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Mbombog Matip : « Je demande à Paul Biya de créer un autre ministère pour les handicapés »

Emmanuel Mbombog Mbog Matip est le président de la ligue de défense des droits des personnes défavorisées est au plus mal ; ce dernier octroyait des dons à l’Orphelinat Marie Cécile Dzana d’Odza hier Lundi 19 Août, pris de tristesse après avoir été informé que la Directrice dudit établissement s’était faite expulsée de son ancienne résidence. L’homme est inconsolable.

Président Mbombog Matip bonjour.

Bonjour cher frère.

Une fois de plus vous vous rendez auprès de ces enfants démunis et orphelins en vue de leur apporter réconfort au travers d’une donation qui leur fera sans doute du bien.

Monsieur le journaliste, j’ai les larmes aux yeux parce que moi Mbombog Matip Emmanuel, invalide de mon état, si je n’ai rien mais parviens tout de même à apporter de quoi mettre sous la dent de ces enfants, que font donc nos élites qui roulent dans de grosses cylindrées qui coûtent des centaines de millions ? Voyez-vous, nous sommes très loin de la ville ; nous nous trouvons actuellement à Odza plus précisément à Minkan (Chefferie) après Borne 12, à l’Orphelinat Marie Cecile Dzana. Cet orphelinat a été délocalisé faute de moyens. Sa Directrice n’arrivait plus à payer le loyer où ils étaient, et le Ministère des affaires sociales ne daigne faire quelque chose pour cette pauvre femme.

Lors de votre propos introductif à cette cérémonie de remise de dons, vous évoquiez des orphelinats fantômes qui bénéficieraient d’un certain nombre d’avantages au détriment des vrais. Pouvons-nous revenir dessus ?

Je disais tantôt qu’ils sont nombreux, ceux-là qui ont créé des orphelinats ; sauf qu’ils l’on fait pour servir leurs propres intérêts et non pour venir au secours des démunis. Je vous assure qu’il y en a qui prennent des neveux et petits cousins dans leurs villages pour remplir des espaces quand une donation est annoncée. Après avoir reçu des dons, ils se les partagent, et les enfants rentrent tranquillement dans leurs maisons respectives. J’ai fait le tour des orphelinats de la ville donc je sais de quoi je parle. J’ai même fait la visite d’un autre orphelinat qui de temps en temps bénéficie des dons, mais après enquête, je me suis rendu compte que les enfants y mangent des biscuits le matin, à midi, et en soirée ils se battent avec du riz sans sauce. Voilà donc des établissements qui, si madame la ministre Bakang Mbok faisait son travail, seraient purement et simplement fermés. Elle devrait faire le tour de ces établissements fictifs qui s’enrichissent illicitement.

Comment  Mbombok Matip parvient-il à réunir le nécessaire pour venir au secours aux déshérités ?

Justement c’est très simple, je prends des initiatives. Vous-même pouvez faire pareil si ce n’est plus. Je lance un appel et les âmes de bonne volonté se manifestent à partir de mon périmètre de résidence. Chacun donne ne serait-ce qu’un paquet de bonbons ; c’est déjà ça car ces pauvres petits n’ont rien. Mais quand je dis chacun donne ce qu’il peut, il y en a qui abusent quand-même. Tout récemment, quand j’ai lancé l’appel pour cette petite descente, demandant des vêtements pour les orphelins, il y a un monsieur qui a garé une grosse voiture et m’a remis un carton. Plus tard dans ce carton on a découvert des vieux habits, des chaussures moisies et même des asticots. C’est vraiment malheureux, car beaucoup estiment que comme ces enfants sont des orphelins, alors ils ne méritent que ce qui est bon à jeter. Comment serrer le cœur devant de telles situations, dites-moi monsieur ? N’avons-nous plus de cœur ? Ces enfants n’ont pas choisi leur sort, soyons-en conscients je vous en prie. Être enfant démuni ne veut pas dire qu’on a raté sa vie ; moi je suis orphelin et invalide depuis ma tendre enfance, mais je vis et je me bats comme n’importe qui.

Un mot à l’endroit de l’opinion ? Peut-être aussi des autorités qui certainement vous liront ?

