CinémaInterview

« Grâce au cinéma on peut guérir les blessures du terrorisme à l’Extrême Nord » Zouyane Esther, promotrice du FISF

En septembre aura lieu la première édition du festival international sahélien du film.  Quels sont les raisons qui ont motivé l’organisation de ce festival ?

L’organisation de ce festival rentre dans les prérogatives de l’association qui étaient de promouvoir les talents artistiques  et techniques de ses membres en leur  offrant une plateforme d’expression. Le constat réel est que le sahel camerounais a des potentialités dignes d’être exploité et  exporté mais il manque des évènements culturelles d’envergures qui puissent rassembler et divertir ses populations mais également qui attirer les touristes à venir découvrir cette partie du septentrion car le développement passe aussi par l’art.

Quels sont les objectifs visés à travers ce festival ?

Ce festival vise d’abord la promotion de la paix et la cohésion sociale, la valorisation des productions artistiques créatives pour améliorer l’impact dans le développement socio-économique des populations et  La promotion des valeurs morales et éthiques à travers le tourisme culturel par le biais de l’évènement. Et je lance un appel aux sponsors, aux mécènes aux personnes de bonne volonté et aux amoureux de la culture à accompagner le festival car il va du rayonnement de notre belle cité et partant du Cameroun.

Quelles sont les œuvres qui seront diffusées durant le festival et quel sont les critères qui ont conduit à leur sélection ?

Les œuvres qui seront diffusées durant le FISFI sont des longs, courts métrages et des documentaires, ce sont  des œuvres de sensibilisation et d‘éducation. Des films qui font l’état des lieux sur l’environnement, la santé, la cohabitation entre les peuples et le renouement avec nos traditions. Au départ nous avons fixé des critères tels que les films doivent avoir été produits après le 1er janvier 2014 et qui respectent le thème de cette première édition qui est : « peace by screen ». Pour ce qui est des critères de sélection, le jury est à pied d’œuvre et très bientôt le résultat sera connu. Déjà je peux annoncer que le jury de sélection a classe ces films en deux catégories: les films professionnels et les films amateurs (les films locaux non professionnels) qui sont à encourager.

Quel est le public cible du festival ?

Tout le monde est le public cible. Tout le monde est concerné par la recherche de la paix et tout le monde doit contribuer à la promotion de celle-ci. Premièrement, les autorités administratives  garants de la liberté des biens et des personnes, ceux-ci font le relais de l’effort gouvernemental pour la stabilité et la remise en confiance. Deuxièmement, les autorités religieuses et traditionnelles car elles sont en contact permanant avec la population et sont mieux lotis dans la promotion de la paix, de la tolérance et le vivre ensemble. Troisièmement les hommes de culture et les artistes car ils sont des mécènes tant au niveau administratif, religieux que traditionnel. Et ils utilisent soit le micro, le pinceau, la plume, bref allient l’imaginaire au réel pour créer un monde vrai et juste. Quatrièmement les éducateurs et les apprenants : les premiers, de par leur talents transmettent  des valeurs positives dans la promotion de la paix, de la non- violence et du vivre ensemble. Enfin, la population elle-même car c’est la couche de toutes les catégories et la plus vulnérable, elle est exposée à toute sorte de tentations, elle est la victime même de ces conflits. Ne possédant ni arme, ni moyens de riposte, elle fuit ses terres d’origine pour la recherche d’un monde meilleur.

Quel est le programme du festival pour cette première édition et quelles sont les activités prévues?

Le programme définitif sera  connu dans les prochains jours. Sinon au programme nous aurons en tête d’affiche un film de Jean Pierre BEKOLO, réalisateurs de classique cinématographique tel que Quartier Mozart. Les activités prévues sont variées pour cette première édition. Outre la diffusion des films nous aurons des ateliers de formation d’écriture de scénarios, un concours d’écriture de documentaire, des formations dans divers domaines de la technique dans le septième art. Un appel à bénévoles est lancé dans ce sens. Il est également prévu des ateliers et des expositions des tableaux d’art, des expositions ventes objets d’art, un concert de musique, et prestations humoristique ; des conférences, des ateliers d’échanges professionnels, divers jeux d’attraction etc.

Le cinéma peut-il aider à panser les blessures infligées  aux populations par le terrorisme et permettre la reconstruction d’une nouvelle Extrême-nord ?

Oui et grandement même d’ailleurs. Le festival international sahélien du film vise principalement la remise en confiance des populations face au traumatisme dont elles ont fait face. Elles vivront des moments festifs en assistant aux différentes activités programmées, ce qui mettra du sourire aux lèvres des personnes directement ou indirectement victimes du terrorisme.

Quel est aujourd’hui l’état de santé du 7e art dans le grand-nord ? Doit-on s’alarmer ou alors doit-on espérer ?

C’est clair que le septième art dans le grand-nord va mal. Très mal d’ailleurs, et pourtant nous ne sommes pas le maillon faible comme aimait si bien le dire feu Saliou Halirou Kouakou. Il manque d’engagement, de volonté d’assister et  d’encourager et d’accompagner les artistes locaux. On donne plus de la valeur à ce qui vient d’ailleurs. Et pourtant Il y a des acteurs, des  réalisateurs qui veulent bien s’exprimer mais par manque de structure d’encadrement, par manque de moyens d’encadrement les génies sont alors tués. En Europe il y a des structures telles que les collectivités territoriales décentralisées qui accompagnent les festivals mais pas ici chez nous. Ici au Cameroun le président de la république a recommandé aux maires de s’impliquer dans les activités artistiques mais c’est une désolation totale. Lorsque les sponsors qui s’engagent à accompagner un festival ou une programmation culturelle par exemple, ces sommes sont immédiatement déduites dans le paiement fiscal de ces sociétés. Mais celles-ci ne sont pas réceptives et traites plutôt les artistes de mendiants. On doit nécessairement s’alarmer face à cette situation et au vue des raisons ci-haut énumérées. Toutefois, on dit communément que l’espoir fait vivre. L’engagement des artistes à persévérer pourrait déboucher sur quelque chose et permettre au 7eme art de décoller dans le grand nord.

Entretien mené par Ebah Essongue Shabba

Commentaires

0 commentaires

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux:

📸 INSTAGRAM: https://instagram.com/culturebeneofficiel
🌐 FACEBOOK: https://www.facebook.com/culturebene
🐤 TWITTER: https://twitter.com/culturebene
📩 EMAIL: culturebene@declikgroup.com
Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Bouton retour en haut de la page