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Ramadan Suleman : « ce n’est pas la machine qui fait le film, c’est le talent… »

Bonjour Ramadan Suleman, merci de répondre à nos questions. Pour une grande nation du cinéma qu’était le Cameroun, nous nous retrouvons aujourd’hui sans salles de cinéma…, est-ce la même réalité en Afrique du Sud ?

Fort heureusement non ; vous savez, au Maroc aujourd’hui, à l’espace de quelques mois on assiste à l’ouverture de plus de salles de cinéma et c’est aussi le cas en Afrique du Sud. Il y a à peine 3 mois, une autre salle venait de naître en pleine Soweto, donc jusqu’ici nous avons de la chance. Un autre point important, c’est que nos autorités nous demandent de produire beaucoup de films ; je ne sais pas si c’est le cas au Cameroun, mais chez nous on nous demande d’en produire énormément pour maintenir la culture, car c’est un moyen de promotion indéniable.

On assiste aujourd’hui à une révolution technologique qui forcement amène les cinéastes à abandonner les bandes pour des appareils photos ultra sophistiqués ; comment à votre niveau, arrivez-vous à vous adapter à ce nouvel environnement ? Est-ce une bonne chose pour le cinéma, ces cameras numériques ?

Avant il fallait débourser je ne sais combien de millions de dollars pour faire un film, maintenant il y a une vague de jeunes cinéastes qui se sont mis à la camera numérique qui coûte beaucoup moins chère et qui font leur montage chez eux dans leur ordinateur, il y a un nouveau langage qui est entrain forcement de se créer et je pense que c’est tant mieux pour ces jeunes qui n’ont pas toujours les moyens et personnellement je dirais que c’est une grande chance pour l’Afrique, cette nouvelle technologie.

Que dire donc de ceux-là même qui trouvent que cette technologie dévalorise le cinéma…, ce sont en partie les anciens qui ont cet avis ?

Je dirai pour ma part que la technologie est venue démocratiser l’industrie du cinéma en Afrique. C’est plus l’élite, qui a de gros moyens, qui est tentée d’aller à Paris réaliser une grosse production. Pourtant un jeune peut même avec un téléphone portable, réaliser un film ; tenez par exemple en Tunisie, le 14 janvier 2011, il y a eu 50 films documentaires réalisés par des jeunes de la rue, alors qu’en 10 ans on n’avait produit que 20 films documentaires, mais en 6 mois, au cours de l’année 2011, les jeunes en ont produit 50.

Mais est-ce que la qualité y ait ?

Bien sûr la qualité y ait, mais après il y a aussi le talent, parce que si tu n’as pas de talent, même avec une super camera à la pointe de la technologie, tu ne pourras rien en faire. Ce qu’il faut retenir c’est que ce n’est pas la machine qui fait le bon film, mais c’est le talent.

Comment sont financées les productions de films en Afrique du Sud ?

Encore une fois nous avons de la chance ; il existe chez nous les CNC, donc c’est l’Etat qui donne de l’argent pour que l’on puisse faire du cinéma. En même temps je dirai qu’il ne faut pas avoir peur de la mauvaise qualité, car avec l’avènement de la nouvelle technologie, on assiste à une démocratisation de l’industrie du cinéma, ce qui fait que dans votre pays vous retrouvez les films venant de la Tunisie, du Maroc, de l’Afrique du Sud et c’est à base de cela que vous allez vous améliorer.

Une question reste en suspens, est-ce que les films d’Afrique Subsahariens sont aussi courus en Afrique du Nord ?

Très franchement je dirai non, on ne les voit que lors des festivals. Mais c’est au public de défendre le cinéma de son pays. Tenez par exemple au Cameroun, vous avez la chance de voir de grands réalisateurs du monde grâce aux Ecrans Noirs et les projections y sont gratuites, mais je n’ai pas vu de public…

A qui la faute Ramadan Suleman ?

Beh la faute au public, il faut qu’il se mobilise, il a un lieu de projection qui est libre et gratuit qu’est-ce qu’il veut de plus ? Je pense qu’il faut responsabiliser les citoyens et c’est votre travail à vous journalistes, de dire au public, si vous ne venez pas vers le cinéma et bien le cinéma vient vers vous et ne vous coûtera rien du tout. J’ajouterai aussi que la piraterie peut marcher pour nous à long terme, parce que si les films tunisiens, algériens ou marocains sont connus ici ce parce qu’ils ont été piratés.

Ramadan Suleman, nous arrivons au terme de notre entretien, alors un mot sur le cinéma nigérian ?

Comme je le disais tantôt, les films nigérians ont eu un processus de richesse à travers les films de mauvaise qualité. Et laissez-moi vous dire que les nigérians commencent à se fatiguer des mêmes choses dans leur cinéma et peu à peu, s’adonnent à la qualité puisque les moyens sont déjà là.

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