus et doublement condamné à mort par le tribunal militaire de Douala pour vol avec port d’arme, il est révolté par son séjour à la prison centrale de Bafoussam.

Ce sentiment de déception est d’autant prononcé qu’à la suite de l’arrestation de son complice, un certain Daniel Bissong, très connu dans les milieux carcéraux camerounais, une autre sentence est prononcée contre lui et ce dernier. Ce qui complique ses démarches en vue de la transformation de sa peine de mort en condamnation à vie à la faveur d’un décret présidentiel de 2004 lui octroyant ce droit. «Je me suis rendu au greffe de la prison, on m’a informé que la décision de ma condamnation et mort ne rentrait pas dans le cadre de la grâce présidentielle de 2004. Il m’a été brandi plutôt une autre décision. Je n’ai jamais su qu’il y avait une autre procédure contre moi au niveau du Tribunal militaire pour les mêmes faits. Puisque mon complice, Daniel Bissong, a été arrêté après moi, une autre procédure a été reprise. Tout a été repris à zéro- alors que j’étais déjà en prison», se plaint-il. Reste qu’il ne désespère pas totalement. Et croit que des voies de recours existent pour sa réhabilitation sociale. Dans un premier temps, cette condamnation à mort m’a démoralisé. Je prie beaucoup. Je ne suis pas convaincu que mon sort est scellé. Je crois qu’il peut avoir une éventuelle décision qui peut venir me permettre de me réintégrer en société», espère-t-il. Une démarche qui rejoint, en matière de possibilité de réinsertion sociale des condamnés à mort, la position de Ntiechu Mama, membre de Ridev, (Research institute for development en anglais), une organisation de défense des droits de l’Homme basée à Bafoussam.

Commerçant dans l’âme

Marcel Mboma poursuit du reste sa profession de commercial-vendeur en prison.

«Avant d’être condamné, j’étais agent commercial à Douala. Je prospectais pour la vente des voitures. Je marchais beaucoup. J’ai voyagé plusieurs fois en avion pour l’étranger. Cela m’a permis de cumuler une expérience des hommes et des choses de la vie. J’ai gardé mes capacités d’entrepreneur. Ici en prison, je suis à la tête d’un atelier de vannerie. J’emploie de nombreux jeunes détenus ou condamnés comme vanniers. Nous vendons les produits de notre labeur. Tout le monde y trouve son compte», affirme-t-il.

Lucien Chouna salue cette capacité d’initiative de son codétenu. «Ce grand frère, nous a beaucoup enseigné par son sens des affaires», soutient ce dernier. Ne recevant pas régulièrement les visites des membres de sa famille, notamment celle de son unique fille âgée de 26 ans, Marcel Mboma compte sur les fruits de ses ventes pour joindre les deux bouts. Cet isolement ne constitue nullement pour le condamné à mort une source de haine et rancœur. «Quelques fois, je reçois des colis de mes proches. Ce n’est pas régulier. Mais ces gestes me remontent le moral. Ici, j’ai trouvé des gens de bonne foi. Ils me rendent service sans attendre des frais de commission », sou¬ligne-t-il. Cet élan de vie sociale dans l’harmonie renforce la conviction de Marcel Mboma à voir, nonobstant ses 47 ans, sa peine de mort se fondre de commutation en commutation au point d’aboutir à sa libération définitive…

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