Je ne suis presque plus sûr qu’une autorité « camerounaise » puisse encore me soutenir un jour, parce que j’ai mis en place mon association pour la défense et la protection des droits des déshérités et démunis depuis plusieurs années aujourd’hui, et aucune autorité n’a daigné accorder de l’attention à mon combat. Je ne suis non plus sûr qu’au Cameroun, une autorité puisse prendre de son « précieux » temps pour se rendre dans un orphelinat voir comment des enfants souffrent car il faut avoir souffert dans la vie comme moi pour comprendre certaines situations. Ils préfèrent de loin respirer l’air frais des climatiseurs de leurs bureaux et voitures que d’humer les mauvaises odeurs de ces établissements laissés à la merci de l’insalubrité. Alors je m’adresserais plutôt aux âmes de bonne volonté qui voudraient bien se manifester. Chacun de nous a son rôle à jouer dans cette terre, et on a le devoir de soutenir ceux qui n’en n’ont pas si on a le minimum. Je sais qu’il y en a qui ne savent pas juste où donner, comme il y en a qui ne savent pas qu’il faut donner. Ils sont libres de passer par moi ou par quelqu’un d’autre, mais je leur conseillerais de regarder à la télé ou de se renseigner afin de se rendre eux-mêmes dans ces endroits et de faire une bonne action qui certainement leur sera salutaire un jour ou l’autre. Il y a des orphelinats où vous trouverez des enfants dormir à même le sol ; pourtant, la première dame Mme Chantal Biya a créé des structures qui œuvrent dans l’humanitaire en l’occurrence les Synergies Africaines avec à la tête un certain Jean Stéphane Biatcha qui passe son temps à imprimer l’image de la première dame sur des T-Shirts et à ameuter la presse, ou bien organiser des dédicaces, bref, je ne sais pas si c’est cela venir en aide aux défavorisés ou prendre en charge les victimes du SIDA…  Je citerai aussi Mme A. Bidoung qui n’est autre que la femme de Bidoung Kpwat et bien d’autres encore ; ce qui me désole c’est que si vous n’êtes pas fils de riches vous ne sauriez faire partie des structures à l’instar de la Fondation Chantal Biya. Or c’est des endroits censés abriter des défavorisés, et qui mieux qu’un défavorisé peut comprendre leurs problèmes ? Celui qui est né avec une cuillère en or à la bouche connait quoi de la faim, des moustiques, des souris ou des cafards ? Alors j’interpelle une fois de plus Mme Catherine Bakang Mbok, qu’elle fasse le travail à lui donné par le Chef de l’Etat. Vous n’allez tout de même pas me dire qu’on ait un service social juché sur des étages et qu’il n’y ait pas des issues pour handicapés moteurs ! De grâce, je demande à Paul Biya de créer un autre ministère pour les handicapés et défavorisés, et qu’il laisse Catherine Bakang Mbok dans son ministère des affaires sociales.

Mbombok Mbog Matip Emmanuel, vous pouvez peut-être laisser vos coordonnées pour des âmes de bonne volonté qui voudraient bien se manifester ?

Heureusement, des âmes de bonne volonté, il y en a encore. Mon contact, tout le monde le connait, même les bandits et ceux-là qui viennent m’agresser la nuit. Pareil pour ceux qui m’appellent pour me dire : « Viens chercher un sac de riz », alors qu’ils ferment leur téléphone une fois que je m’emmène. Même les gens qu’on monte pour me faire du mal, qui m’appellent et qui ont leur couteau entre les mains, prêts à m’égorger. Tenez quand-même, on ne sait jamais : +237 96 91 41 47.

 

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2 commentaires

  1. Je suis Migguinawa Hamann,président fondateur de la jeune Association Citoyenne pour le Développement du Cameroun.
    Dans quelques jours,nous irons à Maroua assister deux orphelinats avec des dons des fournitures scolaires et des denrées de 1ère nécessité à l,occasion de la rentrée scolaire comme nous l,avions fait l,an précédent à Douala à l,Orphelinat Saint Arnille Handicap Center de Ndobo Bonabéri.
    Nous le faisons dans le cadre de notre volet  » Protection et Défense des droits de l,Homme.

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